Le vent m’énerve

Ca soufflait fort mardi, les volets grinçaient de mécontentement, les arbres ployaient sous les bourrasques, le raffut dans les bouches d’aération de l’appartement donnait l’impression d’être en mer, à bord d’un rafiot bravant la tempête pour rallier le port.

Moi le vent ça m’énerve, comme beaucoup d’autres choses remarquez, mais aujourd’hui nous nous cantonnerons à ce point. Quand je reste chez moi ça va, mais si je sors, assez rapidement je suis agacé par les coups de vents. Bien entendu il y a les inconvénients inhérents, les poussières dans les yeux ou les brindilles en pleine tête, le coup de vent brutal qui vous prend de face et vous cloue sur place, ou inversement par derrière et vous oblige à courir sur quelques mètres comme un parfait débile. Ou bien, la catastrophe, le puissant tourbillon qui emporte votre casquette au loin comme dans les films muets et comiques qui font bien rire à la télévision, mais vous plonge au cœur du ridicule quand vous en êtes la vedette malgré vous. Du coup, si je me promène quand la tempête souffle, penché pour encaisser au mieux les coups de butoir, une main crispée sur ma gapette pour qu’elle ne file vers un destin qui ne serait plus le mien, toutes ces agaceries me portent sur les nerfs.

Pourtant au-delà de cette explication qui se tient – me semble-t-il -, il y a aussi un énervement physiologique qui s’y ajoute, sans que j’en connaisse la réelle explication. Je sais que je ne suis pas seul à ressentir cela car j’ai déjà entendu des gens exprimer ce même constat. D’ailleurs, Georges Brassens chantant Victor Hugo avec Gastibelza, en disait tout autant, « Le vent qui vient à travers la montagne, me rendra fou. » Sans en être réduit à cette extrémité, ça me les brise menues pour résumer au plus court ma pensée.

Tandis que j’écris ce billet, le vent frappe encore les vitres de mes fenêtres, j’ai déjà remonté d’un cran le volume de ma chaîne hi-fi pour couvrir le fracas, mais je pressens que ça ne va pas suffire, et ça m’énerve !