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François Hollande : "Je dois être le candidat d’une espérance, d’un projet, d’une ambition"

Publié le 05 janvier 2012 par Letombe

Mercredi 4 janvier, François Hollande était à Mérignac pour son premier grand meeting de campagne. Il a réaffirmé les thèmes forts de sa campagne, jeunesse, justice sociale et justice fiscale.

Retrouvez l'intégralité de son intervention :


FH120104merignac par francoishollande

Mes cher-e-s ami-e-s,

Je vous salue tous, vous qui êtes là depuis parfois des heures, vous qui êtes dehors et ne m’entendez guère même si je vais forcer la voix pour vous, pour vous dire aussi ma gratitude.

Nous pensions faire une simple réunion habituelle, avec quelques centaines de personnes. Mais nous sommes là à Mérignac, en Gironde, c’est-à-dire dans une grande ville socialiste, dans un grand département socialiste, dans une grande région socialiste ! Je veux saluer Michel, Philippe, Alain qui représentent les collectivités et tous les parlementaires qui sont là. Nous ne pensions pas être a ce point nombreux !

Certains nous disaient « la campagne n’est pas commencée ». Elle l’est ! Certains nous disaient « vous êtes seul a être candidat, l’autre nous présente ses vœux ».Mais vous êtes venus vous de votre plein gré ! Vous n’êtes pas comme ceux qui ont été convoqués sur ordre pour des vœux officiels ! Vous êtes venus pour cette campagne, parce que votre foi est maintenant inébranlable.

Vous voulez gagner l’élection de 2012. Vous voulez la gagner non pas pour vous même, non pas pour le parti que vous représentez, non pas pour le candidat lui même, même si vous avez votre préférence. Vous voulez gagner pour la France ! Et c’est pour la France que nous engageons cette bataille. Ici, au premier meeting de campagne, à Mérignac.

Mes cher-e-s ami-e-s,

Dans moins de 4 mois, le peuple français fera un choix. Il ne fera pas simplement celui d’une personne, d’une majorité ou d’un projet, mais il fera le choix de son destin.

Dans moins de 4 mois, nous saurons si la France reconduit le président sortant ou si elle opte pour le changement.

Dans moins de 4 mois, nous saurons si la droite installée depuis dix ans poursuit l’affaiblissement de notre pays ou si un large rassemblement engage le redressement de notre nation.

Il nous reste donc 4 mois pour convaincre. 4 mois, c’est long. Mais, quand on a supporté 4 ans et 8 mois, nous pouvons être moins impatients. 4 mois, c’est court, aussi, pour emmener ceux qui doutent encore vers nous, pour convaincre ceux qui s’interrogent sur leur décision, sur leur choix. 4 mois, c’est court face a la fatalité, a la peur, à la résignation. 4 mois, c’est court quand nous voyons un certain nombre de nos concitoyens, souvent parmi les plus modestes, regarder vers l’extrême, en cherchant là comment pousser leur cri de colère.

Et bien, je veux que ces 4 mois soient utiles à la France. Je veux que ces 4 mois soient des mois d’enthousiasme, d’engagement, de conviction, et que la victoire soit d’autant plus belle quelle aura été méritée, recherchée, arrachée. Je veux être votre candidat pour cette belle espérance, pour ce grand rendez-vous.

Les primaires citoyennes, que le PS et le PRG ont organisées, ont suscité un magnifique mouvement : près de 3 millions de nos concitoyens m’ont désigné pour porter les couleurs du changement. Cette expérience inédite dans notre pays m’a donné une légitimité jamais confiée a un candidat jusque-là en France.

Je mesure l’ampleur de cette responsabilité que vous m’aviez confié, et j’ai fait en sorte, au lendemain de ces primaires, de préparer avec mon équipe le projet que je présenterai a la fin du mois de janvier.

J’en connais qui ont des inquiétudes : ils se demandent si nous avons des propositions. Et pourtant, depuis des mois, depuis que les primaires ont été engagées, depuis que le projet du PS a été adopté, nous ne cessons de les présenter, de les composer, de les exposer. Alors, qu’ils attendent encore un peu, qu’ils ne craignent rien, nos propositions ne seront pas les leurs. Il n’y aura pas de risque de confusion. Ils peuvent même dire ce qu’ils veulent faire, nous ferons le contraire. Je pense, notamment, j’y reviendrai, a ce projet de tva.

Il me semblait nécessaire, après cette grande mobilisation, de prendre le temps de la préparation, de l’organisation avant le lancement de cette campagne, maintenant. Je viens ce soir vous appeler au combat, au combat le plus grand qui soit, au combat qui nous dépasse, qui nous élève, au combat pour le redressement de notre pays, au combat pour la justice sans laquelle il n’y a pas d’efforts qui peuvent être consentis , au combat pour l’espérance, celle que notre jeunesse doit retrouver dans son avenir, celle qui doit mobiliser les salariés, les créateurs, les inventeurs, les entrepreneurs pour l’avenir de notre pays.

Et si j’ai une grande priorité, c’est pour la génération qui vient, celle qui attend de nous que nous nous battions pour une société meilleure, celle qui veut croire, encore croire - c’est la promesse que la République lui a faite - que son avenir va être meilleur que notre présent, cette jeunesse qui doute, qui s’inquiète, qui pense qu’elle est aujourd’hui oubliée, sacrifiée ! Alors qu’elle est notre chance, alors qu’elle est notre atout, alors quelle est notre vitalité !

Voilà pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle : pour le récit républicain, pour le rêve français, pour que la génération qui arrive comme les autres qui l’ont précédée puissent connaitre le progrès, la justice, et la dignité a laquelle toute génération a droit pour son avenir.

J’ai compris, depuis plusieurs semaines, que le combat qui m’attend et donc qui nous attend sera rude. Je n’ai pas vu dans les déclarations de nos concurrents ou de leurs lieutenants que de la politesse ou de la considération ! Les compliments ont été rares. Je ne parle pas des attaques et des dénigrements qui sont le lot de chaque campagne présidentielle. Non, je parle là des polémiques sciemment entretenues, des caricatures sciemment organisées, voire même des manipulations sur les propos.

Chaque jour a son cortège de polémiques, comme si la droite redoutait le débat, comme si la droite redoutait que ce soit projet contre projet, bilan contre bilan, que nous installions en définitive le débat démocratique.

Cet acharnement ne doit pas nous impressionner. Je pense même qu’il est finalement un hommage à notre démarche. Si nous somme la cible de toutes ces accusations, c’est bon signe. Posons nous la question : s’ils nous jugeaient faibles, seraient-ils si acharnés? S’ils n’avaient pas peur, seraient-ils si agressifs ? S’ils avaient la vérité pour eux, auraient-ils besoin de la travestir? Donc, n’ayons pas peur de la confrontation.

Toujours, la droite nous dira illégitime. Toujours, elle a tenté de disqualifier les chefs de la gauche. Dès l’origine, on le sait d’expérience, ils ont été jugés irresponsables, incapables, sans expérience, archaïques, parce que la droite considère que c’est elle et elle seule qui aurait la légitimité pour diriger la France. Mais a-t-elle pour autant montré les marques de réussite qui justifieraient cette prétention ?

François Mitterrand, à qui je rends forcément hommage puisqu’il est le seul Président socialiste de la Veme république socialiste - je ne voudrais d’ailleurs pas qu’il reste trop longtemps le seul, et nous y travaillons - avait lui aussi été dénigré dans la campagne de 1981. Qu’avait-on dit sur lui ? Qu’il avait été 11 fois ministre.  Je ne l’ai pas été une seule fois, je suis garanti. On disait qu’il était trop vieux,  j’ai presque son âge. Enfin, pas encore…  ce sera pour le second mandat - ne brûlons pas les étapes. On disait qu’il n’y connaissait rien en économie, alors qu’en définitive ce fut le Président qui, avec ses premiers ministres, mena la désinflation, réussit les restructurations et celui qui assura même la préparation de l’euro.

Oui, il y a cette fatalité qui pèse. Chaque fois la gauche a besoin de se justifier. Etonnant paradoxe quand les erreurs répétées de nos dirigeants actuels nous amènent toujours plus près du précipice !

Voilà que le candidat sortant joue de ce drame - c’en est un – pour se sauver lui même. Il espère que son échec diffusera une crainte suffisante pour faire oublier sa propre responsabilité. Il mise sur la peur. C’est même le premier mot qu’il a utilisé lors de ce discours de Toulon en décembre dernier. La peur.  Il veut que la France tombe dans un tel effroi qu’elle se réduise à voter pour lui.  Il estime que la France a besoin d’un protecteur. Sûrement ! Mais lui n’est pas le protecteur des français : c’est le protecteur des puissants, des riches, des fortunés, des privilégiés.

Cher-e-s ami-e-s,

Je ne laisserai pas l’élection présidentielle être un scrutin de mystifications, où la droite ne défendrait même pas son propre bilan.

Il faut leur demander de revendiquer leurs actes, de présenter leurs courbes, de justifier leurs promesses et pourquoi elles n’ont pas été tenues. Est-ce digne d’ailleurs du débat démocratique que l’équipe sortante  ne se justifie pas de la politique qu’elle a conduite? Mais comment pourrait-elle le faire? 3 millions de chômeurs. Un million de plus sur le dernier quinquennat. Une croissance nulle. La France entre en récession. Un déficit du commerce extérieur de 75 milliards d’euros quand les allemands font un excédant de 150. Un déficit budgétaire proche de 100 milliards d’euros.  Une dette de la sécurité sociale de 135 milliards cumulés.  C’est avec ce bilan là qu’il pourrait se représenter ? Alors il fait comme un exercice de magie. Il n’est pas responsable : c’est la crise.

La crise nul ne la niera. Elle est là, elle est profonde, elle est brutale, elle est générale. Mais cette crise, qu’elle est-elle ? C’est la crise du libéralisme, c’est la crise de la banque, c’est la crise de la finance, c’est la crise des puissances d’argent. Et qu’ont fait nos dirigeants  par rapport à cette crise ? L’ont ils empêchée? Nullement. L’ont ils limitée? Pas plus. Ont-ils régulé ses marchés ? Pas davantage. Ont-ils cassé la spéculation ? Nullement. Et voilà qu’ils utilisent la crise pour dire « nous n’y pouvons rien », comme si leur propre échec était une marque de garantie.

Nous en sommes dans la situation où les plans de rigueur se succèdent tous les trois mois. Rassurez vous, le candidat sortant a dit qu’il n’y en aurait plus jusqu’aux prochaines élections. Il a peut être raison. Non pas parce qu’il n’y pense pas, mais parce qu’il ne le peut plus. Sauf qu’en définitive, infliger à nos concitoyens  3 ou 4 points de tva supplémentaire, qu’est-ce si ce n’est un nouveau plan de rigueur? Mais, là encore, c’est leur responsabilité, ce n’est pas la faute de la crise, de l’Europe, c’est la faute aussi et surtout de leur gestion. Qui a distribué les cadeaux fiscaux au début de son mandat ? Vous l’avez reconnu. Qui a aggravé nos déficits ? Qui a augmenté la dette de 600 milliards d’euros? Vous êtes bien informés. Bien sûr que la crise a peut être pesé, mais c’est d’abord le résultat de leur politique économique, celle qui consiste à faire plan d’austérité sur plan d’austérité au point que la croissance étant devenue nulle, il y a encore davantage de déficit et de nécessité à en préparer un nouveau : c’est le cercle vicieux.

Je sais que la conduite de la politique de la France sera difficile aux lendemains de l’élection présidentielle. Mais je veux apporter ce témoignage : nous, nous ferons l’effort dans la justice. Nous, nous redresserons la France dans l’équité. Nous, nous dirons la vérité sur l’état des comptes publics et de la dette. Nous, nous assumerons nos responsabilités !

Alors que là, nous avons un gouvernement qui vole de défaite en défaite, qui chaque fois qu’il livre une bataille bat en retraite, et qui nous dit qu’il faut garder le même général. Je conseille quand même, sur le plan militaire, de changer et de plan de bataille, et d’état major, et même de dirigeants suprêmes ! 

Oui, il y a une responsabilité quand on a exercé le pouvoir pendant 5 ans. Cette politique, c’est la sienne.  Elle a consisté, je l’ai dit, à alléger les impôts des favorisés, a dépenser sans compter dans des domaines où il n’était pas utile de le faire, à aggraver les inégalités, fragilisant la consommation et donc la croissance.

Elle a consisté à aggraver la dette. Ce fut un quinquennat de rupture qui nous fut annoncé, mais ce fut finalement un quinquennat de dette. Cette dette, plus de 1600 milliards d’euros, nous devons la porter comme un fardeau. Cette dette, nos enfants devrons également la traîner comme un boulet. Et cette droite voudrait nous donner aujourd’hui des leçons de gestion et se prétendrait seule capable de redresser un pays qu’elle a elle-même déséquilibré?

La seule question qui se pose a nos concitoyens pour juger du mandat qui s’achève bientôt est la suivante : qui va mieux en France depuis 5 ans?

Qui va mieux ? Les salariés? Ils devaient gagner plus en travaillant davantage : leur pouvoir d’achat a stagné et la souffrance au travail ne cesse de gagner, hélas, en intensité.

Qui va mieux depuis 5 ans ? La France qui se lève tôt ? Les artisans, les commerçants, les responsables de PME qui travaillent dur ? Pas davantage : ils travaillent toujours aussi dur, ils paient des taxes davantage, ils reçoivent moins de commandent et ils éprouvent le plus de difficultés à obtenir des crédits bancaires.

Qui va donc mieux depuis 5 ans? Les agriculteurs? Ils peinent de plus en plus à maintenir l’équilibre précaire de leurs exploitations, étranglés qu’ils sont par des fournisseurs avec des prix sans cesse plus élevés pour leurs matières premières et par une grande distribution qui pèse sur leurs résultats.

Qui va mieux depuis cinq ans? Les classes moyennes, les techniciens, les cadres, tous ceux-là qui vivent dans la peur du déclassement social qui s’inquiètent pour leurs enfants ?

Qui va mieux en France depuis cinq ans? Les professeurs, dont on réduit le nombre, qui doivent faire face avec des moyens toujours réduits au défi de l’éducation et de l’égalité des chances ?

Qui va mieux en France depuis 5 ans ? Les professions de santé alors que les assurés sociaux ont de plus en plus de difficultés à accéder aux soins, que ce soit pour l’hôpital ou la médecine de ville?

Qui va mieux en France depuis 5 ans ? Et bien nous les connaissons. Ce sont ceux qui allaient bien au départ et qui vont toujours mieux !  Les financiers vont mieux, les traders vont mieux, les rentiers vont mieux, les spéculateurs vont mieux, un certain nombre de grands dirigeants va mieux, c’est la France de tout en haut qui va mieux parce que cette politique, elle est menée pour eux.  Et c’est cette politique qui finit par nier les valeurs même de la République.

Nous sommes ici rassemblés pour rétablir les valeurs de la République.

Dans ce contexte de crise, notamment  au niveau de l’Europe et de sa monnaie, un accord vient d’être conclu en notre nom a l’échelle européenne.  Je le dis avec responsabilité encore une fois : peut être, valait-il mieux, à tout prendre, un accord qu’une rupture qui aurait menacé tout l’édifice européen. Mais je le dis aussi : ce projet de traité ne résout rien. Il a été conclu aux conditions des conservateurs européens. Il n’aboutit qu’à imposer l’austérité, en éludant les réformes nécessaires, en écartant  les perspectives de croissance.

C’est pourquoi devant vous je prends cet engagement : si je suis élu au mois de mai prochain, fort du mandat que vous m’aurez donné, je renégocierai cet accord. Certes, je prendrai l’engagement de rééquilibrer nos comptes publics. C’est notre devoir par rapport aux français, par rapport aux générations futures, par rapport à nos engagements européens. Point d’indépendance, point de stabilité financière sans la réduction de la dette. Mais l’avenir de l’Europe ne peut pas, ne doit pas se résumer à la seule discipline imposée par les marchés, sans rien changer à la réforme de la finance, à l’intervention de la Banque Centrale  pour dominer la spéculation, sans doter l’Europe de fonds indispensables pour mutualiser la dette -ce que l’on appelle les euro-bonds- et sans contrôle démocratique par les parlements.

L’accord européen n’est pas seulement un accord de circonstances, il reflète un projet. C’est l’Europe des marchés. Moi, je suis pour une Europe forte, mais une Europe de projets, pas une Europe de marché. Ce que nous avons à faire en Europe, si nous voulons être les continuateurs de tous ceux qui nous ont précédé et qui ont fait cette aventure exceptionnelle qui s’appelle l’Europe, c’est de bâtir ensemble une communauté de destins, c’est de nouer des alliances industrielles, c’est de porter des projets de recherche, de technologie, de culture, d’enseignement supérieur et donc de croissance pour l’avenir. Notamment sur les grandes questions environnement, d’énergie, nous avons à bâtir un espace commun.

Mais aussi un espace démocratique. Là aussi, méfions nous des populismes, des extrémismes qui sont en train de marquer, hélas, des points dans toute l’Europe au regard de la résignation, de la peur, de la crainte que les marchés impriment leur loi et leur loi seule.

Voilà ce que je veux faire pour les prochains mois. Dire la vérité aux français, marquer une espérance, évoquer à la fois le sort de notre pays et le destin de l’Europe, parler au monde, car une élection en France n’est pas une élection ordinaire.

Une élection présidentielle en France, ca intéresse les citoyens.  J’espère qu’ils seront nombreux à venir aux urnes ! Dès le premier tour, ne l’oubliez pas, dès le premier tour. Parce qu’une élection elle se gagne au 1er tour. Si on veut avoir la force nécessaire, si on veut avoir la dynamique indispensable, si on veut rassembler la gauche et au-delà, si on veut avoir une majorité forte, il faut voter au premier tour.

Vous savez, je ne cesserai d’en parler tant ce souvenir me hante : j’étais premier secrétaire du PS le 21 avril 2002. J’ai vécu cette scène d’un candidat malheureux, honnête : Lionel Jospin écarté le soir du premier tour.

J’ai eu à prendre cette décision terrible d’appeler à voter pour notre adversaire dans la République, pour écarter l’ennemi de la République. Je l’ai fait. Et je sais que vous m’avez suivi. Pas tous. Je l’ai fait parce que c’était notre honneur de le faire. Je l’ai fait sans me poser la question de savoir si la droite l’aurait fait dans de pareilles circonstances. Et je ne souhaite même pas que cette question soit posée pour le scrutin qui arrive.

Mais je le dis encore : nous devons avoir ce souvenir à l’esprit si nous voulons créer cette dynamique indispensable au soir du premier tour. J’ai beaucoup de respect pour les autres candidats de la gauche. Je sais ce qu’est le grand débat présidentiel avec les différentes familles politiques ou personnalités qui veulent se présenter. Mais en même temps qui peut représenter le changement ? Qui peut battre la droite ? Je ne le dis pas par prétention. Je le dis par responsabilité.

C’est autour de ma candidature que peut se faire l’alternance. C’est autour du rassemblement que j’aurai le devoir de conduire que peut se faire le changement.

Cette élection va passionner, je l’espère, la France toute entière. Mais, regardez, elle va bien au-delà de nos frontières. Regardez l’Europe : j’ai rencontré beaucoup de partis amis en Allemagne, en Italie qui me disent « on vous attend ». J’ai répondu « mais nous aussi ». Mais nous sommes les premiers à tirer, si je puis m’exprimer ainsi. C’est à nous de le faire. Après ce seront les Allemands, ce seront les Italiens. Et peut-être d’autres encore.

Donc, l’Europe nous attend. Elle attend un changement en France pour avoir une orientation différente, demain, sur notre continent. Le monde nous regarde aussi. En Afrique, en Amérique latine, en Asie, savoir qui va être président. Savoir si ce sera la même politique étrangère, la même conception des droits de l’homme, le même comportement.

Je veux rassurer. Nous avons cette responsabilité de gagner cette élection. Pas seulement pour nous ici en France, mais aussi pour ce que les peuples du monde ont toujours regardé comme venant de la France, qui n’est pas n’importe quel pays de la planète, qui est le pays des Lumières, le pays de la Révolution française, le pays d’une belle langue, le pays de la République, le pays de la liberté, de l’égalité.

Allons-nous être dignes de cette grande histoire ? Allons-nous être capables une nouvelle fois d’être l’espérance pour beaucoup ? Je le crois. Et c’est pour cela que j’ai confiance. La France est un grand pays qui a un grand avenir qui ne demande qu’à porter un projet, qu’à croire en son destin.

Souvent, la France est tombée. Parfois, elle a connu des crises, des tumultes. Chaque fois, elle s’est relevée. Souvenons-nous de notre histoire. A chaque moment où notre peuple a souffert, où notre peuple a douté, il a toujours été capable de trouver en son sein l’issue. Toujours des hommes, des femmes d’exception se sont levés. Toujours les Français les ont entendus. Et bien, encore aujourd’hui une nouvelle fois dans cette période si difficile, dans ce contexte si tumultueux, avec ces crises, une nouvelle fois, j’en suis convaincu, la Nation confrontée à ce danger, danger économique, danger social, saura trouver le chemin, la voie, pour son avenir.

Ensemble, nous pouvons nous redresser. La France a des ressources immenses, des talents considérables, un savoir-faire, des ouvriers admirables – j’en rencontrais encore tout au long de l’après-midi -, des techniciens, des ingénieurs qui inventent chaque jour des procédés, des manières de faire qui font la fierté de notre industrie. Nous avons des fonctionnaires qui se dévouent, qui se dévouent partout : à l’école, à l’hôpital, dans ces services publics qui sont une chance, qui ne sont pas une variable d’ajustement comme si c’était d’ailleurs une performance de ne pas remplacer les fonctionnaires qui partent à la retraite. Ce n’est pas une performance, c’est une souffrance ! C’est une souffrance non pas pour les retraités mais pour les usagers des services publics qui veulent davantage d’effort, d’accompagnement, dans l’école, dans l’hôpital, dans ce qui fait finalement l’égalité et la dignité humaine.

Oui, nous avons des talents parmi les chercheurs, les créateurs. Nous avons cette chance d’avoir une jeunesse abondante. Nous sommes le pays le plus dynamique sur le plan de sa vitalité démographique. Nous avons un modèle social qui, là encore, a été construit patiemment et notamment après la Seconde guerre mondiale et qui ne doit pas être regardé, là non plus, comme un fardeau.

Et puis, nous avons les valeurs de la République ; ces valeurs qui nous permettent de nous retrouver ensemble. A la condition que nous les défendions ! L’égalité sans laquelle il ne peut pas y avoir de cohésion nationale, la liberté sans laquelle les Français ne seraient pas eux-mêmes épanouis et puis la fraternité, la laïcité, sans laquelle, il n’y a pas de République. Ça ne doit pas là encore être du superflu. C’est l’essentiel dans cette bataille !

Nous ne devons pas revenir sur nous-mêmes, sur nos histoires, sur notre passé, sur nos acquis. Nous devons nous en servir comme autant de leviers.

Cela ne veut dire qu’il n’y a pas de réformes à faire, qu’il n’y a pas de changements à opérer ! La société évolue. Mais les principes, eux, restent les mêmes. Voilà pourquoi j’ai confiance à la condition là encore que nous ayons un projet, une stratégie.

Mon projet, je le présenterai à la fin du mois. Mais vous en connaissez les grandes lignes. Il tient en 3 mots : le redressement, la justice et l’espérance.

L’urgence, c’est le redressement financier. Nous avons une dette trop lourde, des déficits trop élevés. Nous devons prendre des engagements.

J’aurai un échéancier précis de la maîtrise de la dette. Nous ramènerons le déficit public à moins de 3 % du PNB à la fin de l’année 2013 et nous irons vers l’équilibre à la fin du quinquennat. Cet effort est déjà considérable. Aller plus vite, comme le disent ceux qui ont mis le pays dans l’état dans lequel nous le connaissons, ce serait aggraver les risques de récession.

Nous organiserons l’offensive. Car s’il n’y a pas la croissance, il n’y aura pas le redressement des comptes publics. Et c’est pourquoi nous aurons aussi à mener le redressement productif avec une stratégie d’investissement, de recherche, d’innovation, de technologie. Et cela se fera autour du pacte productif.

Nous aurons à définir les grandes filières - je les évoquais cet après-midi. Nous aurons à dire comment nous accompagnons les entreprises, et notamment les petites et les moyennes, à devenir davantage exportatrices, innovantes, accompagnées sur le plan fiscal - Pourquoi sont-ce les grandes entreprises qui paient le moins d’impôt sur les sociétés ? Nous aurons à les accompagner sur le plan de la recherche des capitaux. Ce sera le rôle de la banque publique d’investissement et des fonds régionaux. Nous aurons besoin de les accompagner aussi sur le plan réglementaire. Elles ont besoin d’être défendues quand elles sont sous-traitantes des grands groupes. Sinon, elles sont les variables d’ajustement. Nous aurons besoin de leur ouvrir les commandes publiques, parce que ces petites et moyennes entreprises ont besoin de travailler en France, notamment pour les grandes administrations publiques.

Oui, nous aurons ce développement de la production et de la croissance qui supposera d’être accompagné par une politique de formation. Car ce qui fait la différence dans la compétition mondiale, ce n’est pas le coût du travail, notamment dans la zone euro, c’est d’abord le savoir-faire, la qualification, la spécialisation industrielle et donc notre devoir, ce n’est pas de baisser les cotisations sociales ou de modérer les salaires, notre devoir, c’est de préparer les entreprises, de les accompagner pour qu’elles soient le plus performante pour l’exportation et pour la compétition.

Oui, pour mener ces réformes, il faudra être juste. Et c’est pourquoi, je proposerai une grande réforme fiscale.

Elle consistera d’abord à rapprocher - fusionner à terme - l’impôt sur le revenu et la CSG.

Savez-vous que la CSG, aujourd’hui, rapporte 90 Mds € quand l’IR qui a progressivement été affaibli dans son rendement n’en dégage plus que 50 ? Nous aurons donc à faire en sorte que les niches fiscales – celles qui bénéficient aux plus privilégiées – soient plafonnées. Nous aurons à faire en sorte que les revenus du capital et les revenus du travail soient imposés au même barème avec les mêmes taux.

Nous aurons à mener la progressivité de l’impôt, c’est-à-dire à faire que les plus favorisés paient davantage que les plus modestes. Vous me direz : c’est l’évidence ! Et pourtant, c’est le contraire aujourd’hui : ce sont les classes moyennes, et parfois les classes populaires, qui paient plus d’impôt que les catégories les plus favorisées de la population. Et bien, ce sera la justice fiscale qui inspirera nos actes et nos actions à partir du mois de mai.

Cette réforme sera juste, elle sera moderne et elle sera efficace. Parce qu’elle touchera aussi la fiscalité des entreprises, l’allégeant sur les PME, l’alourdissant sur les grandes, changeant la fiscalité locale sans laquelle il ne peut y avoir de décentralisation approfondie.

Je veux un nouvel acte de décentralisation. J’ai confiance dans les collectivités locales. Je sais, je le dis en Gironde, que l’Etat ne peut pas décider d’en haut, surtout quand il a aussi peu d’argent. Donc il doit contractualiser avec les collectivités locales, il doit décentraliser, transférer des compétences avec les moyens correspondants et permettre par une fiscalité moderne, nouvelle, que les collectivités puissent lever l’impôt en pleine responsabilité. Voilà la justice.

Mais la justice, elle n’est pas que fiscale. Elle est aussi sociale. J’aurai deux décisions à prendre, lourdes de conséquences, mais tellement attendues.

La première, ce sera de faire en sorte que ceux qui ont cotisé 41 années, demain 41,5 années puissent partir à 60 ans. Comment admettre en effet que ceux qui ont commencé tôt à travailler soient obligés de passer à 42, 43, 44 ans de durée de cotisations, surtout quand ils se trouvent en plus écartés du marché du travail, mis de côté dans leur entreprise parce qu’ils sont jugés trop vieux et renvoyés à Pôle Emploi en dispense de recherche d’emploi encore que même cette catégorie va disparaître.

Et puis il y aura un deuxième acte à prendre : donner à l’hôpital public les moyens indispensables pour rester un service public.  Sûrement faudra-t-il là encore permettre que les tarifications se fassent, pour une part, à l’activité ; sans doute faudra-t-il faire des efforts de gestion. Mais on ne peut pas considérer l’hôpital public comme une entreprise. Or c’est pourtant ce que la loi qui a été votée  a posé comme principe.

La justice, c’est aussi l’emploi. Bien sûr que l’emploi dépend d’abord de la croissance. Je ne sais ce que préparent le gouvernement et le Président de la République. Enfin, si, je le sais, je l’ai entendu comme vous : il a dit que les chômeurs devaient être formés. Rendez-vous compte, il est président depuis 4 ans et 8 mois. Et avant, il était ministre. Et il vient de se rendre compte que les chômeurs n’étaient pas formés. Mais enfin que lui a dit le ministre de l’Intérieur ? Enfin, celui qu’il était il y a plus de 5 ans, celui qu’il a nommé ? Il devait quand même lui donner des renseignements.

Beaucoup de chômeurs, c’est vrai, hélas, ne sont pas accompagnés dans l’emploi. D’autres, heureusement, le sont. Mais une règle que nous aurons à poser, c’est que tout demandeur d’emploi devra être en contrat avec Pôle Emploi pour être dans une formation, dans une qualification pour retrouver le plus vite possible une solution et donc une embauche.

De la même manière, le Président sortant, a défiscalisé les heures supplémentaires. Aujourd’hui, une heure supplémentaire coûte moins cher qu’une heure d’un jeune embauché. Comment l’admettre ? La première mesure à prendre dans un contexte de croissance ralentie voire même de récession, sera de supprimer les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires de façon à inciter les entreprises – si elles ont des carnets de commande qui gonflent – à embaucher.

Et voilà que le même, celui dont je parlais à l’instant, vient de nous dire qu’il va simplifier, et c’est heureux, le chômage partiel et même permettre aux entreprises puissent avoir la flexibilité nécessaire pour adapter le salaire au nombre d’heures travaillées.

Voyez, il avait commencé en 2007 avec le « travailler plus pour gagner plus ». Maintenant, son mot d’ordre, ça va être « travailler moins, pour gagner moins ».

Et voilà que ressurgit la TVA dite « sociale ». Ceux qui ont de la mémoire doivent se souvenir de l’entre-deux tours des élections législatives, les dernières, où le ministre de l’Economie et des Finances qui s’appelait M. Borloo à l’époque, enfin qui doit toujours s’appeler M. Borloo mais qui n’est plus ministre, avait déjà exposé le projet de TVA supplémentaire qui compenserait une baisse des cotisations sociales patronales. François Fillon, premier Ministre, avait lui-même authentifié la réforme en disant qu’il était prêt à augmenter de 4 points la TVA. Et puis, il s’est passé ce qui s’est passé, les Français se sont ressaisis – et je les en remercie – et ont renvoyé plus de députés de gauche qu’il n’était attendu. Ils en ont tiré la leçon que c’était la TVA sociale qui les avait fait perdre.

Donc, pendant 4 ans et demi, plus rien. Et voilà que resurgit l’idée. Mais on ne l’appelle plus TVA « sociale ». On l’appelle TVA « anti-délocalisation ». Ah, ça fait mieux ! Au prétexte que la TVA touche aussi bien les produits fabriqués en France que fabriqués à l’étranger. Sauf que, dans la consommation, les produits importés, ça représente 30 % et le reste sont des produits et des services fabriqués ici. Ce qui veut dire qu’on ne va pas protéger particulièrement le marché français.

Ce n’est pas une taxe qui va renvoyer les produits chinois ou allemands. Tout cela n’est qu’un prétexte. En définitive, il s’agit de faire payer moins les entreprises et plus les ménages. Ce qui va vouloir dire qu’en définitive, il va y avoir un prélèvement supplémentaire sur les Français sans qu’il n’y ait de gain sur le plan économique. C’est une faute sociale parce que qui paie la TVA ? Essentiellement, les ménages qui consomment l’ensemble de leurs revenus par rapport à des ménages qui épargnent davantage. Et c’est aussi une faute économique puisque 3 ou 4 points de TVA supplémentaire vont déprécier encore la consommation, affaiblir la demande et encore déprimer la croissance si elle existe encore. Ils nous disent mais on va peut-être la faire voter d’ici la fin de la législature. Si tel était le cas, ce serait en plus une faute – j’allais dire – presque morale.

Qu’ils exposent cette thèse dans le cadre d’un projet pour l’élection présidentielle, c’est bien leur droit. Mais ce sont aux français de juger si cette politique est bonne ou pas. Et c’est pourquoi je prends les devants. Si vous me confiez la responsabilité du pays, nous reviendrons immédiatement sur cette augmentation de TVA.

La solution pour l’emploi, l’amélioration de la compétitivité, je l’ai dit, ce n’est pas en abaissant le cout du travail, même si parfois nous devons regarder telle ou telle exonération d’une cotisation sociale –j’y reviendrai-. Mais l’objectif d’une politique c’est de renforcer notre qualité, notre spécialisation, notre innovation, notre investissement, notre savoir-faire.

Et s’il y a une mesure à proposer pour l’emploi dans le contexte actuel, c’est ce que je dis depuis des mois a travers le contrat de génération. Aujourd’hui, nous connaissons un taux de chômage des jeunes qui est supérieur à 25% et à 40% dans certains quartiers. Le chômage des plus de 55 ans a augmenté de façon vertigineuse depuis plusieurs mois. Nous avons cette situation insupportable qui veut qu’aux deux extrêmes de la vie professionnelle, ce soit la précarité et le chômage.

Et bien ce que je vous propose à travers le contrat de génération, c’est que lorsqu’une entreprise gardera un senior le temps qu’il se constitue des droits lui permettant de partir à la retraite avec un taux plein et qu’elle embauchera un jeune avec un contrat à durée indéterminée, cette entreprise pourra avoir l’exonération de cotisations sociales sur les deux emplois. Pour permettre justement qu’il y ait cette transmission des savoirs, des expériences, ce tutorat que je vérifie dans toutes les entreprises que je visite.

A chaque fois, je vois des salariés, des travailleurs qui me disent quelques mots. Les plus âgés qui me disent « est-ce que je vais pouvoir partir en retraite parce que je n’en peux plus, je travaille depuis 42 ans, 43 ans », et les plus jeunes à qui je demande « quelle est votre situation ? » me répondent « je suis en intérim » / « depuis combien de temps ? » / « un an, deux ans… » / « et avant ? » / « j’étais en stage » / « et avant ? » / « j’étais en petit boulot » / « et avant ? » / « j’étais au chômage ».

Est-ce que c’est ça le destin d’un pays où on est trop vieux pour entrer dans l’emploi, où on y reste trop longtemps, épuisé, et puis de l’autre côté des jeunes qui attendent d’avoir un contrat à durée indéterminée pour s’établir dans l’existence, retrouver leur autonomie, accéder à la dignité ?

Sûrement pendant toute cette période qui sera difficile, nous aurons aussi à augmenter le volume des contrats emplois aidés, pour les chômeurs de longue durée, mais nous aurons aussi à mettre en place ces emplois d’avenir, qu’on appelait emplois jeunes autrefois. Sans doute n’auront-ils pas la même durée, sans doute ne seront-ils pas réservés aux mêmes populations, sûrement devront-ils d’abord concerner les quartiers les plus défavorisés et les jeunes qui sont depuis le plus longtemps au chômage. Nous aurons à prendre aussi cette initiative, car il n’y a rien de pire que de laisser des quartiers entiers en désolation, en relégation, en abandon.

C’est aussi notre responsabilité dans cette campagne : savoir ce que va devenir la nation, savoir si nous allons pouvoir continuer à vivre ensemble. Je connais bien la France, je l’ai traversée tant de fois. Je suis élu d’un département rural : je connais les difficultés du monde agricole, je connais les risques de la désertification et de l’abandon, mais je connais aussi, en visitant certains quartiers des villes, certaines banlieues désolées, ce qu’y s’y produit aussi, c’est à dire le repli, le sentiment de ne pas être en France, d’être relégué, d’être des citoyens de second niveau, de second degré, au point même, je l’ai entendu, d’entendre quelqu’un dire qu’il n’était pas français alors qu’il était né en France tant il se sentait étranger dans son propre pays.

Peut-on l’admettre ? Peut-on l’accepter ? Quel pays prépare-t-on où l’on serait séparés les uns les autres selon les territoires, parfois dans la même agglomération ? Où serait la République ? Et bien notre devoir à travers une politique d’emploi, d’école, d’éducation, de formation est de préparer une nation qui se sent rassemblée, unie, et où la promesse républicaine puisse être tenue.

Il nous reste tant à faire d’ici la fin de cette campagne. Convaincre, convaincre encore, expliquer… Parfois je me demande à quoi bon tant la réponse m’est déjà donnée. Je vois tellement de mes concitoyens venir vers moi en me disant « On vous fait confiance » et d’autres de me dire « On ne le veut plus ». Je comprends à ce moment là qu’il ne parle plus de moi-même, mais je ne veux pas être non plus le candidat d’un rejet, d’un refus, je dois être le candidat d’une espérance, d’un projet, d’une ambition, et je dois moi même montrer l’exemple, dire ce que nous ferions si nous étions au sommet de l’état, investi de la responsabilité principale.

Et bien, d’abord, je commencerai par faire voter un statut pénal pour le chef de l’état, pour que chacun comprenne qu’il y a un exercice de fonction qui mérite d’être protégé mais que le Président est un citoyen aussi comme les autres. Je mettrai fin à la soumission des magistrats du parquets envers le gouvernement. Je veillerai, y compris si cela pouvait mettre en cause mon parti et mes amis, à mettre fin à toute intervention dans l’exécutif, dans les affaires particulières, dans les affaires tout simplement. Je ferai en sorte que les nominations puissent être simplement décidées en fonction des compétences et non pas des amitiés. Je ne nommerai plus les présidents d’audiovisuel public, laissant cette responsabilité à des autorités indépendantes.

Je ferai aussi la réforme du non cumul des mandats qui est attendue et sur laquelle je me suis engagée ; je mettrai également fin à cette étrange discrimination. C’est bien qu’un allemand ou qu’un roumain puisse voter à une élection locale parce qu’il est membre de l’Union Européenne, mais un travailleur, ici depuis parfois des décennies, établi légalement en France, parlant notre langue, payant des impôts, bon citoyen, devrait aussi avoir le droit de participer aux élections locales.

e mettrai fin aussi à ces relations douteuses avec des régimes africains que nous traitons encore comme des clients comme des obligés, comme des représentants qu’il suffirait de payer pour avoir la décision. Ce que l’on a appelé la Francafrique a vécu. Nous devons avoir avec ces pays là les mêmes principes, le respect, la lutte contre la corruption, la lutte pour le développement. Voilà qui montrera aussi un changement.

Mais je ne vais pas vous dévoiler tout ce soir, à Mérignac. Je reviendrai pour vous, pour ceux qui sont dehors, nous prendrons une plus grande salle, nous serons tout près du premier tour. Et s’il est nécessaire, et je crois qu’il sera nécessaire, nous reviendrons avant le second tour. Cela dépendra des invitations des élus, mais je serai à votre disposition. 

Je termine, cher-e-s ami-e-s par la seule question qui doit nous hanter durant ces 4 mois : est ce que nous allons laisser faire ou est-ce que nous allons nous mobiliser comme jamais pour réussir ? Est-ce que nous allons laisser cette société injuste, inégale, déchirée ? Est-ce que nous allons laisser cette domination par l’argent ? Est-ce que nous allons laisser cette droite continuer à défaire ce qui nous paraissait être l’essentiel dans notre pays ?

Alors, si nous ne laissons pas faire, nous allons devoir faire beaucoup plus que de venir à une réunion comme à Mérignac. Je vous donne là votre feuille de route. Moi je vais partir ce soir Non pas ce soir, mais demain à la première heure, je serai demain à Caen. Mais vous, vous ne pourrez pas me suivre, nous n’avons pas suffisamment de moyens de transports.

Vous allez devoir faire ce qui est le devoir de tout citoyen en démocratie : parler, convaincre, emmener. Ce que nous avons été capables de faire pendant les primaires, rendez-vous compte, emmener trois millions dans une élection qui n’était même pas officielle, où les bureaux de votes n’étaient même pas dans les mairies, nous devons être capable de le faire pour l’élection la plus majestueuse qui soit, l’élection majeure, l’élection présidentielle.

Alors je veux vous appeler à ce que nous puissions rencontrer une mobilisation exceptionnelle dans cette campagne, une confiance, une ferveur. Vous savez, comment juge-t-on le moment d’une campagne ? Les sondages indiquent. Maintenant qu’ils sont bons, on me dit qu’ils sont trop bons.  Mais ça ne va pas durer, rassurez-vous. Ce qui indique une ferveur, une confiance, c’est vous, votre participation, votre capacité à faire adhérer tant d’autres a notre projet. 

Faites en sorte donc que je sois le candidat porté par la gauche, d’abord par vous ensuite par toute la Gauche. Expliquez que s’il y a cet affrontement, cette confrontation entre la gauche et la droite, nous devons nous-mêmes dépasser cet enjeu. La confrontation est là, on la connaît. Mais nous devons aussi emmener les électeurs qui ont pu voter même pour Nicolas Sarkozy la dernière fois. Ne les blâmez pas, surtout pas. Ne les repoussez pas. Parce que s’il n’y en a pas qui changent d’avis entre les deux élections, comment pourrons nous gagner ?

Ne repoussez personne, ne refusez aucun concours, mais allez chercher surtout ces électeurs populaires souvent, modestes toujours, qui se sentent oubliés, trahis, qui n’en peuvent plus, qui ne savent pas vers qui se tourner, qui veulent exprimer un cri d’amertume et de colère, qui regardent vers l’extrême droite, non par pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle peut permettre, c’est-à-dire un rejet, un refus de tout. Alors, c’est vers eux qu’il faut aller. Ne pas les laisser se détourner de ce qui est pourtant le sens de la République. Leur dire qu’ils méritent mieux.

La France, c’est être capable de s’élever, de se redresser, de relever la tête et d’avoir confiance dans la République. Il faut aller les chercher, ces ouvriers qui craignent la délocalisation de leur activité, qui s’en prennent à ceux qui sont loin, qui pensent que ce sont les plus pauvres qui viennent leur prendre le peu qu’ils ont, oubliant ceux qui en haut ont capté l’argent.

Nous avons le devoir de parler à ces travailleurs, à ces agriculteurs, à tous ceux qui n’en peuvent plus. Je pense à tous ces salariés désespérés. J’entendais ainsi ceux de Sea France à qui l’on avait promis de mettre leurs indemnités de licenciement dans la formation d’une coopérative. Belle générosité ! Mettez tout ce que vous avez comme droits dans l’entreprise, vous n’aurez même pas les bateaux et après l’élection présidentielle, tout ça sera fermé. Je comprends que certains se soient mis à douter ! Je pense aussi à ces travailleurs de Petroplus, en Haute-Normandie, qui, parce que leur entreprise n’est plus financée par les banques, vont voir la fermeture de leur site. Je pense aux salariés d’ici, on parlait de Zodiac. Je pense à tous ceux-là, à qui il faut donner confiance, à qui il ne faut pas mentir, à qui il ne faut pas laisser croire que – parce que nous serons demain élus – les fatalités se lèveront d’un seul coup.

Mais nous aurons le même projet, la même ambition : servir la production, servir le travail, servir le mérite, ne pas mentir. Nous aurons l’ambition d’avoir la fierté de relever la France sans avoir besoin d’abaisser ceux qui sont accueillis ici chez nous, parce qu’ils sont étrangers.

Oui, c’est cette campagne-là qu’il faut faire. Aucun électeur ne doit se laisser détourner par une extrême droite qui ne peut pas être un projet pour la France. Rendez-vous compte : la fermeture des frontières, la fin de l’euro, les barbelés autour. Comme si c’était possible alors de vendre nos produits. A qui ? Chasser ceux qui sont depuis longtemps ici, qui sont devenus Français ! Nous devons écarter tout cela.

De la même manière, dans cette élection, on me dira « il n’y a plus de gauche, il n’y a plus de droite ». Mais si ! Il y a la gauche et il ya la droite. Et au milieu, il y a ceux qui hésitent, qui ne savent pas ce qu’ils vont faire. Ils nous disent « on sait ce qu’on va faire au second tour, mais nous ne vous le disons pas tout de suite ». Et bien, préférez voter pour le candidat socialiste dès le premier tour !

Voilà, chers amis, nous avons, vous et moi, notre feuille de route. Moi, pour mener cette campagne. Vous, pour la servir autant que vous le pourrez.

Nous avons le même objectif : le changement !

Le changement, c’est maintenant ! Le changement, c’est possible ! Le changement, c’est nécessaire !

Le changement, c’est en avril et en mai prochain ! Pour la République, pour la France, pour la jeunesse de France !

Cette jeunesse n’a pas connu le 10 mai 1981. Il y a 31 ans, un socialiste était élu Président de la République. 31 ans ! Il a été réélu en 1988, mais ça n’avait pas la même force. Car 1981, c’était la première fois. Après 23 ans.

N’attendez pas 23 ans ! C’est maintenant que nous devons donner un nouveau Président à la France ! C’est maintenant qu’il faut donner un successeur à François Mitterrand ! C’est maintenant qu’il faut réussir l’alternance !

Alors, chers amis, ici à Mérignac nous sommes partis sur ce long chemin qui nous conduira, si vous en décidez ainsi, à la victoire ! Le 6 mai 2012 aura alors des airs de mai 1981 !

Vive la République et vive la France !

 

François Hollande


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