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Quebec is up for grabs !

Publié le 05 janvier 2012 par Jclauded
Il y a quelques jours, lors d’une entrevue à l’émission politique télévisée de la CBC animée par Evan Solomon, Jim Flaherty, ministre canadien des finances, affirma qu’à la prochaine élection générale fédérale « Quebec is up for grabs » (Québec est à prendre). Pour lui, tout peut arriver et le parti conservateur du Canada (PC) peut y obtenir une grande victoire.
Il affirme que la situation économique canadienne qui se dégradait a éloigné de son parti les électeurs québécois au moment même où ils décidaient de se débarrasser du Bloc Québécois. Ils ont trouvé refuge chez Jack Layton qui les a séduits. C’est ainsi qu’il explique la déconfiture du PC au Québec (il a perdu six de ses onze députés, dont quatre ministres) alors qu’ailleurs, au Canada, il ralliait une majorité.
Les commentaires de Flaherty nous font donc entrevoir que le PC vise à remporter un grand nombre de sièges au Québec à la prochaine élection. Il a raison de planifier ainsi car son étoile devient moins brillante et il aura fort probablement besoin du Québec pour maintenir sa majorité. Un sondage pancanadien confirmait, hier, que s’il y avait élection en ce moment, le PC redeviendrait minoritaire. De plus, les autres partis politiques se ragaillardissent. Le NPD, le parti libéral du Canada (PLC) et le Bloc Québécois (BQ) auront chacun un nouveau chef, de nouveaux candidats, une nouvelle organisation et un programme politique mis à jour. Le parti Vert avec sa dynamique et solide chef, Elizabeth May, profitera du reniement de l’accord de Kyoto par le PC pour redorer son blason. Par contre, le financement de ces partis devient problématique et, comme c’est le nerf de la guerre, cela aidera le PC.
Il serait surprenant que le NDP répète l’exploit de faire élire autant de députés NPD au Québec. Mais si les néo-démocrates ont l’intelligence politique de choisir le québécois Thomas Mulcair pour les diriger, on peut prévoir que le NPD en conservera un grand nombre.
Comment le PC s’y prendra-t-il pour vraiment s’imposer dans l’esprit des électeurs québécois ?
Ses cinq députés actuels, dont quatre ministres, peuvent se faire réélire, mais encore-là, il faut se rappeler l’élection du 2 mai dernier où les ministres Laurence Cannon, Jean-Pierre Blackburn et Josée Verner ont été défaits. Rien n’est certain. A Montréal, Il y a deux comtés où la population juive est nombreuse et pourrait favoriser le PC. Cette dernière a toujours été fortement libérale, mais un grand nombre de ses membres a déjà rejoint le PC lors de la dernière élection et grâce aux constantes positions unilatérales et favorables d’Harper pour Israël, il est fort possible que le PC remporte enfin ces comtés.
Ce ne sont sûrement pas les décisions et les positions du premier ministre depuis sa réélection qui attireront la sympathie des gens de chez nous vers le PC. Le PM ne cesse d’aller à rebrousse-poil des opinions québécoises sur des sujets d’importance capitale. On ne gagne pas la faveur publique ainsi.
Par ailleurs, à mon avis, le vieux fonds conservateur au Québec n’existe plus, à cause principalement de l’intensité des médias, de la venue d’internet et du changement drastique des classes de notre société. Aujourd’hui, on peut avoir une idéologie conservatrice, nationaliste, libérale ou autre et décider quand même de voter selon la voie que nous dicte la situation économique, sociale, politique ou démographique du moment de l’élection.
Ce qui n’a pas changé chez nous, c’est la façon particulière de voter des Québécois. Ils votent très souvent ensemble avec une expression surprenante de solidarité. On l’a vu dans le passé par les majorités écrasantes qu’ils ont accordées, entre autres, à Duplessis, Lévesque, Bouchard, Bourassa, Diefenbaker, Mulroney, Trudeau, Duceppe, Drapeau et le 2 mai dernier à Jack Layton. Pour la masse, la couleur ou l’idéologie du parti n’ont jamais vraiment compté.
Est-ce possible qu’un jour Harper ait ce privilège. Je ne gagerais pas un « vieux cinq cennes » sur un tel résultat. De toute façon, je crois qu’il est suffisamment réaliste pour ne pas y croire. Il espère probablement une bonne représentation du Québec pour son parti au parlement mais il veut surtout assurer sa majorité parlementaire. N’affirme-t-il pas son espoir que le PC devienne le parti naturel des Canadiens ?
Comment s’y prendra-t-il ? Une chose est certaine, la première année de son mandat est dédiée à mettre en place, coûte que coûte, les grandes lignes du programme de droite de la droite de l’ex-Reform Party. Il sait que ces mesures sont impopulaires au Québec, mais il profite du fait que les prochaines élections seront tenues dans plus de trois ans pour les faire adopter à toute vapeur, sachant que les électeurs oublient vite.
La deuxième année sera celle des coupures de budget. Elles sont nécessaires pour respecter ses promesses électorales mais surtout pour protéger le Canada contre les effets de nouvelles crises. Il les a reniées une première fois en 2008 en augmentant appréciablement le déficit pour contrer les effets négatifs de la crise économique sur la croissance. Je crois qu’il n’osera pas le faire à nouveau. Encore-là, ce sera une période où sa popularité souffrira car personne n’aime voir ses allocations diminuer ou ses taxes augmenter. Comme on disait jadis : « Un politicien qui taxe est une politicien qui se fait battre », c’est encore vrai, et Harper le sait !
Puis, viendra le sprint final pour la réélection du PC, deux ans plus tard. C’est à partir de ce moment-là qu’il mettra en marche sa stratégie pour reconquérir le Québec. Ce sera une campagne d’images et d’illusions, que lancera le PC, pour amener les Québécoises et Québécois à l’aimer. Ce ne sera pas une mince tâche. Il accentuera sa « politique diaspora » pour faire la cour aux néo-québécois. Mais plus important encore, il se montrera plus compréhensif, flexible et sympathique face aux positions politiques québécoises et aux revendications du gouvernement du Québec.
Oui « Quebec is up for grabs », mais il ne se donnera pas à n’importe qui et ne se laissera pas duper. Il l’a rarement fait dans le passé !
Claude Dupras

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