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Affaire Hildebrand: rien de nouveau après les explications de Philipp

Publié le 05 janvier 2012 par Francisrichard @francisrichard

Philipp Hildebrand 2Hier j'ai rappelé sur ce blog les différents éléments, connus à ce moment-là, de ce qu'il convient désormais d'appeler l'affaire Hildebrand ici. Les explications fournies par Philipp Hildebrand lors de la conférence de presse qu'il a tenu cet après-midi n'apportent rien de bien nouveau ici et n'emportent pas vraiment la conviction.

Que sait-on de plus qu'hier ?

- Que le montant de la vente en février 2011 de la résidence de Gstaad appartenant aux Hildebrand s'élevait à 3'300'000 CHF. En 2011, cette somme leur a permis l'achat au total de 1'677'000 USD pour 1'500'000 CHF.

- Que le premier achat de devises représentant 1'100'000 CHF, effectué le 10.03.2011, a été investi en dollars parce que, dit-il, "ma famille procède toujours de la sorte". Le compte-rendu de 24 Heures ici [d'où provient la photo] ne nous dit pas si un seul des 150 journalistes présents a posé la moindre question sur cette réponse pourtant bien faible.

- Que le deuxième achat de devises représentant 400'000 CHF a été effectué par Kashya Hildebrand, à l'insu de son mari, "pour les affaires de sa galerie d'art", à partir d'un des comptes de ce dernier : "nous sommes mariés tard, elle est économiste...et ma femme a une forte personnalité".

(En somme Madame mène Monsieur par le bout du nez... Cette assertion, que le deuxième achat aurait été effectué par Madame, serait prouvée par un échange de courriels, dont l'un d'eux était déjà évoqué dans l'audit du Contrôle fédéral des finances du 21 décembre 2011 ici.)

- Que la vente de 516'000 USD le 04.10.2011 serait régulière : "Selon le principe du "first-in, first-out", les dollars revendus en octobre étaient ceux achetés en février et non ceux acquis en août." A ce principe ne peut-on pas opposer un autre principe, celui du "last-in, first-out" ? L'argument est donc faible.

(Quel que soit le mode de calcul, la famille Hildebrand s'est enrichie entre le 10.03.2011 et le 04.10.2011 : au départ elle disposait de 3'300'000 CHF et à la fin de 1'161'000 USD et de 2'275'000 CHF, soit l'équivalent au total de 3'343'000 CHF au taux de change USD/CHF du 04.10.2011.)

-  Que, selon Philipp Hildebrand, l'avocat proche de l'UDC, qui aurait transmis les documents bancaires à Christoph Blocher, serait Hermann Lei, député UDC au Grand Conseil d'Argovie, donc plus que proche de l'UDC.

On voit donc bien que, même si les deux audits ne relèvent pas d'irrégularité formelle, le problème moral continue de se poser... de quelque façon que l'on prenne les choses, et que Philipp Hildebrand, lui,  ne voit pas, ou il minimise, ce qu'il y a d'immoral à spéculer, lui-même, ou sa moitié, sur le marché des changes quand on est le président de la banque centrale de son pays...

Ceux qui sont scandalisés par cette absence de moralité et qui l'ont dénoncé seront peut-être poursuivis en justice. Leurs noms, Hermann Lei et Christoph Blocher ont déjà été livrés en pâture. Quant à Philipp Hildebrand il ne démissionnera pas puisque le Conseil fédéral et le Conseil de Banque de la BNS lui gardent leur confiance. Les apparences sont sauves. Mais la morale ? 

Francis Richard


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