Zanzi (bon, on ne va pas mettre l'astérisque avec le "prénom d'emprunt" d'usage) est un zamalien. Même si le terme ne lui convient pas, trop marqué, négativement s'entend. Ce grand yab de Saint-Leu, la quarantaine, fume son joint quotidien depuis qu'il a quinze ans. "J'en ai besoin. Mais je ne bois jamais d'alcool. Et je suis végétarien", dit-il, comme pour s'excuser.
Or, depuis une quinzaine de jours, Zanzi, malgré les réseaux tissés au fil des années, a beaucoup de mal à s'approvisionner. "On trouve toujours. De la paille. Très chère. Et de mauvaise qualité. Mais ça devient vraiment galère", assure-t-il.
Le zamal aussi connaît la crise. En cause : la sécheresse dans le sud de l'île, mais aussi le renforcement des saisies policières, "une des conséquences de la chasse aux résultats instituée par Sarkozy", nous confie avec bonhommie un officier de police.
Et puis, il y a un autre phénomène, plus embêtant : le zamal, à la Réunion, serait concurrencé par des drogues plus sérieuses. Malgré les récents coups de filet de la police, le trafic de cocaïne ou d'héroïne depuis la métropole serait, lui en pleine croissance.
"Surtout du côté de Saint-Gilles, l'Ermitage. Ca tourne pas mal. Mais aussi à Saint-Pierre ou Saint-Leu. Ce sont des petits dealers de banlieu en métropole qui remboursent leur voyage comme ça", assure Zanzi.
Un phénomène qui avait déjà frappé la Réunion dans les années 80. Les fumeurs habituels de zam ne changeront pas de crémerie pour autant. "C'est la crise aussi pour nous. Mais ce qui est cool, à la Réunion, c'est qu'on peut encore faire un plan pour fumer gratuitement. En métropole, c'est de plus en plus difficile", ajoute Fabrice, un jeune zoreil, installé à Saint-Joseph.
Quant aux cachets, Rivotril, et autres Artane, ils ne connaissent, eux, pas la crise. Et sont responsables, mélangés avec l'alcool, de la plupart des actes de violence commis dans l'île de la Réunion. Ah, Zamal, ti fé mal le kèr...
François GILLET