Après avoir bénéficié de milliards d’euros d’aides, les banques refusent aujourd’hui de prêter à Pétroplus, mettant en danger l’activité de plusieurs raffineries et menaçant des centaines d’emplois.
Le groupe suisse Pétroplus est à la tête de cinq raffineries en Europe, dont l’une à Petit-Couronne (76) près de Rouen qui emploie 550 salariés directs. Il avait annoncé en novembre dernier la fermeture du secteur des huiles, ce qui représentait 120 emplois supprimés. Entre Noël et le jour de l’An, en guise de bons vœux, le directeur financier du groupe a annoncé à la presse que les banques refusaient de lui accorder le moindre crédit. Un milliard de dollars attendus par Pétroplus seraient bloqués, ce qui justifierait d’après lui, l’impossibilité d’acheter le pétrole brut pour approvisionner ses raffineries.
Pétroplus, dont le titre a chuté à la Bourse de 98 % de sa valeur, fait planer la menace de la fermeture de deux, trois ou cinq raffineries en Europe, dont celle de Petit-Couronne, menace pourses salariés ainsi que pour les centaines de sous-traitants et tous les secteurs qui dépendent de cette entreprise.
Cette décision est tout à fait inadmissible. Pétroplus se dit impuissant devant la décision des banques, mais n’explique pas les raisons de ce refus. Le groupe ne profite-t-il pas de l’occasion pour se débarrasser du secteur du raffinage et engager ses capitaux dans des secteurs jugés plus rentables ?
Voilà comment (dys)fonctionne le système capitaliste : des spéculateurs financiers, des banquiers ont le pouvoir de vie et de mort sur des entreprises et sur des milliers de salariés en décidant ou non de financer, en jouant leurs vies au Monopoly de la finance. Personne ne les contrôle ni les États ni les gouvernements. En revanche, ces mêmes banques ont bénéficié de milliards d’euros de fonds publics mais ni les États ni les gouvernements ne leur demandent de rendre des comptes, où est allé l’argent. Cet argent public, c’est-à-dire celui des contribuables est allé dans les coffres-forts des banquiers, les mêmes qui aujourd’hui ferment le robinet, coupent séance tenante les lignes de crédit, empêchant la production et les investissements. Quand les travailleurs cessent le travail et occupent les raffineries, comme lors du mouvement des retraites, l’État et le gouvernement envoient leurs CRS dans les usines, traînent les syndicalistes devant les tribunaux. Mais quand il s’agit des banquiers, ni les employeurs, ni l’État, ni le gouvernement ne peuvent rien contre eux !
Il est urgent de placer l’ensemble du secteur énergétique sous le contrôle des salariés et de la population, qui en est l’usagère, après expropriation de ces groupes comme Pétroplus, mais aussi des banques qui les alimentent. On ne peut pas laisser notre sort entre les mains des spéculateurs financiers. Bien sûr, cela exige une mobilisation des travailleurs, une lutte où se rassemblent tous les secteurs de l’énergie menacés actuellement et, au-delà, des autres filières livrées elles aussi au bon vouloir des financiers et des industriels. Alors seulement on pourra vraiment décider de ce que l’on produit et comment, en veillant à préserver les emplois pour tous.
Pour l’instant, les salariés de Pétroplus sont encore sous le choc. Depuis plusieurs semaines déjà, ils sont dans l’inquiétude après la première annonce de la fermeture des huiles et organisent des AG régulières à la porte de l’entreprise. À la suite de l’annonce menaçant de fermeture, ils ont décidé en assemblée générale de bloquer toutes les expéditions de carburant et de garder les stocks.
Mardi 3 janvier, un appel à un rassemblement devant l’entreprise avec soutien des salariés et syndicats de l’agglo rouennaise était lancé par la CGT. Les patrons et les banquiers ont déclaré la guerre. Aucun salarié ne doit faire les frais des calculs financiers des multinationales du pétrole et de la rapacité des banques.