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Sarkozy perd ses nerfs sur le quotient familial

Publié le 11 janvier 2012 par Juan
Sarkozy perd ses nerfs sur le quotient familial Mardi, il est parti à Mulhouse donner ses voeux « à la France solidaire ». Quelques heures avant, en coulisses comme toujours, il avait fustigé une proposition socialiste de remplacer le quotient familial. Et ses proches se sont déchaînés comme jamais: « assassine », « anéantissement »,  « folie », « coup de massue »... La Sarkofrance du Fouquet's n'hésita pas dans la surenchère et la vulgarité. Seule Nadine Morano, peut-être épuisée par sa suractivité
Quant aux voeux de Nicolas Sarkozy « à la France solidaire », on les oublia.
Président des Riches
Il est comme ça, Nicolas. Il n'attend pas de connaître le détail d'une proposition pour la critiquer violemment. Il n'a pas le monopole du défaut, mais il le porte jusqu'à la caricature. Mardi matin, comme chaque mardi matin, il tenait son « petit-déjeuner de la majorité » avec les quelques membres du clan qui lui sont encore fidèles. Et comme à chaque fois, il en profita pour critiquer François Hollande, cette fois-ci sur le quotient familial. Comme à chaque fois, l'argument fut caricatural et aboyé par le Président du Fouquet's.
Jamais en face, toujours en douce.
« Ce serait une folie. C'est quand même quatre millions et demi de familles qui sont concernées. C'est un coup porté à notre politique familiale. Elles y perdraient beaucoup. » a-t-il confié à des proches qui se sont empressés de le reporter. Une folie ? Mais de quoi parle-t-il ? La proposition n'a pas été détaillée. Le camp Hollande a simplement expliqué que le quotient familial pour les plus riches devait être remis en cause, et qu'une piste était de le remplacer par un crédit d'impôt pour les moins fortunés. Environ 10% des ménages les plus riches captent 25% des 10 milliards d'euros de réduction fiscale que représente le quotient familial chaque année. Le pays compte 7 millions de bénéficiaires, et non 4,5 millions comme l'avança imprudemment Sarkozy dans sa première attaque. Lundi, les Echos révélait que Valérie Pécresse avait commandé une étude à ses services sur la proposition socialiste: le remplacement du quotient familial par un crédit d'impôt rapporterait en moyenne 1000 euros par an aux 3,5 millions de foyers les moins aisés. Il est plafonné à 2.300 euros par demi-part fiscale et par an.
« Dans le détail, elle ferait près de 5 millions de gagnants (à hauteur de 829 euros par an en moyenne) et un peu moins de 4,5 millions de perdants (à hauteur de 931 euros en moyenne). Pour près de deux tiers des ménages, la réforme serait neutre. Les gagnants se situeraient parmi les ménages gagnant jusqu'à 3 SMIC (soit 4.200 euros brut par mois). L'impact serait défavorable au-delà.»
Le concert des perroquets sarkozystes s'emballa dès la matinée. « En proposant la fin du quotient familial, François Hollande envoie un message d’anéantissement de la politique familiale française » s'exclama Jean-François Copé. Et comme il n'était pas à l'abri d'une caricature: « la gauche veut s’attaquer à ce qui fonctionne bien en France, tout en voulant par ailleurs, par immobilisme, conserver ce qui ne fonctionne pas ! » Fichtre ! Valérie Pécresse sur Twitter à nouveau, avait sélectionné quelques arguments-choc. A l'Assemblée, elle dénonça un « coup de massue »... qui n'avait pas eu lieu. « Injuste pour les classes moyennes, dangereux pour la politique familiale, irresponsable au total » a lancé le ministre de l'agriculture (sic!) Bruno Le Maire. Son jeune collègue Laurent Wauquiez, toujours dans la nuance, a dénoncé une « proposition assassine pour les familles des classes moyennes et des classes moyennes modestes ». Classes moyennes modestes ? Mais qui paye les franchises médicales, le relèvement de la TVA à 7% ou le renchérissement des mutuelles ? Il fallait faire peur, et Laurent Wauquiez est toujours assez doué pour agiter des chiffons rouges caricaturaux: « d'autres quotients seraient remis en cause : qu'est-ce qu'on fera pour le quotient dont bénéficient les veuves ? Qu'est-ce qu'on fera pour le quotient dont bénéficient les personnes handicapées ? ». Rien sur les enfants
Un peu plus tard dans la journée, François Hollande précisa qu'il ne s'agissait pas de supprimer le quotient familial. Mais le Sarko-clan tout entier s'était déjà emballé, emportant quelques journalistes dans son sillage. Bien joué ? 
L'UMP oublie
Puisque le clan sarkozyste s'inquiétait de la politique familiale, il aurait pu s'expliquer sur une fichue statistique publiée ce mardi. Le Conseil d'analyse stratégique révélait que « la diminution des postes d'enseignants a fait chuter le nombre d'enfants de moins de trois ans scolarisés en maternelle », de 35% en 2000 à 14% en 2010. Bien sûr, il y a davantage de places d'accueil pour les moins de trois ans. Mais pas assez compte tenu de la natalité française. En 2008, une députée UMP, Michèle Tabarot, écrivait déjà que « l'écart est considérable entre le rythme de croissance actuel (de créations de places) et celui qu'il faudrait atteindre pour répondre à la demande ».
Autre sujet très familial, sur lequel on attendait un commentaire à défaut d'une explication ou d'une réponse de la part du clan Sarkozy, l'envolée des prix: l'Observatoire annuel des prix des Familles Rurales a communiqué ce mardi son évaluation de l'augmentation des prix du « panier de la ménagère rurale » l'an dernier, une sélection de 35 produits de base que l'observatoire suit depuis 2006.  Et les nouvelles sont mauvaises. Loin des fausses estimations de l'inflation officielle (qui mélange les ordinateurs et le pain, les voitures et le pain, etc), ce panier a le mérite de donner une indication un peu plus fidèle de la réalité de la vie chère. L'an dernier, l'inflation de ce panier a été de ... 4,4%. Un record... sans commentaire officiel, évidemment.
L'UMP aurait pu déployer autant d'énergie à expliciter ses propositions pour le sommet social du 18 janvier: de combien la TVA à 19,6% sera-t-elle relevée sous un fallacieux prétexte social ? Mardi, une mauvaise confidence d'un député UMP nous apprenait aussi que le gouvernement envisageait une réforme législative rapide pour permettre la suppression de la durée légale du travail au motif d'accords dit de « compétitivité ».
Que dire enfin de cette proposition de l'UMP « de faire sauter l'interdiction pour les jeunes apprentis de travailler de nuit », débusquée par notre confrère Slovar ? Il s'agirait d' « adapter l’apprentissage aux situations locales » pour mieux favoriser la production de terroir... nocturne... Sans blague ! 
Guéant, à nouveau l'immigration
Hasard du calendrier, ou pas, Claude Guéant livrait à Paris ses statistiques de l'immigration en 2011. Le ministre semblait ravi, ses services avaient enfin réussi à expulser quelque 32.912 étrangers, et le nombre de naturalisations avait chuté de 30%. Quels records ! Nicolas Sarkozy espérait sans doute faire la nique à Marine Le Pen. 
Pour 2012, le ministre espère expulser 35.000 clandestins et réduire de 10% à nouveau le nombre de naturalisations. Son discours fleuve (une heure de chiffres) ressembla aux grandes heures de ces prédécesseurs Brice Hortefeux et Eric Besson.
Claude Guéant était content de tous ses indicateurs: – 3,6% de premiers titres de séjour,  -26% de nouveaux salariés étrangers, -14% de regroupements familiaux, etc. Un pur bonheur !
Mais la France, a précisé Guéant, a « su rester ouverte ».
Et Nicolas Sarkozy également.
Très ouvert, et mesuré.


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