À compter du 2 avril 2012, tous les fonds communs de placement du groupe Mackenzie seront autorisés à effectuer des ventes à découvert, à la discrétion des portefeuillistes.
Voilà le genre de nouvelle qui me fait sourciller. Je peux me tromper, mais de mémoire c’est la première fois que je vois une firme de fonds étendre À TOUS ses fonds, l’utilisation de ventes à découvert. Une stratégie spéculative hautement controversée qui a contribué sans l’ombre d’un doute à nous enfoncer dans la crise financière. Au plus fort des secousses en 2009, elles ont même été suspendues sur ordre du gouvernement américain.
La vente à découvert est l’instrument de prédilection des Hedge funds. Mais pourquoi l’étendre à TOUS les fonds Mackenzie?Observer les statistiques de ventes nettes de fonds nous donnera sans doute des réponses. Pour une société de fonds de cette envergure, les résultats sont franchement décevants. Depuis quelques années, à part la famille Ivy, qui retrouve son lustre, on ne peut pas dire que les Fonds Mackenzie récoltent beaucoup d’honneurs. En tout ca, pas à sa dimension. Ajoutons le décès de Peter Cundill, et voilà une institution qui ne réussit plus à réjouir les conseillers et les porteurs de parts.
Mackenzie affirme que «les ventes à découvert peuvent compléter la méthode de placement particulière d’un portefeuilliste et lui permettre d’élargir ses possibilités. Dorénavant, lorsque sa recherche identifiera des titres surévalués qui pourraient être sur le point de perdre de la valeur, il sera en mesure de vendre ces titres à découvert afin d’améliorer les rendements des investisseurs.»
Plusieurs autres firmes de fonds sont passées par ce genre de disette. Et elles utilisent la vente à découvert seulement avec quelques fonds plus spéculatifs. Pour remonter dans la faveur populaire et retrouver de beaux rendements, il n’est pas OBLIGATOIRE d’utiliser ce genre de produits dopants. On peut endiguer ses problèmes en faisant un bon ménage. Le Swiffer doit se faufiler partout: Ils peuvent réduire l’offre monstrueuse de fonds, se recentrer sur leurs valeurs d’origine, diminuer les dépenses (y compris les versements à la société mère), et LA méthode qui fera augmenter IMMÉDIATEMENT les rendements de leurs fonds: BAISSER les frais de gestion. Un moyen simple, efficace qui enchantera le département de marketing et LES CLIENTS.
Sans donner de détails, Mackenzie affirme que l’utilisation de ventes à découvert sera limitée à seulement 20 % de la valeur liquidative d’un fonds et elle a mis en place des mesures de sécurité supplémentaires. Je veux bien savoir lesquelles, parce que c’est ce qui fait cruellement défaut dans l’industrie!
A ce que je sache, collectivement avec ces nananes on n’obtient aucune valeur économique ajoutée. Les défenseurs de vente à découvert affirment que ces «Stéroïdes» de la gestion de portefeuille permettent de SÉCURISER les positions. Je vais le croire lorsque le ménage sera fait et que de véritables contrôles et ratios sérieux entre les dérivés et les actifs sous-jacents seront mis en place. Pour l’instant, c’est toujours le Far Ouest!
Dans le passé, j’ai souvent entendu le personnel de Mackenzie comparer certains de leurs gestionnaires ou leur philosophie à celle de Warren Buffett. C’est donc à partir du 2 avril 2012, que ces comparaisons vont se terminer. Buffett a une sainte horreur des options et produits dérivés. Ils les comparent sans hésiter à «des armes de destruction massive»!