J’avais préparé hier une ébauche de mon billet du jour. J’y parlais de quotient familial, sur la nécessité absolue pour le candidat du PS de défendre son projet, de démontrer son utilité sociale sans se défiler, avec courage et pugnacité. J’y abordais aussi les ridicules allégations de «sabordage de l’acquis majeur du modèle social et familial français» proférées par une droite aux abois, et dont les élucubrations collent de plus en plus finement à la devise de notre bon Maréchal : «Travail, Famille, Patrie».
L’Institut International de la Presse basé à Vienne a recensé 103 journalistes tués en 2011 en raison de leur activité professionnelle, 36 en Amérique latine, 21 au Moyen-Orient, 17 en Asie, le Mexique et l’Irak étant alors les pays les plus risqués.
Il faut malheureusement de tels départs pour rappeler l’importance du journaliste dans notre monde. Cette disparition me bouleverse parce que de temps en temps, comme les modes, la période est au matraquage assez régulier de la profession : servile, irresponsable, aux ordres, etc…. et la blogosphère participe à ce quasi lynchage. En tant qu’observateurs de tout et de rien, les journalistes jouissent de la proximité des puissants, des producteurs d’actus et d’événements, ce qui en fait quelque part des privilégiés, et dont l’audience et l’influence est loin d’être négligeable. Il en est effectivement de bien pourris. Mais comme en toute chose, il faut se méfier des généralités, comme celles que le pouvoir diffuse et entretient avec constance comme les chômeurs/profiteurs, les fonctionnaires/fainéants, auxquels j’ajouterais les commerçants/voleurs, et même les patrons/voyous. Comme la grande majorité de ses confrères, Gilles Jacquier pratiquait son métier avec foi, celle d’informer, de relater, de montrer, d’analyser, de recouper sur le terrain, pas à la façon Pujadas, quelque peu obséquieuse, dans la chaleur et la lumière d’un plateau de télévision.
Je me garderai bien d’accabler cette profession. Elle est en crise, comme bien d’autres, et pour des raisons qui ne sont pas toujours conjoncturelles. C’est l’évolution dit-on, le virage numérique que certains ont mal négocié. La modernité, c’est l’info pré-machée, prête à gober, immédiate, en 200 signes, et forcement gratuite. Pas facile pour un jeune journaliste de s’affranchir du moule du «politiquement correct» et d’échapper à la peur, celle omniprésente du chômage. Je peux comprendre. Nos émissaires deviennent des boucs dont on préfère se plaindre. Seulement, parmi nous, combien achètent un journal ? Combien contribuent à un journalisme de qualité, objectif, impartial, indépendant ? On a finalement bien la presse qu’on mérite.
Et si on réfléchissait un peu soi-même ?
Du coup, je pense aussi à Guy-André Kieffer, froidement assassiné en 2004 à Abidjan, et à quelques autres…