Quand les barrages provoquent une pollution sous-estimée
Une étude récente par deux experts reconnnus des émissions des réservoirs révèle que les estimations officielles par l’agence de l’énergie brésilienne, Eletrobrás, de la quantité de méthane à la surface des réservoirs de barrages, sont largement sous-estimées. Lorsque les scientifiques ont refait les calculs correctement, les résultats ont montré que les émissions des réservoirs à la surface des barrages du Brésil étaient en réalité 345% plus élevées que selon les estimations officielles du gouvernement. Extrapolez à tous les réservoirs du Brésil, et la différence entre les calculs d’Eletrobrás et le calcul correct représente presque autant que les émissions annuelles de carburants fossiles de la plus grande ville brésilienne, São Paulo.Pueyo et Fearnside ont découvert que, en raison de plusieurs erreurs mathématiques, Eletrobrás a calculé de façon erronée les émissions totales de méthane de 223 réservoirs au Brésil. Traduit en tonnes équivalent CO2, la différence entre les valeurs correcte et incorrecte (5,2 millions de tonnes) est presque égale aux émissions fossiles de la ville de São Paulo. Et si on inclut les émissions issues du dégazage au niveau de et sous les turbines et déversoirs des barrages, ainsi que les estimations actuelles du pouvoir de réchauffement du méthane (qui peut être jusqu’à 34 fois plus élevé que celui du CO2), le chiffre atteint les 9 millions de tonnes, plus que ce que tout le Honduras émet chaque année.
Tout cela pour dire que politiciens et décideurs devraient commencer à y penser à deux fois – et vite – avant de présenter les centrales hydroélectriques comme des sources d’énergie propres et décarbonées. Que ce soit lorsqu’on construit des projets massivement impopulaires et destructeurs comme le barrage de Belo Monte sur l’Amazone, ou quand on achète des crédits carbone pour des projets hydroélectriques émetteurs de carbone, cette dernière découverte montre que nous avons besoin de changer fondamentalement la manière dont nous considérons l’énergie hydroélectrique et comment cette dernière trouve sa place dans le débat sur le changement climatique. Les barrages sont sales à plus d’un égard, et les mathématiques sont là pour le prouver.
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