Candidat Villepin : le programme

Le 11 décembre, à la surprise générale, Dominique de Villepin annonçait sa candidature à la présidentielle. Quand on lit son projet pour 2012, on imagine bien le Villepin de la BD Quai d’Orsay, jetant furieusement sur le papier sa vision pour la France de demain.

Un projet rapide à lire (25 pages en Times 14), et sans doute très vite écrit. Pas de diagnostic, pas de phrases inutiles (certaines à peine rédigées), on entre direct dans le vif du sujet.

Les chapitres sur la citoyenneté, la restauration de l’Etat, la fiscalité, l’éducation sont bien développés. On lit avec intérêt une série de propositions visant redonner plus de sens à l’action de l’Etat, à simplifier les procédures, et à replacer le citoyen au cœur de l’action publique et des dispositifs (sur la santé, l’éducation, l’emploi).

Le revenu citoyen de 850€ frappe les esprits, mais aussitôt on se rappelle qu’il a indiqué la semaine dernière sur Dimanche + qu’il ramenait ce montant à 550€ à cause de la crise. Du coup, la mesure ressemble un peu à un RSA bis.

Sur d’autres sujets, comme l’organisation administrative de la France, la politique territoriale, la stratégie européenne, ou le développement durable, le projet est à peine esquissé. Villepin sort quelques propositions, souvent récupérées à droite et à gauche, mais on sent moins la vision d’ensemble. Par moments, on a même l’impression de lire un brouillon : sur la définition des missions de service public de l’Etat, Villepin propose de demander aux citoyens ce qu’ils en attendent, et combien ils sont prêts à payer… idem sur la politique énergétique ! Un peu court, non ?

Au final, quelle place sur l’échiquier politique ? Villepin a l’obsession de redonner son sens et sa force au modèle français, en l’adaptant aux exigences d’un monde qui a changé. On le sent pencher plutôt à droite, la redistribution ou la réduction des inégalités ne paraissent pas être au cœur de son projet. Comment pourra-t-il se démarquer de Bayrou ?

L’impression d’ensemble laissée par ce programme est donc mitigée. De bonnes idées, des propositions innovantes, des concepts à foison (Haut Conseil Franco Allemand, Conseil National Stratégique, TVA 3E, procureur général de la Nation, Cités scolaires, Ecole du socle et Ecole de la détermination, impôt citoyen…) mais un positionnement de droite modérée sur lequel d’autres semblent plus légitimes. Et puis avec une équipe de campagne qui semble-t-il tiendrait dans une cabine téléphonique, ça va pas être simple de tenir jusqu’au premier tour.