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Water Music de T.C Boyle

Publié le 13 janvier 2012 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile
Water Music de T.C BoyleWater music est un grand roman d'aventures loufoque et plein d'humour le lecteur part à la découverte du fleuve Niger et d'une Afrique fourmillante de vie et, d'une Angleterre de la fin du XVIII ème siècle où la paupérisation est oppressante.

Le lecteur en ressort étourdi, abasourdi, émerveillé, emporté par ces 700 pages de pur bonheur, d'un récit haletant. où se mêlent bien des styles littéraires. T.C. Boyle nous fait passer du soleil écrasant de l’Afrique aux sombres et crasseuses rues de Londres avec une aisance et une maestria confondantes.D'une certaine façon, Water Music est un monument de la littérature contemporaine. Se saisissant des aventures de Mungo Park, explorateur écossais qui a réellement existé et a parcouru l'Afrique de l'Ouest, Boyle emprunte tour à tour au roman d'aventure, au genre policier, à l'humour. Tous ces genres savamment mêlés ont pour résultat cet énorme pavé à dévorer. Pour ma part, je l'ai lu en alternance avec les récits de Mungo Park.  Eléments de biographie


Thomas John Boyle naît en 1948 dans une petite ville dans l'état de New York. A dix-sept ans, il change son second prénom pour Coraghessan, pour être en accord avec ses origines irlandaises. Licencié en histoire et en anglais à l'université de New York en 1968, il participe à l'atelier d'écriture de l'université de l'Iowa. Il devient ensuite éditeur de fiction pour l'Iowa Review et professeur d'anglais à l'université de Californie du Sud à partir de 1978.
Son premier roman, Water Music, paraît en 1982. C'est un énorme pavé polyphonique, vrai faux roman historique, aventure picaresque et délirante. Son héros est Mungo Park, un explorateur et géographe écossais.Sa veine écologiste est fortement marquée dans divers romans dont Un Ami de la Terre ou Après la Peste.
Les États-Unis et la société américaine de la fin ou des débuts des XIXe et XXe siècles (romans historiques sur le fondateur des petits-déjeuners céréaliers, le Dr. Kellogg – dans The Road to Wellville, ou les balbutiements de la psychiatrie, avec Riven Rock), ou les grands problèmes de la société américaine contemporaine (ainsi de l'immigration avec The Tortilla Curtain) sont à la base de ses romans.
Ses droits d'auteur lui ont permis d'acquérir, sur les hauteurs de Santa Barbara, une vaste demeure historique conçue par le célèbre architecte Frank Lloyd Wright qui a été le sujet d'un de ses derniers ouvrages : les femmes.

Revenons à Water Music
Le Niger… fleuve ô combien mystérieux pour les Européens de cette fin du XVIIIème siècle. Dans quel sens coule-t-il ? Où se jette-t-il ? Telles sont les questions auxquelles Mungo Park, explorateur écossais, mandaté par la société britannique de géographie, a décidé de répondre et qui justifie sa présence sur le continent africain. ...

L’ennui, avec bien des romans à trame historique, c’est que leurs auteurs peuvent donner parfois le sentiment d’y asséner d’indiscutables vérités. Sans faire preuve de suffisamment de distance pour rappeler qu’il s’agit avant tout d’un roman, avec toute la subjectivité, les choix et la créativité que cela implique.
Le propos de TC Boyle n’est pas de coller à la vérité historique, ainsi qu’il nous en informe en avant-propos de « Water Music ». Et pour ceux qui ne l’aurait pas bien compris, il nous le souligne par la bouche de son personnage Mungo Park :
« Tu ne vois donc pas tout ce que mes écrits auraient d’insupportablement ennuyeux si je m’en tenais aux faits purs et durs et ne m’autorisais pas à les embellir ? (…) mais mes lecteurs ne le supporteraient jamais ! Ils veulent des faits ? Qu’ils lisent donc Hansard ou la rubrique nécrologique du Times. Non, quand on ouvre un livre sur l’Afrique, c’est de l’aventure qu’on veut, du merveilleux, des histoires (…). Et moi, justement, des histoires, c’est exactement ça que j’ai l’intention de leur donner, à mes lecteurs. Des histoires ! »
Des histoires, de l’aventure, TC Boyle nous en donne à lire et même à foison ! 
D'une jungle à l'autre
L'auteur prenant librement , et pour notre plus grand plaisir, ses distances avec la réalité historique nous fait voyager entre les sordides bas-fonds londoniens (comme jungle urbaine et industrielle ?) et les jungles et savanes africaines, peuplées de tribus et de royaumes étranges et inquiétants, d'une certaine façon commune aux deux continents.
Des sordides bas-fonds de Londres d'une saleté repoussante, où survivent des créatures plus misérables les unes que les autres, à l’implacabilité de l’Afrique, où d’insupportables chaleurs succèdent aux pluies torrentielles et délétères, il nous décrit un univers picaresque, barbare, paillard, que l’on découvre avec étonnement. Car,’en dépit de la violence et la noirceur du récit, par moment, des destins malchanceux et pauvres, que l’on y croise, le ton est gouailleur, parfois même hilarant et désopilant… T.C Boyle aime à jouer de ce paradoxe, avec une distance teintée d’humour, comme lorsqu’il prétend que l’enfance de son héros Ned Rise aurait « donné le frisson à un Zola » !Au cours de ma lecture, il m’est arrivée de songer au Zola de « L’assommoir », voire aux « Misérables » de Hugo, tant la pauvreté, le malheur et la guigne semblent s’acharner sur certains des protagonistes. Communes sont à Zola, Hugo et TC Boyle la puissance d’évocation qui émane de la description très documentée et précise de leurs conditions d’existence.
Si la découverte de « Water Music » évoque ainsi le souvenir de lectures aussi diverses, c’est sans doute parce que TC Boyle est parvenu à réunir, dans un seul ouvrage, en une habile symbiose, les composantes de plusieurs genres de littérature. Il « tricote » sont roman avec le suspense d’un roman d’aventures et le souffle d’un roman historique, l'âpreté d’un roman réaliste, avec l'humour en plus…
L'histoire Fin du XVIII° siècle, à Londres, Ned Rise survit en utilisant bien des expédients : vol, escroquerie, commerces louches, il essaie tout pour essayer de sortir de la fange, de l’horreur des bas-fonds londoniens. A des milliers de kilomètres de là, Mungo Park, jeune écossais ambitieux, est tombé dans les mains des maures alors qu’il était parti découvrir le fleuve Niger. Pendant les 20 années suivantes, leurs vies vont se poursuivre, pleines de peines, de violence, ou de gloire, pour finir par se rejoindre et sceller leur destin commun. Baroque, époustouflant d’invention, aussi grouillant de vie que l’Afrique que découvre Mungo, aussi sombre et désespéré que le destin des pauvres dans l’Angleterre manufacturière et industrielle, de la fin du XVIII° siècle, ce roman est un choc. Le lecteur reste étourdi, abasourdi, émerveillé, emporté par ce flot impétueux ; 700 pages de pur bonheur. T.C. Boyle jongle avec les lieux, les personnages, passe du réalisme le plus pur, au des scènes presque magiques, du soleil écrasant de l’Afrique aux sombres et crasseuses rues de Londres avec un aisance et une maestria confondantes. Un livre immense.Présentation de l'éditeurLe XVIIIe siècle expire, tandis que Paris se fatigue de la guillotine et que Londres continue à se saouler au gin, l’explorateur écossais Mungo Park découvre le royaume de Ségou, en Afrique. Pour les inconditionnels de T. C. Boyle (Prix Médicis/Etranger, 1997), Water Music (1981) fait un peu figure de livre-fétiche. L’auteur y a mis, outre son désir de provoquer notre époque, cette ambition parfaitement folle de rassembler en un même creuset toutes les formes de fiction où le génie anglo-saxon a excellé depuis trois cents ans, du conte libertin en costume d’époque au roman noir américain.

J’ai lu plusieurs romans de cet écrivain et j’avoue que son écriture baroque est de qualité, même si parfois il en fait un peu trop (se regarde-t-il écrire et/ou aime-t-il à se lire ?), comme dans la gestion de son image. Grâce à son humour, souvent bienvenu dans les descriptions parfois durement réalistes de cette époque et à des rebondissements judicieux, quoi que parfois trop nombreux à mon goût, ce roman d’aventures de 700 pages se lit facilement et agréablement et il le reste d'autant plus si le lecteur s'accorde le droit (de se faire son livre dans le livre...suis assez adepte de cette manière de lire) et de faire l'impasse sur certaines pages et/ou paragraphes.
Un bon roman pour se dépayser d'une grande richesse de vocabulaire et de l’érudition et de l'humour...toujours !



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