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Rousseau, une philosophie à pleurer !

Publié le 14 janvier 2012 par Copeau @Contrepoints

Que penser de Rousseau dans une perspective libérale? L’Aleps propose une réponse, en complément de ce qu’en dit déjà Wikibéral.

Un article publié en collaboration avec l’Aleps

Rousseau, une philosophie à pleurer !
Michelet a admiré Rousseau : « Il a vaincu, tous ont pleuré ». Des milliers de ses contemporains ont été conquis par ses bons sentiments, par sa sensiblerie : ses appels au cœur, aux passions ont masqué toutes les incongruités de son œuvre. Les pleurs tiennent lieu de raison. Rousseau ne se proposait-il pas de « perfectionner la raison par le sentiment » ? Ont aussi pleuré sans doute les millions de victimes des dictatures, de la Terreur au Marxisme, qui ont tiré leur légitimité de la « philosophie » de Rousseau.

De l’état de nature à l’état social : la grande corruption

Chez Rousseau l’état de nature est un paradis sur terre, où l’homme est bon, même s’il est amené à user parfois de la force – mais c’est une force naturelle. La nature est bonne, Rousseau est le vrai père de tous les écologistes.

Mais voilà que le paradis  s’est perdu. Le monde d’abondance naturelle et d’harmonie spontanée disparaît avec la multiplication des hommes  qui crée une rareté des ressources, et avec elle un processus d’appropriation : les hommes se regroupent pour lutter pour la propriété des terres. Alors les inégalités apparaissent : la société a corrompu l’homme. La science, la connaissance, la division du travail qui crée des solidarités artificielles : tout cela ne constitue pas un progrès, mais une régression. Avec l’état social apparaît l’oppression, l’aliénation, et Rousseau a pu passer pour « libéral » à cause de sa révolte contre le despotisme des monarques et de la religion.

Le contrat social fondé sur la volonté générale

Alors, Rousseau anarchiste ? Point du tout, car il propose la solution alternative à la propriété et au despotisme : le contrat social. Ce n’est ni celui de Hobbes, ni celui de Locke, c’est un contrat jailli spontanément des peuples. Le peuple est une entité issue du subconscient collectif, il n’est pas le produit d’une institution, mais d’un sentiment commun. La communauté n’est pas bâtie sur l’échange ni sur les relations interpersonnelles, mais sur le sentiment d’appartenance. Rousseau est ainsi le philosophe du holisme, de la supériorité du tout sur l’élément.

Grâce au contrat social, les règles de la société holiste s’imposeront à tous, au nom de la volonté générale, seule source du droit : le pouvoir naît de la souveraineté populaire. Les règles naissent de la démocratie, c’est-à-dire du suffrage universel. Mais Rousseau prend soin de disséquer les procédures de vote, en soulignant que l’opinion personnelle qui s’exprime dans l’isoloir n’a plus d’importance une fois le vote majoritaire acquis, car chacun se retrouve dans le résultat, quel qu’il soit, puisqu’il exprime la volonté générale.

La démocratie populaire

Rousseau peut ainsi passer pour l’inventeur de la démocratie populaire « moderne ». Expression de la volonté générale, la démocratie ne saurait être contestée. Elle n’est pas « représentative », il n’y a pas d’élus exprimant des opinions différentes et investis d’un mandat impératif, il n’y a que des « législateurs » oeuvrant dans le sens du bien collectif.

La tâche prioritaire du Législateur (ici le singulier est un signe fort) est de mettre en place un système d’éducation, puis une religion officielle, sous l’autorité d’un Etat – dont on ne sait avec clarté ni qui le constitue ni comment. L’éducation d’Etat a pour mission de maîtriser l’individualité de l’enfant pour l’amener à se fondre dans le collectif. Et la « religion civile », consubstantielle au  pouvoir politique, ne peut être reniée ou combattue que par des individus insociables, « incapables d’aimer sincèrement les lois, la justice », et qui seront naturellement « punis de mort ». Voilà qui nous ramène à l’état de nature !

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