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L’Elégance du hérisson…

Publié le 14 janvier 2012 par La Fille Aux Chaussures

L’Elégance du hérisson…

Un livre quasi philosophie, voilà comment j’ai appréhendé ce petit bouquin, dans lequel le message serait à peu près celui-là : « La vie n’est que paradoxe ! ».

Le hérisson, c’est Madame Michel, concierge de son état. Elle a prénommé son chat Léon, hommage à Léon Tolstoï. Cette quinquagénaire mal léchée, rude et secrète, est passionnée de littérature russe et de cinéma japonais. Durant 27 ans, elle a dissimulé sa culture, pour avoir la paix, jusqu’au jour où le nouveau propriétaire – Monsieur Ozu, un richissime japonais – la démasque. Bousculant toutes les conventions, il l’invite à dîner.

Dans cet immeuble bourgeois de la rue de Grenelle, on y retrouve un autre personnage en marge : c’est Paloma, une petite fille de 12 ans, surdouée et malheureuse, qui voit l’absurdité de la vie, celle de ses proches : sa sœur normalienne, sa mère sous antidépresseurs, son père un peu lâche. C’est dans les mangas qu’elle trouve la vérité. Elle a décidé de se suicider à la fin de l’année scolaire, en prenant soin de récolter chaque jour une petite « pilule magique » dans la chambre de sa mère afin de mener à bien son projet macabre.

La rencontre entre les deux protagonistes féminines aura lieu, à l’occasion de l’arrivée du nouveau voisin.

A travers ces personnages, nous assistons à une satire sociale assez mordante (les vieilles rombières à caniches, les filles de riches qui parlent à la manière des loulous de banlieue, le néant de ces existences sous cellophane…). Par son écriture loin de toutes fioritures, Muriel Barbery parvient à déjouer les écueils, à donner de l’ampleur et une densité à son récit qui devient véritablement émouvant sur la fin. Les personnages les plus grotesques possèdent des failles et une certaine humanité et l’écrivain parvient à restituer un microcosme qu’on ne trouve plus du tout artificiel.

Autant je m’étais ennuyée avec «Une Gourmandise » autant là, j’y suis tombée les deux pieds dedans!

 » Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. « 

« L’Elégance du hérisson » de Muriel Barbery – Ed. Folio – 7,80 euros.
Prochaine lecture « Une vie française » de Jean-Paul Dubois.

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