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Nouveau départ [Des histoires de filles]

Par Poulettenela

Pour vous accompagner dans votre dimanche, je vous fais découvrir une nouvelle petite histoire.

Quand on croise un ex – qui nous a fait très très mal – totalement par hasard lors d’une soirée, ça donne quoi ?

J’ai essayé de deviner…

Bonne lecture !

Nouveau départ [Des histoires de filles]

 

NOUVEAU DÉPART

Une soirée people, des robes à paillettes, une boîte de nuit tendance, des cocktails démentiels…

Quoi de mieux pour retrouver le sourire et mettre entre parenthèses la morosité ambiante ?

Je sors du parking, lisse une dernière fois ma robe bustier, rectifie une mèche rebelle et me dirige sereinement vers l’entrée, le fameux sésame à la main.

Cette invitation tombait à point nommé et après une très brève réflexion (15 secondes tout au plus), j’ai renvoyé le petit coupon griffonné d’un « OUI » en lettres capitales.

Le service d’ordre valide mon identité parmi le listing des très prisés invités et la double porte s’ouvre comme par magie.

Me voilà dans l’antre de LA soirée parisienne à ne pas manquer cette année.

LA soirée dont toute la presse parlera demain.

LA soirée où de belles rencontres sont à prévoir.

Les rythmes tribaux des derniers sons électro me font vibrer de la tête aux pieds.

Nous sommes dans un autre univers.

Je descends les marches unes à unes, dans une pénombre limite angoissante et me retrouve parmi une foule dense et compacte agglutinée à l’entrée de la piste de danse.

Mannequins, sportifs, animateurs télé, business man, riches héritières… ils sont venus des quatre coins de la planète pour l’inauguration de ce lieu de prestige.

Dior, Chanel, Saint Laurent, Versace… habituellement je salive sur ces collections dans mon Elle chouchou.

Mais ce soir, tout est à portée de main, et je ne sais plus où donner de la tête : étoffes, bijoux, chaussures, pochettes…

- « Te voilà !!! Je t’attends depuis ½ heure !!! Tu t’es perdue ou quoi ?? »

Martine… ma grande amie Martine… ma sublime Martine…

Ses cheveux flamboyants se frayent un passage dans la foule et elle me rejoint tout sourire.

- « Je suis ravie que tu aies pu venir !! Regarde autour de toi !! C’est génial non ? »

Elle tend un bras vers la salle et je découvre les milliers de ballons argentés, les jeux de lumières et les volutes de fumées qui reconstituent ce ciel féérique.

Je suis encore scotchée par ce spectacle magique lorsque Martine me tire sur le bras.

- « Gourde !!! Qu’est ce que tu regardes là-haut ?? Je ne te parle pas des ballons !!! Regarde AUTOUR de toi !! Des mecs, des mecs et encore des mecs »

Mes yeux se sont plus ou moins habitués à la pénombre et je découvre, le cœur battant, des types plus sublimes les uns que les autres.

Est-il possible d’avoir une concentration aussi importante de beaux gars ?

C’est quand même dégueulasse pour celles qui n’ont pas été invitées !

Nous nous dirigeons vers le bar où nous attendent les amis des amis de mon amie… (Toujours compliqué ce type d’invitations).

Je tente discrètement de regarder plus en détail cette brochette de testostérone, juste comme ça, au cas où je reconnaisse quelqu’un, mais nous marchons bien trop rapidement.

Martine se retourne au bout de quelques secondes et me regarde de haut en bas.

- « Je n’avais pas vu… Tu es TERRIBLE !! Et je ne suis pas la seule à le penser… » me dit-elle dans un clin d’œil.

Je pique un léger far, imperceptible dans cette obscurité, et m’installe à la table qui nous est réservée.

Je rencontre Magali et Thomas, un jeune couple de publicitaires qui arrive de Nice ; Emmanuelle, une quadra sexy ancienne bookeuse d’agence de mannequins ; Pierre et Charles, un couple de clubbers et… Eric…

Eric, musicien-artiste-photographe-écrivain, beau comme un dieu, plus que sexy…  mais totalement saoulant !

Il me faut mois de deux minutes pour m’en rendre compte…

Sa vie, son « œuvre », son TALENT, il n’a d’yeux que pour son nombril.

J’ai rarement rencontré un type pareil.

Il passe un véritable entretien d’embauche.

Je hoche poliment la tête à intervalle régulier, souris parfois quand je le vois se marrer, émets des « ah oui ? » ou des « génial ! », mais j’ai décroché depuis bien longtemps.

Mon regard est irrévocablement attiré par une silhouette lointaine, accoudée au bar.

L’attitude, le profil, la façon de se mouvoir… tout me rappelle une vague connaissance… une amourette qui date de quelques mois et qui s’est terminée par un silence pesant, sans aucune explication.

Mon esprit vagabonde et je m’amuse à fantasmer sur des retrouvailles.

Et si c’était lui ?

La distance et l’obscurité m’empêchent de confirmer mes doutes.

Je l’imagine se retourner et deviner ma présence.

Nos regards se croiseraient alors et nos corps se sentiraient attirés comme des aimants. (soupir)

Nous marcherions lentement l’un vers l’autre, la foule s’ouvrirait sur notre passage (re-soupir, violons).

Il me prendrait dans ses bras et me déclarerait « j’ai pensé à toi nuit et jour depuis notre séparation » avant de m’embrasser passionnément.

- « Et là, je dis au producteur : Hey mon gars, si tu es incapable de déceler mon indéniable talent c’est que tu ferai bien de changer de métier »

Un rire gras me tire de mes rêveries.

Eric est fier de sa vanne et je le regarde interloquée.

Comment un mec aussi sexy peut-il être aussi stupide ?

Si au moins il ne s’exprimait pas, l’illusion pourrait presque être parfaite.

Martine est partie rejoindre d’autres connaissances, elle pensait me laisser en « bonne compagnie » et je me retrouve coincée.

Je n’avais pourtant qu’une envie : m’amuser, boire un peu, être légère, dragouiller gentiment… en un mot : profiter.

Eric me prend le bras.

- « Tu n’as pas dit grand chose… Tu vas bien ? »

Il s’adresse à moi ?

C’est de ma personne qu’il se soucie ?

J’en suis toute chose… Monsieur Nombriliste aurait-il un soupçon d’altruisme ?

Je vide mon verre et l’observe un instant.

Il est vraiment canon en fait… alors pourquoi ne pas profiter un peu de la soirée ?

Il est trop bavard à mon goût ?

J’ai quelques petites idées intéressantes pour lui occuper la langue…

Je m’avance langoureusement vers lui en tendant mon verre vide.

- « Apporte-moi un autre verre, et je te promets de te dévoiler mes secrets inavouables… »

Un sourire coquin se dessine sur son visage et son regard se fait malicieux…

L’hameçon a mordu et la soirée promet d’être torride.

Je dénoue mes cheveux et m’installe confortablement sur un des fauteuils, dos au bar.

Eric revient après quelques secondes et sa main effleure mon épaule… Mon corps est parcouru d’un frisson…

Il pose le verre sur la table et je constate qu’il ne s’agit pas de ma commande.

- « Champagne… C’est ce que tu prends habituellement, non ? »

Oui, c’est mon péché mignon.

Et non, il ne s’agit pas d’Eric.

Je me retourne brusquement… Cette silhouette accoudée au bar appartenait bel et bien à mon souvenir.

- « Ton cavalier fait la queue au bar, je peux m’asseoir un instant ? »

Quelques semaines auparavant j’aurai tué pour vivre ce moment.

Le rencontrer par hasard, renouer les liens, redémarrer là où on s’était arrêté…

Quelques semaines auparavant…

Mais ce soir, je voulais m’amuser, flirter… L’oublier…

Et alors que j’avais fait le deuil, que j’avais surmonté la peine et la colère, il apparait comme par magie… et vient tout gâcher.

J’étais sereine en arrivant et me voilà tendue et déstabilisée.

Je lance un regard discret au bar et constate qu’Eric est en grande conversation avec d’autres connaissances.

J’ai donc quelques minutes devant moi.

Je me relève pour laisser passer mon hôte et lui désigne un fauteuil.

Son corps frôle le mien et il s’installe.

Son regard est perçant et son expression totalement neutre. Il ne me quitte pas des yeux.

- « Tu as changé de parfum ? Je ne reconnais pas cette fragrance… 

- Ah oui ?? Il te reste des souvenirs de moi ? Tiens donc ! »

Je suis volontairement agressive.

Il m’a blessée, m’a laissée sans nouvelles, n’a pas répondu à mes appels, est parti sans un mot.

Et ma rancœur refait surface.

- « Ne dis pas de bêtises. Je n’ai rien oublié. »

Je suis mal à l’aise. Je ne me suis pas préparée à cet affrontement.

Pour moi, il faisait partie du passé et je ne pensais pas le revoir.

Je trépigne nerveusement et me retourne vers le bar.

Eric est sur le retour, deux verres à la main.

Il nous observe, visiblement intrigué par cet homme qui me tient compagnie.

- « Ecoute, je n’ai aucune envie de ressasser ces souvenirs. Tu as eu l’occasion de t’expliquer et tu ne l’as pas fait. Ce n’est ni l’endroit, ni le moment. Je suis passée à autre chose et mon rendez-vous arrive. Alors, s’il te plaît, veux-tu bien nous laisser ? »

Son sourire s’efface et il se lève brusquement.

Eric s’est approché et pose nos commandes sur la table.

- « Bien entendu… Je voulais simplement savoir comment tu allais. »

Il nous balaye du regard et termine par « Je vous souhaite une excellente soirée. »

Tu parles !

J’ai envie de lui hurler dessus !!

Il m’a toujours mise hors de moi. Ça a duré des mois, et là encore il recommence !

Il m’a pourrie ma soirée.

Je suis agacée, énervée, irritée…

Eric me regarde soucieux et s’assied devant moi.

- « Tout va bien ? Tu sembles tendue… »

Je soupire profondément et tente de me calmer.

- « Tu sais, moi quand je suis contrarié, j’applique une technique ultra-simple que m’a conseillée un maître bouddhiste… Alors tu fermes les yeux, tu inspires trois fois… »

Bon, définitivement il me saoule.

Il est beau, bien foutu et tout ce qu’on veut… Mais un pois chiche à la place du cerveau c’est éliminatoire.

Et ma diplomatie est arrivée à saturation.

Je me lève brutalement, l’interrompant dans son laïus.

- « Eric, tu es charmant… Mais franchement, nous n’avons rien à nous dire. Il vaut mieux que j’aille faire un tour ailleurs. »

Je suis consciente d’aller trop loin, mais il paye pour les autres.

Des sentiments enfouis depuis plusieurs semaines refont surface : la frustration, la douleur, la honte…

Je n’aspire qu’à une chose, trouver un coin tranquille, siroter un verre et reprendre mon calme.

Je cherche Martine des yeux, après tout l’épaule d’une copine, là tout de suite, ça ne serait pas du luxe.

Elle est en pleine discussion au milieu d’un groupe et semble s’éclater.

Ce n’est pas le moment de lui gâcher sa soirée.

Je repère une table isolée à quelques mètres et fais un signe au serveur pour qu’il me la réserve.

Je m’apprête à m’installer confortablement et suis littéralement coupée dans mon élan.

Le motif de mon humeur massacrante et de la déconvenue de cette soirée est planté devant moi… une jolie blonde au bras.

Je n’en peux plus !

Le voir ce soir était déjà inconcevable, mais découvrir en plus LA RAISON de cette rupture…

C’en est définitivement trop pour mon cœur brisé.

Il est tendu, visiblement déstabilisé par cette confrontation.

- « Ce n’est pas la jeune femme à qui tu parlais tout à l’heure, mon amour ? »

La jolie blonde me regarde avec un grand sourire.

Elle semble charmante, amoureuse, douce… et je la déteste déjà.

Ils s’avancent vers moi, main dans la main, elle rayonnante et lui totalement fermé.

- «  Marianne, je te présente Emma une amie. »

Son regard me sonde une seconde et il continue dans un souffle.

- « Emma, je te présente Marianne… ma fiancée. »

Mon cœur cesse de battre un instant.

Un frisson parcourt mon échine et je n’ai heureusement pas le temps de répondre.

- «  Vous serez parmi nous j’espère… La cérémonie aura lieu dans quelques mois. Et je tiens à rencontrer tous les amis de l’homme de ma vie !!! »

J’ai envie de vomir.

Elle le dévore des yeux, totalement envoutée et aimante.

Il la regarde en souriant et lève tristement les yeux vers moi.

Il semble totalement dépassé par les évènements, et visiblement nous avons un point commun ce soir : cette rencontre est déstabilisante.

Je dois m’enfuir au plus vite.

Il s’agit de préserver un minimum de dignité.

- « Je vous présente tous mes vœux de bonheur. Ce fut un plaisir de vous rencontrer. Vous formez un couple charmant. »

Je tourne les talons sans attendre de réponse et presse le pas.

- « Emma ! Attends ! »

Je ne dois pas me retourner.

- « Elle est vraiment belle ton amie… Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé d’elle ? »

Les explications scabreuses, je les lui laisse.

Fuir… fuir à tout prix…

Je trouve refuge dans les toilettes pour femme où je prends quelques minutes pour m’isoler et me donner une apparence normale.

Puis je file au bar, évitant de croiser le moindre regard, et commande une vodka tonique.

La brûlure de l’alcool dans ma gorge me redonne un coup de fouet.

Je fais le vide dans mon esprit.

Mon corps se détend petit à petit, les battements de mon cœur ralentissent, et d’une façon inexpliquée une sorte de soulagement s’empare de moi.

C’est presque une libération.

Je suis perdue dans mes pensées, lorsque l’on effleure mon bras.

Un homme charmant me regarde en souriant…

- « Mademoiselle, si je puis me permettre… vous êtes à couper le souffle… »

Je lui souris à mon tour, touchée par ce compliment.

Des papillons frétillent dans mon ventre et je lui propose de s’asseoir à ma table.

La vie reprend ses droits.


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