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Mythes des personalités congolaises (De Kasavubu à Joseph kabila)

Publié le 16 janvier 2012 par Rm Communication
Mythes des personalités congolaises (De Kasavubu à Joseph kabila)

Les grand hommes politique de la RD Congo

Je pense que la plus grande erreur de la jeunesse congolaise est d’entretenir certains mythes sur l’histoire du pays et des personnalités qui ont participé à sa gestion. Que savons-nous de Kasavubu, Lumumba, Mobutu, Tshisekedi et L-D Kabila? En réalité pas grand chose. Nos aînés ne nous ont rien appris et nous n’avons pas cherché à comprendre certains pans de notre histoire.

Pendant longtemps (et même aujourd’hui encore) nous avons dit de Lumumba qu’il était fou. Simplement parce qu’il a résisté à l’impérialisme occidental. D’autres disent même encore aujourd’hui qu’il est mort « bêtement », par sa propre faute. Étonnant !

L-D Kabila a toujours était décrit comme un soulard. Oui, il l’était. Mais c’était aussi un nationaliste qui ne voulait pas laisser son pays aux mains des bandits. Je crois qu’il a été très naïf et assoiffé du pouvoir. En revanche, il avait de bonnes idées sur le développement du pays. Son programme économique calqué sur le modèle socialiste n’a pas plu à ses « maîtres » occidentaux. Ce qui entraina sa perte.

Tshisekedi a certes lutté contre la dictature mobutienne mais c’est un homme qui est demeuré plus dogmatique que réaliste. Le mythe qui entoure sa personne est plus dû à l’image « très diabolique » que les Congolais se sont toujours faits de Mobutu (cela n’enlève rien de son combat pour un État de droit). En fait, tout celui qui pouvait résister au « grand démon » Mobutu ne pouvait qu’être pris pour un « héros » par les Congolais.
Or Mobutu n’était pas ce « grand démon » qu’on a toujours peint. Oui, il a commis des erreurs. Son bilan socio-économique fut certes catastrophique mais tout son mandat n’était pas seulement fait de crise et de misère. La plupart de nos aînés peuvent en témoigner et jusqu’à la mi-80, le pays s’en sortait quand même assez bien. Était-il aussi « diabolique » qu’on le dit? Je ne crois pas (je ne dis pas qu’il n’a pas commis de crimes) ; des gens comme Tshisekedi et le Cardinal Mosengwo doivent nous dire la vérité. La commission sur les assassinats de la Conférence nationale souveraine (dominée par l’opposition) a prouvé que plusieurs crimes ne relevaient pas de la seule personne du président. Nous savons par exemple que le massacre de Lubumbashi (attribué à Mobutu et sa DSP) n’a jamais eu lieu. Mais à cause de l’irresponsabilité de la classe politique congolaise, entre autre l’opposition, notre pays a été soumis à un embargo qui a eu des conséquences graves sur son avenir. Nous y reviendrons. L’analyste politique l’Abbé Jean-Pierre Mbelu pose un regard critique qui doit interpeller chaque congolais aujourd’hui. Il écrit: « Oui. Pendant ses moments de lucidité, Mobutu avait su aborder des thèmes de la politique africaine et internationale mettant mal à l’aise ses “créateurs”. Son ouverture au courant démocratique vers les années 90 par l’organisation des consultations populaires sera un acte politique comptant parmi ceux qui le discréditeront à jamais aux yeux de ses “maîtres” et de ses flatteurs. (Ils parlent toujours de la démocratie sans y croire !). Malheureusement, toute cette histoire n’est étudiée presque pas chez nous. Dès qu’une allusion est faite à Mobutu, tout le monde reproduit l’image du dictateur répandue par “ses créateurs”. Les questions qu’il a abordées pendant ses heures de lucidité et qui ont contribué certainement à son discrédit sont vite oubliées. » Et Jean-Pierre Mbelu de poser cette question plus que pertinente avant d’y répondre : « A qui la faute ? A l’hégémonie culturelle occidentale dans laquelle baignent plusieurs d’entre nous et à leur propre paresse intellectuelle. Souvent, nous reconduisons le discours dominant et convenu de l’Occident, sans un minimum d’esprit critique. »

Ce que soulève Jean-Pierre Mbelu, une personne qu’on ne peut soupçonner d’être Mobutiste, est révélateur de la manière (biaisée) dont les Africains lisent leur histoire. En écrivant mon livre, je me suis longuement intéressé au cas rwandais puisqu’il est d’une certaine façon lié à la problématique congolaise. Après près de deux ans de recherche intensive (interview avec des acteurs de la classe politique ce pays, des officiers de l’armée, consultation de certains documents officiels et confidentiels, bouquins, etc.), je fus frappé de constater que presque tout ce qui avait été dit sur le président Habyarimana (grand ami de Mobutu) était d’une grande fausseté. En fait, l’histoire même du génocide rwandais est bâtie sur ce gros mensonge. J’ai découvert par exemple que le « réseau zéro » (soi-disant escadron de la mort qu’auraient mis en place le président et son clan pour assassiner les membres de l’opposition, l’équivalent de ce que les Congolais appelaient au temps de Mobutu « Hiboux ») n’avait jamais existé et quinze ans plus tard, des membres de l’opposition rwandaise avouaient devant le TPIR qu’il s’agissait d’un montage pour discréditer le président Habyarimana. Ahurissant ! Pourtant les livres d’histoire retiennent toujours la version officielle truffée de mensonges.

En enquêtant sur la vie de Bokassa, le journaliste franco-camerounais Charles Onana (premier journaliste à accéder aux archives secrètes de l’empereur) a, lui-aussi, été surpris de constater que la plupart de ce qui se raconte sur l’homme n’est que mensonge, des mensonges fabriqués par ses anciens « maîtres » occidentaux. Combien d’Africains le savent ? Comme le fait observer J-P Mbelu, tout cela est dû à « l’hégémonie culturelle occidentale dans laquelle baignent plusieurs d’entre nous. » Bref, je ne suis pas là pour défendre tous ces hommes. Mais je crois qu’il est grand temps pour nous de comprendre certaines réalités et connaître certaines vérités sinon nous demeurerons les dindons de la farce dans ce monde. Ne dit-on pas que celui qui ignore son histoire est appelé à la revivre ? N’avons-nous pas vu des Africains appuyer l’invasion brutale et diabolique de la Libye par les fascistes de l’OTAN ? Ces Africains répétaient comme des moutons ce que disaient les « maîtres » : Kadhafi a massacré son peuple, que c’était un terroriste et patati patata. Mais combien d’Africains savent-ils que les actes terroristes attribués à Kadhafi dans le passé étaient, dans certains cas, commis par les USA ? Les têtes occupées par le discours dominant reproduisent les discours des « maîtres ».

Nous devons désormais interroger l’histoire avec rigueur et sans partisannerie. Non pas pour vilipender nos dirigeants à tout bout champ, mais bien pour apprendre de leurs erreurs et bêtises afin de construire notre pays sur de nouvelles bases… Je bois quand même mon lait.

Patrick Mbeko



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