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Affaire Hildebrand: "Pages de gauche", ou le bon sens de socialistes

Publié le 16 janvier 2012 par Francisrichard @francisrichard

Affaire Hildebrand: Pages de gauche est un mensuel d'opinions socialistes indépendant... du parti socialiste. Ce qui lui permet de prendre ses distances avec ce parti tout proche de lui, quand il fait fausse route, et nous vaut des réflexions frappées au coin du bon sens.

Au sujet de l'affaire Hildebrand, sur le site ici de ce mensuel [d'où provient la photo], en date du 12 janvier 2012, la rédaction signe un article auquel il serait presque possible de souscrire entièrement si des réflexes, bien de gauche, n'en émaillaient le propos...On ne se refait pas...

Sur le fond de l'affaire, qui, selon elle, est "beaucoup plus grave que ce que se sont efforcés de faire croire les responsables", cette rédaction écrit fortement :

"Il est proprement scandaleux que le président d’une banque centrale, en charge de la monnaie d’un pays et disposant d’un pouvoir immense sur la fixation de son cours, fasse la moindre opération suspecte sur des devises avec ses avoirs personnels."

Quels que soient les montants, c'est bien évidemment scandaleux. Cette évidence n'est cependant toujours pas partagée vraiment par le protagoniste, ni pas toujours par ses soutiens politiques et médiatiques.

La rédaction, socialiste, de Pages de gauche, ne peut toutefois pas s'empêcher de relever que les montants étaient d'importance pour le péquin moyen et que le gain réalisé en deux opérations, à six semaines d'intervalle, correspondait à... rien de moins qu'au salaire médian suisse.

Avec le consensus qui s'est fait pour défendre l'indéfendable, la rédaction n'est pas tendre :

"Le mutisme du Conseil fédéral, alerté avant Noël sur ces opérations suspectes, puis le soutien quasi unanime de la presse suisse envers le président de la BNS sont au moins aussi coupables."

Elle n'est pas tendre non plus avec le camp bourgeois, pour lequel elle n'a pas, semble-t-il, grande considération :

"Que le PLR et le PDC défendent servilement les puissant·e·s [le réflexe épicène est également là, hélas], surtout lorsqu’ils ou elles ont commis des infractions, cela n’étonnera personne." 

Mais elle en veut surtout au président du PSS, Christian Levrat, de leur avoir emboîté le pas :

"Christian Levrat n’a rien trouvé de mieux que d’avaliser la défense du président de la BNS, et de s’offusquer dans un même mouvement que les informations compromettantes aient été obtenues par une violation du secret bancaire, en demandant que Christoph Blocher et la Weltwoche soient traduits en justice !"

Car défendre le secret bancaire - donc la sphère privée - n'est certainement pas socialiste :

"Faut-il lui rappeler que, pour les socialistes, le secret bancaire est illégitime et ne doit en aucun cas être protégé ?"

Si ce premier argument est sans aucun doute idéologique, le deuxième ne l'est qu'un peu moins :

"Faut-il de plus ajouter que les informations transmises par l’employé de la banque Sarasin et ayant conduit à la démission du président de la BNS, étaient d’intérêt public – c’est le moins que l’on puisse dire – et que cet employé était donc parfaitement légitimé à les transmettre pour qu’elles soient utilisées ?"

Car, objectivement, qu'est-ce que l'intérêt public ?

A contrario, si enquête il y a, il sera important de savoir si cet employé, choqué légitimement par ces transactions, qui s'est dénoncé et a été licencié, en a parlé ou non à sa hiérarchie avant de sauter le pas.

En tout cas le mensuel socialiste en franchit un de pas en n'hésitant pas à faire carrément un héros de ce sympathisant de l'UDC :

"Cette personne a commis un acte magnifique qui doit être reconnu comme tel, il a été un de ces héros ordinaires qui agissent lorsque les circonstances l’exigent, ni pour leur gloire personnelle, ni pour de sombres motivations politiciennes, mais pour l’intérêt public, tout simplement."

Toujours est-il que n'importe quel parlementaire informé d'un tel scandale pouvait difficilement se taire :

"Christoph Blocher n’a fait que son travail de parlementaire, et il faut admettre qu’il l’a bien fait."

Les suppositions de sourde vengeance du "tribun de l'UDC" contre le président de la BNS et contre le Conseil fédéral sont balayées :

"Cela n’a strictement aucune importance : la démission du premier rend caduque ces suppositions et légitime a posteriori la dénonciation (tout en condamnant évidemment l’inaction du Conseil fédéral et du conseil de surveillance de la BNS). "

Aussi est-il regrettable que l'UDC tire "tout le bénéfice d’une victoire politique de première ampleur", d'autant qu'il était possible de tirer avec lui les marrons de ce feu :

"Ne serait-ce que pour mettre fin à la personnalisation d’un prétendu "combat des chefs" entre le tribun de l’UDC et le président de la BNS, le PS aurait dû immédiatement se joindre à l’UDC et condamner très fermement les agissements de Philipp Hildebrand."

Alain Jeannet  ferait bien de méditer cette leçon. Aveuglé par son hostilité maladive à l'égard de Christoph Blocher et par le charme qu'exerçait sur lui Philipp Hildebrand, il écrit en fin de son édito, dans L'Hebdo du même 12 janvier 2012 ici :

"Sa victoire d’aujourd’hui ne devrait tromper personne. Et elle pourrait bien, demain, se transformer en défaite pour lui et coûter cher à l’économie du pays."

L'éditorialiste de L'Hebdo termine son article en rappelant :

"A plusieurs reprises, ces dernières semaines, commentant les faits et gestes du stratège de l’UDC, l’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi a répété: les animaux blessés sont les plus dangereux. Pour les autres. Et pour eux-mêmes. Il a raison."

Alain Jeannet ne serait-il pas lui aussi un animal blessé, dangereux pour les autres et, surtout, pour lui-même ? 

Francis Richard


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