Un jour, un ange tutélaire,
Envoyé pour sécher nos pleurs
En soulageant notre misère,
Voulait, près de quitter la terre,
Emporter un bouquet de fleurs.
À son retour dans sa patrie,
Aux yeux de la céleste cour,
Il voulait l’offrir à Marie,
À la Vierge sainte et chérie,
En hommage de son amour.
Mais une rose à peine née
Lui dit : « Bel ange du Seigneur,
Pour votre Reine fortunée
Ma corolle est pâle et fanée
Et mon calice est sans fraîcheur. »
« Hélas ! je ne suis que souillure,
Dit le lis, ne me cueillez pas.
Devant une Vierge si pure
Il faut une blanche parure
Que les lis n’ont point ici-bas. »
Puis la violette s’écrie,
Cachant sa timide beauté :
« Avant de m’offrir à Marie,
Ange du ciel, je vous en prie,
Enseignez-moi l’humilité ! »
L’ange admira ce doux mystère
Et, de pleurs humectant ses yeux,
Il dit : « Nulle fleur sur la terre
N’est digne de vous, ô ma Mère !
Allons en cueillir dans les cieux. »
Paul GRANGER (XIXe siècle).
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