Tremblez plébéiens ! La France a perdu son triple A ! Sarkozy y voyait pourtant SA cause à défendre jusqu’à la présidentielle, donnant l’image d’un président arrachant avec les dents d’improbables sursis auprès des très écoutées et très impérieuses agences de notations. Seulement voilà, juste avant le week-end, Standard & Poor’s décide de dégrader la note de l’Hexagone, et toute une ribambelle de collègues européens avec.
Comme souvent en ces temps de présidentielles, les réactions politiques fusent, et les vestes se retournent. Le gouvernement, qui radotait quant à l’importance capitale de maintenir ce triple A, nous informe maintenant qu’il ne s’agit que d’un simple 19/20. L’opposition, qui affirmait ne pas craindre les agences et vouloir défendre le petit peuple sur les retraites et le pouvoir d’achat, crie maintenant au scandale et à la mauvaise gestion, les mines graves cachant mal un vilain petit sourire.
Les politiques proches du centre retournent leur vestes pour ratisser large, tandis que les extrêmes persistent et signent pour séduire les purs et durs, rien de très nouveau donc.
Seulement voilà, après avoir frissonné tout le week-end en écoutant gravement les diverses réunions de crises, on pouvait légitimement s’attendre à voir des traders sauter des tours de La Défense, des ouvriers bloquer leurs usines, des petits vieux à la rue, des étudiants foutre le feu aux préfectures et des mères de famille en larmes. Mais non. L’État continue d’emprunter à un taux pépère autour de 3%, et même le Cac 40 affiche une petite hausse qui réchauffe le cœur. Revirement plus étonnant encore, Standard & Poor’s déclara laconiquement que les gouvernements européens n’avaient pas adopté les bonnes stratégies :
« Un processus de réformes fondé sur le seul versant de l’austérité budgétaire risque de se vouer lui-même à l’échec, la demande intérieure chutant parallèlement aux inquiétudes croissantes des consommateurs sur la sécurité de leur emploi et de leurs revenus, minant les recettes fiscales des pays »
Merde ! Pourtant leurs déclarations précédentes, tout aussi laconiques, résonnent encore aux oreilles de chacun. À titre d’exemple, la très menaçante déclaration de début décembre :
« Les mesures budgétaires annoncées jusqu’à présent par le gouvernement sont, à notre avis, insuffisantes pour atteindre son objectif de déficit de 4,5% l’année prochaine si la croissance est inférieure au 1% ».
Quelles forces obscures s’exercent en haut lieu ? Qu’avons nous encore à craindre ? Les banques vont-elles affronter les agences de notation ? À qui profite le crime ?
Baptiste