Je ne voudrais pas vous effrayer, mais notre président m’inquiète un peu.
Vous savez comment c’est : on fanfaronne, on ferraille, on fait les gros yeux mais, tout au fond de son cœur, l’inquiétude grandit. Car notre Nicolas, je ne le reconnais plus.
Où est-il passé celui qui, jaillissant bronzé et souriant d’un yacht, passait d’une réception dans la tente de Kadhafi à un rencontre au sommet avec Bachar El Assad ?
Où peut-on le retrouver, le Machiavel invincible qui faisait le « DRH » à gauche et mettait son propre camp au pas ?
Où se cache-t-il, le héros survolté qui sauvait le monde, puis l’Europe, puis le monde, puis l’Europe, avec son ami Barack et Ma’me Merkel ?
A l’heure où je vous parle, j’ai un peu l’impression qu’il pédale dans la semoule, si vous me passez l’expression.
Il y a d’abord la réforme de la dépendance, cette grande cause de l’année 2011, annoncée lors des vœux de cette même année. Vous en avez des nouvelles, en 2012 ? Moi non plus. Pareil pour la baisse de la délinquance (et je ne parle même pas de l’augmentation du pouvoir d’achat, ou de la baisse du chômage).
Il y a l’amnésie et la disparition de ce week-end, ensuite. Non, non, je ne pense pas à la disparition d’un A (dans notre note), mais à celle de notre président. Où était-il ? Il n’y avait que les ministres et François Fillon qui répondaient présents, dans la panique entourant l’annonce de l’agence de notation. J’ai même cru un instant qu’il était arrivé malheur à l’habitant de l’Élysée, étant donné qu’il avait prophétisé quelques mois auparavant : « si je perds le AAA, je suis mort ». Mais il faut croire qu’il était encore en vie – enfin une bonne nouvelle ! – puisqu’il est réapparu lundi en Espagne. Hélas, pour nous inquiéter une fois de plus, par un échange avec un journaliste nous laissant penser qu’il n’a plus toute sa tête : « Je ne comprends pas cette question. S’il y a quelqu’un qui veut me poser une question que je comprenne j’y répondrai bien volontiers, je ne comprends pas votre question. »
L’inquiétude, enfin, a laissé la place à l’angoisse, en découvrant ce matin la newsletter de l’UMP, signée par Jean-François Copé qui est – lui – visiblement en pleine forme. Il nous appelle, dans ce courrier, à nous « engager » pour Nicolas Sarkozy dans les « cent jours » nous séparant de l’élection, alors que le principal intéressé persiste à dire qu’il n’est pas encore candidat !
Amnésies subites, passages à vide, absences, problèmes de compréhension, agressivité à l’égard des journalistes : ça finit par faire un tableau clinique. Je crois, je crains, que notre président est malheureusement surmené, au bord du burnout.
Et dans ces conditions, le docteur Variae ne connaît qu’un seul remède : le repos, total et prolongé. Cent jours, par exemple : c’est une bonne durée.
Romain Pigenel
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