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6 semaines de vacances payées par an: Simonetta Sommaruga est contre

Publié le 18 janvier 2012 par Francisrichard @francisrichard

Simonetta-Sommaruga.jpgLe 11 mars 2012 le peuple suisse votera sur une initiative populaire qui veut inscrire dans la Constitution fédérale le droit de tous les travailleurs à 6 semaines minimum de vacances payées par an.

Si cette initiative devait être approuvée par le peuple, en 2013 déjà, le nombre de jours de vacances payées s'élèverait au minimum à 25, soit à 5 semaines, une semaine de plus qu'actuellement.

Chaque année suivante, un jour de vacances payées serait ajouté jusqu'à atteindre un total de 30 jours minimum par an en 2018, soit 6 semaines. Quel employé, a priori, s'en plaindrait ou s'y opposerait, in abstracto ?

Cette initiative a abouti le 26 juin 2009. Travail.Suisse ici, "organisation faîtière indépendante de 170'000 travailleurs et travailleuses", concurrente de l'Union syndicale suisse (380'000 membres), a en effet déposé ce jour-là 107'639 signatures valables - plus que les 100'000 nécessaires - avant le délai des 18 mois requis, qui expirait le 15 juillet 2009.

Travail.Suisse justifie cette inscription dans la Constitution - un alinéa 4 serait ajouté à l'actuel article 110 sur le travail - par le coût que représenterait le stress (10 milliards de francs par an, selon une étude du SECO), stress qui devrait augmenter de toute façon chaque année, et par une meilleure répartition des richesses :

"La productivité du travail a augmenté d’environ 20 pour cent ces dernières années. Les salaires n’ont augmenté que de 4 pour cent dans le même laps de temps [ces chiffres proviendraient de l'OFS]. Une participation justifiée aux gains de productivité sous la forme de vacances supplémentaires est méritée depuis longtemps."

Pas de problème de compétitivité internationale :

"Dans l’industrie d’exportation et aussi dans des branches du marché intérieur il y a aujourd’hui déjà des règlements de vacances généreux. C’est une question de bonne volonté d’octroyer de bonnes conditions de travail."

Un comité interpartis ici s'est constitué pour lutter contre cette initiative. Il comprend - une fois n'est pas coutume - tous les partis du camp bourgeois : UDC, PLR, PDC, PBD, Verts Libéraux.

Pour ce comité, cette initiative rigide, imposant sans discussion et sans tenir compte des singularités de chaque entreprise, deux semaines supplémentaires de vacances payées par an, reviendrait à augmenter les coûts des PME - 6 milliards de francs par an - qui sont confrontées déjà de plus en plus à la concurrence internationale et à désorganiser les entreprises de moins de 10 salariés qui représentent 88% de l'économie dans son ensemble.

Contrairement à ce que pense Travail.Suisse la bonne volonté se heurterait alors à la dure réalité...

Non seulement la compétitivité des entreprises suisses serait mise à mal, mais également l'attractivité de la Suisse pour des entreprises étrangères. La tentation serait forte également de délocaliser pour des entreprises suisses vivement concurrencées. Car les salaires suisses sont élevés en comparaison internationale. Ils ne sont compétitifs que grâce à une durée du travail plus longue qu'ailleurs... et à des charges sociales plus basses.

Bref les premiers pénalisés seraient les travailleurs, comme les appelle Travail.Suisse, terme que reprend à son compte le comité interpartis opposé à cette initiative, après avoir parlé d'employés... Ils seraient d'autant plus pénalisés que dans bien des cas pour absorber le coût supplémentaire, faute de pouvoir augmenter les effectifs, les entreprises seraient contraintes de demander à leurs employés d' "accomplir le même travail en moins de temps" : 

"Concrètement, cela signifierait plus d’agitation sur le lieu de travail et plus de stress pour toute l’équipe."

Le PS , les Verts (mollement), la gauche en général, soutiennent les "6 semaines de vacances pour tous", une façon comme une autre d'imposer une diminution de la durée du travail qui a fait ses preuves en France, par exemple, comme chacun sait : chômage et perte réelle de compétitivité à la clé.

Quand on devient ministre, on prend davantage conscience des réalités. Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale socialiste [dont la photo provient d'ici], Chef du Département fédéral de justice et police, en est la confirmation. Dans un communiqué du 17 janvier 2011 que l'on peut trouver sur le site de son département ici on peut lire :

"Les considérations qui sont à la base de l’initiative sont  [...] judicieuses et doivent être prises au sérieux. Mais l’initiative ne garantit toutefois pas que la pression sur les travailleurs diminuera. Elle ne dit pas, en effet, comment les absences prolongées dues aux vacances seront compensées dans les entreprises. La question reste donc ouverte de savoir si l’acceptation de l’initiative se ferait sur le dos des employeurs ou des employés.

Si, pour des raisons financières ou autres, les employeurs n’engagent pas de personnel supplémentaire pour compenser les absences prolongées dues aux vacances, l’initiative manquera son but. En effet, tant que le travail ne sera pas réparti entre plus de personnes, les travailleurs ne seront pas déchargés ; au contraire, la pression qui s’exercera sur chaque individu s’accentuera.

À l’inverse, si les employeurs engagent plus de personnel, leurs coûts augmenteront. Chaque semaine de vacances alourdit les coûts salariaux d’environ 2 %. Les petites et moyennes entreprises, tout particulièrement, pourraient avoir du mal à supporter une hausse des coûts salariaux, indépendamment de la situation économique. Des coûts salariaux plus élevés grèveront l’ensemble de l’économie suisse, et sa compétitivité s’en ressentira."



Ces temps, certains, et certaines, socialistes suisses, faisant preuve d'un bon sens inattendu, ne finissent pas de me décevoir ... en bien.

Francis Richard

L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.


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