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Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd

Par Argoul

Réveil à 7h30 sans effort, cela doit correspondre à un cycle de sommeil. Nous prenons le petit-déjeuner puis le bus jusqu’à un gros village. Mais la route s’est effondrée dans la rivière et nous sommes obligés de marcher un moment entre les maisons, de traverser une passerelle de lattes, avant qu’un minibus loué nous prenne de l’autre côté pour nous mener au début de la randonnée.

Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd
Le chemin est caillouteux et plein soleil, au pied des monts Vardenis ; mais il n’est pas dix heures et nous parvenons au monastère à midi, avant la grosse chaleur. Seule difficulté, la rude dernière montée, en altitude. Mais il y a de l’eau partout, au moins trois sources sur le chemin pour ceux qui veulent remplir leur gourde.

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Le monastère aurait été érigé pour servir de mausolée aux martyrs chrétiens des guerres de religion contre les Perses, dont lors de la fameuse bataille d’Avaraïr en 451 de notre ère. Le monastère a été rebâti durant le règne d’Abas I Bagratouni (929-953) par l’évêque Stepanos.

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Devant l’église saint Nechan, deux énormes khatchkars se dressent sur sa façade ouest. L’église saint Jean est mononef à pilastres, sur son mur est gravée la date de 989.

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La seconde église est dédiée à la Sainte Mère de Dieu. Elle est tétraconque  en rectangle et date probablement de 1222. L’église saint Jean-Baptiste (Yovhannès Karapet) est un bel édifice, sa chapelle est digne et austère, toute de basalte noir. Elle date de 1041, construite par le père Vadtik. Ses images gravées dans la pierre commémorent les martyrs avec des raisins, un aigle emportant un agneau dans ses serres, un lion combattant un taureau. Il y a encore la chapelle Saint-Signe, mononef sur caveau.

Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd

Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd

Nous prenons là notre pique-nique, face aux églises, sur la pente, à l’ombre d’un arbre. Un gros 4×4 noir frimeur éjecte un jeune couple aux lunettes noires très américain d’apparence. A vous dégoûter de marcher dans la nature pour rencontrer au bout de tels spécimens urbains.

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Nous ne tardons donc pas à redescendre pour grimper sur la montagne opposée afin de rejoindre la forteresse Sembataberd. Elle commande les deux vallées d’Eghéguis et d’Artabouni. Les remparts restaurés sur l’à pic en trois côtés sont la seule chose à voir avec le paysage. Les murs sont formés de blocs de basalte sur 2 à 3 m d’épaisseur, ce qui date la forteresse du Xe siècle. Ils sont aujourd’hui très restaurés ! L’eau était amenée par des conduites de terre cuite souterraines depuis des sources à 2 km. Ce serait la forteresse Symbace mentionnée par Strabon.

Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd
En contrebas, dans le village laissé ce matin, deux camions remplis de gens criant et chantant montent la côte. Nous sommes dimanche, peut-être est-ce pour quelque fête ou un mariage ? Nous descendons l’autre versant parmi les fleurs et les herbes à fourrage. De grands chardons aux têtes mauves bien pommées se dressent sur le sentier. Notre guide arménienne en a cueilli sur le site mégalithique. « C’est pour faire joli dans un vase ? – Non, pour manger. – Manger quoi ? – Mais le cœur, il suffit d’enlever les piquants mauves. – C’est vrai, le chardon est de la famille de l’artichaut. – J’en mangeais souvent petite. »

Au village, trois vieux et un gamin sont assis sous un auvent pour discuter le bout de gras. Regards distants de vague curiosité. Le minivan nous attend avec les filles pour nous reconduire au bus. Nous repassons la passerelle de lattes jusqu’à l’école vide en été où nous attend le bus. Il n’a pas bougé depuis que nous l’avons laissé ce matin.

Monastère de Tsaghats Kar et forteresse de Sembataberd
La maison attenante à l’école, d’où un petit de trois ans nous regardait passer il y a quelques heures, paraît celle d’un ponte. Une vieille Volga des dignitaires du Parti est au garage tandis que le fils de la maison, petit-fils de l’ex-dignitaire peut-être, arrive en pétaradant sur un quad, torse nu du haut de ses dix ans. Il est presque obèse, bronzé et sans gêne, le parfait gosse de riche à qui tout est permis. Il enlève son polo pour faire moderne, à l’inverse de la gêne paysanne des autres garçons. Il n’est pas beau avec ses bourrelets graisseux sur les hanches et les seins mais il a les yeux clairs. Arrivé au portail, il descend et ne dit rien. Sa sœur de neuf ans s’empresse d’aller chercher une pierre pour bloquer l’engin. Le petit mâle connaît ses droits de futur patriarche.

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Nous cherchons de l’eau dans une boutique. Ce n’est pas l’usage ici où l’eau coule de source et où les gens sont immunisés aux bactéries. Il n’y a que de la bière ou du Coca. Je prends une bière, elle ne fait que 6.4°. Malgré ses 50 cl, elle ne porte pas à la tête, au contraire, je me sens revigoré, prêt à une autre marche !

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