Malgré discours alarmistes et ambiance économique morose, et alors même que le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants s’amenuise, les françaises n’ont jamais fait autant de bébés ! Nous sommes désormais plus de 65 millions d’habitants, et cette population croît au rythme de 0,5% par an en moyenne. Cet accroissement régulièr est dû au solde naturel de l’excédent des naissances sur les décès, et non, comme partout dans le reste de l’Europe, grâce au solde migratoire (qui n’y contribue qu’à hauteur de 25%).
Au niveau européen, il parait que nous sommes un phénomène que l’on vient étudier. Chez nous les femmes peuvent choisir entre élever des enfants et mener une carrière professionnelle. Et elles ont massivement choisi … de réussir les deux à la fois !
Il faut dire d’autre part (désolée, Marine !) que les mamans d’origine étrangère ne contribuent que de façon marginale au phénomène, même si elles mettent au monde en moyenne plus d’enfants. Sur un taux global de natalité de 2,01 enfants par femme, elles représentent seulement 0,02%.
Ce qui est notable aussi, c’est le recul de l’âge de la maman au moment de la naissance de son premier enfant, passé aujourd’hui à 30 ans. Ainsi, 46% - donc moins de la moitié - des bébés ont une maman de moins de 30 ans, et 5% de plus de 40 ans. C’est sans doute que, malgré des mesures familiales (encore) très encourageantes (la maternelle gratuite à partir de 3 ans, la déduction fiscale pour frais de garde, le coefficient familial), élever un enfant coûte cher. La nécessité de changer de logement et de voiture à la naissance du troisième bébé, les coûts de garde hors domicile, plus tard la scolarité dans un établissement privé selon le choix des parents) font que les mamans attendent d’avoir une situation professionnelle bien ancrée avant de se lancer dans une nouvelle « commande » et que franchir le « pas » en mettant en route un troisième enfant représente aujourd’hui un sacré challenge.
Car les naissances ne sont pas le fait des familles les moins favorisées, pour « toucher les allocs », fort heureusement. Le désir d’enfant n’a pas de frontière sociale, il est omniprésent chez la plupart des femmes ….et des hommes aussi, même s’il s’exprime de façon différente. Quel bonheur de voir aujourd’hui de jeunes hommes s’occuper de leur bébé, le changer, donner la becquée. De notre temps, un homme s’attelait très rarement à ce genre de tâche, de peur de déchoir de son piédestal. Voilà tout de même une évolution vers l’égalité des sexes tout à fait remarquable. Il reste encore un effort à faire du côté salaire. Allez messieurs les Employeurs : bien sur, employer une jeune femme présente le risque de la voir s’absenter (au maximum 6 mois si c’est un troisième bébé). Et alors, les CDD, ça sert à quoi ? Surtout que cette absence est rien qu’inopinée, elle se programme, et que bien souvent les femmes cadres restent en contact avec leur entreprise. Cela ne justifie pas de raboter leur rémunération de 20% par rapport à ce que touche leur collègue masculin à compétences et expérience équivalente – d’autant que celui-ci a plus de risque de s’exploser la jambe à moto ou en ski !
Autre sujet de satisfaction, dans ce monde de mauvaises notations : notre population vieillit, moins qu’en Allemagne, et notre espérance de vie augmente. En France, les plus de 65 ans représentent 16,8% de la population (20% en Allemagne) et nous partageons avec les Espagnoles la plus forte longévité (presque 85 ans en moyenne).
Une dernière illustration, celle de la photo qui ouvre ce billet : elle a été prise ce matin, dans l’entrée de mon immeuble : 10 appartements familiaux, 5 poussettes !