Du Modem et de l’art de s’en servir…

Niortéide, 16

Alors que le PS dans bien des municipalités a conclu ou s’apprête à conclure des alliances avec le Modem, je m’explique mal l’acharnement avec lequel certains colistiers et thuriféraires de Geneviève Gaillard stigmatisent la présence de candidats du Modem sur la liste d’Alain Baudin, leur camarade d’hier. En criant à la dérive droitière, ne font-ils pas preuve sinon d’archaïsme du moins d’une belle cécité sur ce qui se pratique ailleurs au sein du même parti ? A Dijon, François Rebsamen a associé des candidats du Modem sur sa liste et à Paris il est  plus que probable que Bertrand Delanoë intégrera des démocrates sur ses listes pour le second tour.

Ignore-t-on à Niort que pas mal de positions du Modem sont compatibles avec celles du PS ?  A-t-on déjà oublié que Ségolène Royal avait pris langue avec François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle ?

Le Modem dérange furieusement certains bien pensants, gardiens autoproclamés d’une orthodoxie de gauche volontiers incantatoire. Je veux bien croire qu’il entre souvent une part d’outrance dans les campagnes électorales. Mais jeter si fort l’anathème sur les alliés du PS d’ailleurs et/ou de demain me paraît idiot ! Au niveau national, le PS aura en effet bien du mal à gagner seul, même si certains nostalgisent l’hégémonie des héroïques temps mitterrandiens. Ses alliés habituels (Verts, PC, PRG) sont à ce point satellisés voire progressivement phagocytés (à observer l’OPA du PS sur les cantons et municipalités communistes en banlieue parisienne…) qu’ils ne peuvent plus que rarement tenir lieu de partenaires significatifs. Or, le seul partenaire réel possible pour le PS est désormais le Modem, que cela plaise ou non.

A Niort, alors que l’un des fondamentaux d’un scrutin municipal est classiquement de rassembler au-delà de son camp, l’une des deux listes de gauche se veut ainsi la gardienne du temple de l’idéologie « de gauche ». Elle fait de la présence du Modem sur la liste directement concurrente un argument discriminatoire. En citant la présence du Modem chez Juppé à Bordeaux, stigmate à leurs yeux d’un caractère réactionnaire indélébile.

Or, le phénomène Modem est intéressant, j’ai pu le vérifier en étant invité à son université d’été. Surprise. Pas grand-chose à voir avec le parti de notables ruraux qu’était l’UDF de nos campagnes (ceux-là ont rejoint l’UMP et les derniers sont au Nouveau Centre, allié à l’UMP). La sociologie du Modem montre un parti jeune (trentenaires et quadragénaires) et plutôt urbain et dont beaucoup (certes pas tous) avaient connu précédemment une expérience politique décevante … au PS ou chez les Verts ! Pas vraiment d’affreux réacs, donc. Et précisément, j’ai l’impression que le Modem a pu prospérer – certes modestement, entre autres à cause de l’archaïsme ou du verrouillage d’une gauche un peu trop sûre d’elle…

PS : Désolé, j’aime pas les intégrismes, fussent-ils de gauche !