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Mylène Demongeot : il est temps de réduire notre consommation de viande

Publié le 20 janvier 2012 par Bioaddict @bioaddict

L'actrice Mylène Demongeot, connue pour ses rôles dans "Fantomas", "Bonjour tristesse", ou encore "Camping", s'est récemment engagée aux côtés des agriculteurs mayennais contre la pollution aux PCB. La comédienne nous fait part de ses conseils, coups de gueule et coups de coeur écolos en exclusivité pour bioaddict.fr. Mylène Demongeot : il est temps de réduire notre consommation de viande ¤¤ 

  1. Le déclic de votre engagement pour l'environnement :

    J'ai acheté une ferme en Mayenne le 12 septembre et j'ai littéralement eu le coup de foudre pour cette nature. Je connaissais pourtant très bien la région puisque mon ami Christian Huchedé tient le Refuge de l'Arche à Château-Gontier depuis 25 ans. Ce refuge accueille des animaux trouvés blessés ou malades. Etant Présidente du Comité d'honeur, je me rendais donc souvent chez lui et un jour, il m'a demandé : " Mais pourquoi ne viens-tu pas t'installer en Mayenne ? ". Nous avons donc cherché pendant deux ans jusqu'à ce que je trouve la maison de mes rêves, avec des arbres fruitiers, un potager et un plan d'eau. Je suis vraiment éblouie par cette campagne, éblouie par les lièvres qui trottinent devant chez moi, éblouie par les nombreux oiseaux qui viennent nicher...

  2. Vous y cultivez des produits bio ?
    C'est mon projet. Mais je ne suis pas "bio-exclusive" car le bio est une filière qui a aussi été très décriée. Ce qui me semble essentiel est d'avoir une alimentation naturelle et saine, issue d'une agriculture durable et raisonnée. Et vu mon âge, je suis assez bien placée pour parler des vertus d'une alimentation saine (rires). Il est vrai que ces produits sont parfois plus chers. Mais peut-être mangeons-nous au-dessus de nos moyens, tout simplement. En effet, je pense que nous achetons beaucoup trop par rapport à nos besoins réels. Quant à la viande, les diététiciens disent que nous n'en avons pas besoin de plus de 120 grammes par jour.
  3. Un éco-geste que vous pratiquez chez vous et que vous aimeriez voir adopté par le plus grand nombre :

    Réduisons notre consommation de viande. On peut consommer un jour de la viande, un autre jour du poisson, et manger des légumes le reste de la semaine. La viande industrielle peut contenir des antibiotiques et le poisson des traces de mercure. Nous devons donc être particulièrement vigilants.
  4. Comment avez-vous régi en apprenant l'affaire de l'usine Aprochim ?
    L'usine est à une dizaine de kilomètres de ma ferme. Je vais être obligée de faire analyser mes terres et l'eau de mon puit. De l'enchantement de mon arrivée en Mayenne je suis donc passée à la douche froide en apprenant la pollution aux PCB  perpétrée par Aprochim qui ponctionne les agriculteurs de manière dramatique. Leur terre est souillée et leurs bêtes sont abattues (on parle alors de " déchets " dont il faut se débarrasser au plus vite !). Or, j'ai un grand respect pour les hommes, les animaux et la nature, ce qui m'a poussé à vouloir en savoir plus. J'ai rencontré Alain Geslin et Nathalie Hallier de l'association Anjou Mayenne Environnement qui m'ont informée sur ce qu'il se passait vraiment.
    Cette usine s'est implantée en Mayenne il y a 23 ans alors que la population - consciente des risques- n'en voulait pas (52 % de la population s'opposait à son implantation). Le maire voulait créer de l'emploi et n'en a pas tenu compte. Au départ l'usine fonctionnait normalement, mais à force de négligences et à défaut de contrôles rigoureux, l'usine s'est abîmée et s'est mise à rejeter des saloperies dans l'air.
  5. Qu'est ce qui a motivé votre prise de parole sur cette question (ndlr : Mylène Demongeot a écrit un article pour sensibiliser le grand public) ?
    Je veux apporter mon soutien à tous ceux qui souffrent de la pollution d'Aprochim. J'ai l'impression que les élus de Mayenne ont plutôt envie d'étouffer l'affaire pour ne pas en subir les conséquences. J'ai lu une lettre destinée à un agriculteur qui lui disait sans détour " vos terres sont souillées, vous n'avez qu'à abattre votre cheptel et changer de métier ". Il n'y avait pas de compassion et aucune garantie allant dans le sens d'un changement. N'oublions pas que ce sont les agriculteurs les victimes. De l'autre côté, ceux qui polluent, qui ont plus d'argent et donc de pouvoir, le font en toute impunité. Certes, ils paient, ils dédommagent les agriculteurs, mais ce n'est pas une solution ! La Mayenne est un département rural d'une extrême beauté qui vit grâce à une multitude de petits producteurs. Pour que cela perdure, c'est réellement la lutte du pot de terre (de la culture paysanne) contre le pot de fer (l'industrie et la chimie).
  6. Comment l'usine Aprochim pourrait-elle procéder pour mettre en place la dépollution dont vous parlez dans votre lettre ?
    Nous en avons discuté avec le WWF mais vous savez, je ne suis pas technicienne. Selon Guillaume Llorca, spécialisé dans ce type de pollution, il est possible de mener des actions de dépollutions. Nous allons rencontrer de hauts dirigeants et leur demander la manière exacte de procéder. En Mayenne, les élus ne semblent pas vraiment savoir et évitent surtout d'en parler pour ne pas nuire à leur agriculture. Ce qui est assez cocasse quand on y pense ! On m'a déjà dit : " Vous savez, il suffit de tondre l'herbe et quand elle repousse elle est saine ". Inutile de préciser que j'étais plutôt sceptique.
  7. D'autres combats qui vous tiennent à coeur ?
    Quand ont lit tous les livres qui parlent de la production industrielle de la viande et quand vous prenez conscience qu'à ce stade on ne parle même plus " d'animaux " mais de " produits ", vous êtes forcément touché. Je pense par exemple au livre de Jonathan Safran Foer où il décrit la cruauté que nous infligeons aux animaux destinés aux abattoirs. Ils vivent entassés les uns sur les autres, pataugent dans leurs excréments, sont mutilés, martyrisés... J'aimerais que l'on cesse de traiter les animaux comme de la marchandise. Ce sont des êtres sensibles que l'on doit traiter avec respect. 
    Mon dernier coup de gueule concernait les volailles en batterie. Les parents qui se soucient de ce qu'ils donnent à manger à leurs enfants devraient pouvoir accéder à ces élevages industriels pour se rendre compte de ce que l'on consomme au supermarché et faire le choix des élevages en plein air.
  8. Vous avez évoqué le livre de Jonathan Safran Foer. Y-a-t-il d'autres oeuvres qui vous ont marquée ?
    Oui, un bouquin extraordinaire qui s'appelle Bidoche, écrit par le journaliste Fabrice Nicolino. Evidemment, je conseille le film stupéfiant de Richard Fleischer, "Soleil Vert", qui montre les travers de l'industrie alimentaire et à quel point nous nous sommes éloignés d'une alimentation saine. Ou encore les films "Nos Enfants nous accuseront" du réalisateur Jean-Paul Jaud et "Solutions locales pour un désordre global" de Coline Serreau. Ce sont d'excellents cadeaux à faire à son entourage pour provoquer une prise de conscience. J'achète souvent des livres et des films pour ensuite les distribuer autour de moi. Petit à petit, j'espère que cela va porter ses fruits.
  9. Une personnalité écolo que vous admirez :
    Je suis une grande admiratrice d'Hubert Reeves, grand scientifique astro-physicien, qui s'engage pour la planète. Je l'ai rencontré il y a longtemps dans une émission télévisée et je l'ai trouvé très très intéressant. Je suis également proche de Corine Lepage, qui est à mes yeux une des meilleures ministres de l'Environnement que la France n'ait jamais eu.
  10. Un message pour nos lecteurs ?
    Répandons la bonne parole ! Il faut rester en alerte face aux évènements dramatiques et ne jamais cesser de dénoncer. Lorsqu'on lit dans les journaux quelque chose qui nous semble épouvantable, il faut en faire profiter les autres en utilisant tous les moyens dont nous disposons aujourd'hui pour répandre l'information. Nous sommes dans un monde de communication alors profitons-en en utilisant Internet et tous les autres outils.

Propos recueillis par Alicia Muñoz


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