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Blogage politique postif, de gauche

Publié le 05 mars 2008 par Omelette Seizeoeufs

Depuis quelques jours, j'ai commencé à prendre la mesure de la disgrâce de notre pauvre petit Très Grand Homme (TGH). Les publicités pour un magazine de gestion invite ses lecteurs à s'inspirer de certaines des techniques de Sarkozy, mais surtout à en éviter d'autres. Même Le Monde, qui jusque là essayait d'expliquer pourquoi la chute de popularité de Sarkozy était injuste, semble avoir enfin accepté l'idée que l'impopularité du Président est devenue une réalité sociale et politique incontournable. Et en même temps, les blogs vigilants montent, les grands blogueurs du sarkozysme inévitable prennent peur.

Monarchie élective oblige, tout cri de victoire sera prématuré pendant au moins quatre ans (et des brouettes). D'autant plus que pour l'instant la chute du TGH semble ne servir véritablement que les intérêts de François Fillon, et peut-être (mais c'est encore trop tôt, malgré quelques signes encourageants) ceux de certains candidats socialistes aux municipales. Monarchie élective oblige, la chute du Président n'est pas la victoire de l'opposition, mais simplement la chute du Président.

Néanmoins, nous autres blogueurs de gauche peuvent être amenés à se poser des questions de stratégie. Il y a six mois, la perspective de discréditer Sarkozy dans l'opinion semblait bien lointaine. Aujourd'hui, cela est acquis, du moins pour l'instant. Faut-il continuer dans la même voie ? Faut-il apporter des nuances ? Sur quoi et sur qui faut-il désormais taper ? Juan, visiblement requinqué, se lance dans la réflexion : faut-il commencer à élaborer des contre-propositions, développer un programme, en somme ? Et il nous propose un scénario proprement effrayant :

Sarkozy dissoudra sans doute l'assemblée nationale dans deux ans, c'est-a-dire en 2010. Histoire de laisser la gauche aux commandes se vautrer, plombée par une refondation incomplete et un pays ruiné par 3 ans de gabegie sarkozyste. Le President a largement montré, ces 10 derniers mois, qu'il tenait davantage a lui qu'a son camp, a sa survie qu'a celle de ses idées.

On reconnaît bien le personnage, y compris son chiraquisme latent. Seul son côté obstiné, son incapacité maladive à lâcher la moindre miette de pouvoir pourrait l'empêcher de faire de la sorte. Mais que ce soit ce scénario ou un autre, l'objection de Juan est importante : le désordre de la gauche pourrait lui être fatal, un jour ou l'autre. Et j'aurais même tendance à dire qu'il nuit déjà à la gauche, qui n'a su rentabiliser la situation actuelle, au delà d'une hypothétique (mais maigre) victoire de Ségolène Royal si l'élection devait se refaire aujourd'hui. Mais, comme le dirait François Hollande, on verra après les municipales.

Quel rôle pour les blogs de gauche, alors? Est-ce à nous de mâcher le travail pour le PS? Pour ma part, je ne trouve pas que ce soit aux blogs de trouver le futur programme de la gauche. Un blogueur -- du moins celui-ci -- n'a pas la responsabilité de créer un programme politique, n'a pas l'obligation, pour être crédible, d'avoir toujours autre chose à proposer lorsqu'il énonce des critiques du pouvoir. Un blog ne cherche qu'à convaincre ceux qui veulent bien le lire, il ne cherche pas à occuper le pouvoir, à diriger le pays. Après tout, par leur essence même, les blogs ne sont qu'un vague rassemblement d'individus, chacun se donnant la peine de formuler un point de vue. En revanche, je ne vois pas pourquoi les blogs n'auraient pas leur mot à dire, leur place dans le débat.

Quand j'ai commencé ce blog, je pensais que l'un des thèmes majeurs serait d'arguer en faveur d'une gauche combative. Je suis opposé au principe d'une réfondation toujours à venir, et pense que la gauche a la responsabilité d'agir dans le présent, fût-elle l'opposition que la Ve République considère inutile. Je pense aussi que ce n'est pas un programme seul qui fera gagner la gauche, mais plutôt un ensemble communicationnel dans lequel le programme aurait évidemment une très grande place. Le rôle "positif" (même si je trouve que la critique acharnée de Sarkozy et des siens est elle-même parfaitement positive), c'est-à-dire la "force de proposition" (comme on dit "force de vente") des blogs de gauche pourrait être dans la création de cette communication, dans l'effort de rendre crédible, pratiquable, efficace la communication de gauche, intervenant quand il faudra dans le débat de fond, toujours très soucieux de comment chaque action, chaque geste des acteurs politiques pourront utilement servir dans la lutte contre les adversaires politiques. En somme, faire du buzz positif. De gauche.


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