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Dépressogénie de la vestimenture

Publié le 21 janvier 2012 par Francisbf

Je suis rentré du Sénégal il y a un peu plus d'un mois. Ça passe très vite. Et si on me forçait (je ne sais pas pourquoi on le ferait, mais on a parfois des idées bizarres, c'est connu) à tirer une remarque de tout ce que j'ai pu remarquer sur la France depuis que je suis rentré, c'est que bon sang, les gens, vous êtes quand même d'une tristesse assez effarante.
Vestimentairement parlant, j'entends. Les gens peuvent être tristes au Sénégal aussi, hein, il y a sans doute même plus de raisons de l'être là-bas, mais extérieurement, au moins, ils savent s'habiller un peu joyeux, alors que vous...
Je viens de faire un voyage en train, là. J'ai passé un moment sur le quai, à attendre avec la patience et la bonne humeur qui me caractérisent la venue de mon TGV, en regardant les gens. Hé bien, sur le bon gros paquet de gens que j'ai croisés à 21h à Lyon Part-Dieu, 90% portaient un manteau noir, marron, ou gris, 5% arboraient un blanc crème crasseux, et le reste était vêtu en tons variés de verts fadasses et de bleus passés. Il y avait peut-être une fille avec un manteau rouge, qui faisait un peu cochonne, mais à part ça, que du triste, du sombre, du morbide. Tu m'étonnes qu'on soit le plus gros consommateurs d'antidépresseurs, tu sors dehors, t'as l'impression d'être dans un cortège funèbre permanent.
Bon, quelque part, ça m'a un peu rassuré, ce spectacle lyonnais, parce que je craignais un peu que ce ne soit particulier à chez moi, vu que j'avais fait la même constatation quelques jours plus tôt en allant à la mairie refaire ma carte d'identité (parce qu'elle était toute périmée depuis un an, et ça me faisait un peu paniquer). Au bout de dix minutes à ne croiser que des gens en noir ou gris, j'ai failli embrasser un ouvrier qui retournait à son chantier et qui portait un gilet jaune fluo. Je ne l'ai pas fait, parce que le tartiner de la morve liquide qui collait les poils de ma moustache ne me paraissait pas une récompense très adéquate au remontage de moral qu'il m'avait offert à cet instant.
Je ne comprends pas ce qui peut bien pousser tout un peuple à une telle morosité vestimentaire collective. Parce que ça va chercher très loin, quand même, cette histoire : en septembre dernier, je me suis fait engueuler parce que j'avais commis l'impudence de mettre une belle chemise, cousue sur mesure et tout, mais qui avait le tort d'être verte, tenez, la voici :
Dépressogénie de la vestimenture

(la cravate orange qui s'accorde si bien a été gracieusement fournie par un camarade que je remercie au passage. Et je ne suis pas gros, je suis juste un peu enveloppé. Et je préfère me flouter parce que là-dessus, on dirait que je suis chauve, alors que je ne souffre que d'une légère décadence capillaire frontale côté droit)


Et pour quelle occasion je me fais enguirlander comme ça, pour avoir refusé de souscrire au diktat de la tenue de deuil apparemment réglementaire ? Je vous le donne en mille : à un mariage. Je me suis fait engueuler par la mariée alors que j'avais fait mon possible pour égayer un peu son mariage tristoune (si tu lis ça, Laetitia : et pan ! Faut pas critiquer ma belle chemise au tissu choisi par mon ami Gauthier)
Le plus triste dans l'histoire, c'est quand même que c'est contagieux, tout ça : il y a quelques jours encore, je me parais d'un beau pull informe entre le rose et le violet (couleur de foie sain, si vous préférez), mais depuis, je me suis aperçu que je porte un manteau marron, un pull marron par dessus un t-shirt gris, des chaussures marrons, des chaussettes noires et grises, et un caleçon noir.
Allez, je me prends un Prozac.


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