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Rebsamen dit amen au Modem

Publié le 06 mars 2008 par Willy
Rebsamen dit amen au Modem


Par http://www.liberation.fr/

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Envoyé spécial à Dijon DAVID REVAULT D’ALLONNES Photos SÉBASTIEN CALVET

Dijon . Le maire sortant, numéro 2 du PS, mène une liste où se côtoient le PCF et le Modem. Une recette qu’il aimerait voir appliquer au niveau national.

C’est l’ébauche, à l’échelle dijonnaise, d’une coalition arc-en-ciel. Une sorte de cène politique locale où, des communistes aux bayrouistes, l’on communie autour d’assiettes plastique avec chips et poulet froid. Ce midi, c’est déjeuner de l’équipe de campagne du maire de Dijon, François Rebsamen, au siège du PS local. Ambiance un peu coincée sur les bords. Mais, autour des tables disposées en U, tout le monde joue le jeu. «Il ne manque que le MRC», excusé, précise Rebsamen, élu en 2001, et bien parti pour une réélection sans coup férir. Depuis qu’en janvier un sondage du Nouvel Obs a donné «Rebs» raflant la mise à 56 % dès le premier tour, le maire ne craint plus de se voir délogé du palais des ducs de Bourgogne. Reste que, pour mobiliser sa composite équipe, il la joue plutôt modeste. Evoque une «bonne mobilisation, mais assez molle». Pointe un excès de confiance sur les documents de campagne : «Là, ça fait un peu prétentieux de ne parler que du 9 mars. Il faut rajouter le 16.» Mais songe quand même très fort à l’emporter d’emblée : «Faudrait peut-être penser à une petite réunion improvisée et sympathique, le 9 au soir…»


Main tendue. En 2001, c’est à la tête d’un pack de gauche que François Rebsamen s’était emparé de Dijon la bourgeoise, au terme du cinquième mandat du RPR Robert Poujade. Aujourd’hui, sa liste, outre les socialistes, compte toujours verts, communistes, radicaux et chevènementistes. Mais aussi six représentants du Modem. «On me dit que j’aurais gagné sans eux au premier tour. Mais je ne vois pas pourquoi je m’en priverais.» Il aimerait tuer le match dès dimanche soir. Mais le numéro 2 du PS, attaqué par l’aile gauche de son parti, qui l’accuse de «bafouer l’orientation stratégique», s’en défend : «Je ne me détourne pas des traditionnels partenaires de gauche pour privilégier l’alliance Modem. C’est le Modem qui est venu nous rejoindre sur la base d’un programme.» Reste que, dix mois après la main tendue à François Bayrou par Ségolène Royal, l’ex-codirecteur de campagne de cette dernière voit plus loin : «Si la clarté de la démarche peut servir d’exemple national, tant mieux. Et si un jour nous pouvions passer un accord de gouvernement avec le Modem, dans la clarté, j’y serai favorable.»

Patron du Modem dijonnais, François Deseille en convient avec franchise : «Si j’habitais Bordeaux, peut-être que je serais avec Juppé…» Mais il confirme aussi cette facilité à s’accorder sur «un programme commun élaboré ensemble, sans esprit partisan et clanique». Très porté sur la maîtrise de la dette publique, ce kinésithérapeute de 40 ans, qui dit avoir été «très courtisé» ces derniers temps, l’assure : «Il n’y avait aucune raison de ne pas travailler ensemble.» Au point, un comble pour cet ancien bras droit de François Sauvadet, aujourd’hui patron des députés du Nouveau Centre, qui en 2001 pointait sur la liste RPR, de saluer l’action du maire sortant, en une bureaucratique formule : «Un bilan pas parfait, mais globalement positif...»

Et les communistes, là-dedans ? Pas d’accord entre eux. Certains ont décidé de rempiler avec le maire. D’autres n’ont pas digéré. «Rebsamen, en décidant de favoriser l’alliance avec le Modem, a de fait réduit la place des forces de gauche», déplore Isabelle De Almeida, conseillère PCF sortante, qui prend du champ pour conduire une des quatre listes de l’extrême gauche dijonnaise. Son colistier Jean-Louis Enet, qui dirige le journal municipal, déplore : «Dijon est un laboratoire. Il s’agit de faire localement la démonstration que la ligne nationale est tenable. Or, pour nous, le projet économique de Bayrou n’est pas moins dangereux que celui de Sarkozy. Il y a risque d’infection de la politique économique et sociale locale.»

Côté droit, le principal adversaire de Rebsamen, le candidat UMP François-Xavier Dugourd, n’a pas la partie aisée, qui voit donc le maire lui couper l’herbe électorale sous le pied par ce qu’il qualifie d’«alliance de la carpe et du lapin, totalement contre nature». Ce jour-là, le conseiller général, 44 ans, soigne son porte-à-porte dans le quartier de la Toison-d’Or. Coup d’interphone chez un M. Royal : «Bonjour, François-Xavier Dugourd, pour le journal de campagne ?» «Dans la boîte aux lettres !» Puis petite pause chez un sympathisant alarmé : «Alors, les sondages ?» «Si on écoutait les sondages…» Dernier arrêt chez une vieille dame au rez-de-chaussée : «Je vote pas, je marche mal…» La discussion glisse sur le Président : «Sarkozy, il a bougé sur un certain nombre de dossiers», tente Dugourd. La dame : «Ah oui, les voyages…»

«Blanc-bec».Quelque peu empêtré dans le contexte national, «challengeant» un maire crédité de réalisations visibles (entre autres, construction du Zénith, aménagements dans le quartier sensible des Grésilles, couloirs de bus, ouverture des terrasses de cafés du centre-ville) et qui a beau jeu d’avoir réveillé une ville assoupie après trente ans de mandature Poujade, le candidat UMP, que le maire traita un jour en séance de «blanc-bec», peine à trouver l’angle d’attaque. De bonne guerre, il crie à la politique de «com», accuse le maire de «copier-coller le kit Delanoë avec Dijon Plage, la patinoire à Noël, le Vélib’, la totale». Et diagnostique un «encéphalogramme plat en matière économique, un commerce qui souffre, une stagnation démographique, une dégradation de la propreté et du trafic». Reste que même son équipe en convient : «On y croit, mais la campagne n’est pas facile. Rebsamen est quand même implanté, et il a fait un certain nombre de choses…»

Confortablement installé dans son vaste bureau de l’hôtel de ville, sous une peinture de l’artiste chinois Yan Pei-Ming, le tenant du titre, 56 ans, assure attendre encore l’offensive de la droite : «L’UMP n’a pas voulu une confrontation projet contre projet. Ils sont dans la critique, pas dans la proposition.» Quant aux revendications de son extrême gauche, gratuité des transports ou doublement des places en crèche, Rebsamen les balaie illico : «Je ne peux pas annoncer des choses qu’on ne fera pas. Je ne peux pas dire n’importe quoi.» Il ne semble guère inquiet de ses résultats dans les quartiers populaires des Grésilles et de Fontaine-d’Ouche, où il dit atteindre dans certaines rues «des scores staliniens». Dijon la discrète, conquise par la gauche. Et, peut-être, conservée grâce au centre. Tout un programme ?


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