C'est un bilan de l'American Heart Association, publié dans l'édition du 19 janvier de Circulation qui rappelle que l'activité sexuelle est une composante importante de la qualité de vie y compris pour les patients vivants avec des maladies cardio-vasculaires (MCV) et les patients âgés. Selon ce bilan, la majorité des personnes atteintes de MCV peuvent, raisonnablement, pour la plupart d'entre elles, poursuivre ou reprendre une vie sexuelle. Mais après tout incident cardiaque, cela passe par une évaluation, dont généralement une épreuve d'effort. En résumé, les patients à faibles symptômes auront, en général, un faible risque d'effets indésirables cardiovasculaires avec l'activité sexuelle. Mais reste l'anxiété et parfois…la dépression.
Ce bilan de l'American Heart Association fait la synthèse des données les plus pertinentes (Princeton Consensus Panel, 36th Bethesda Conference, recos de l'European Society of Cardiology, recommandations de l'American College of Cardiology et de l'American Heart ) portant sur l'activité sexuelle et les maladies cardiaques et apporte des recommandations utiles aux praticiens pour conseiller à leur tour leurs patients.
Alors que la diminution de l'activité physique dont sexuelle est courante chez les patients atteints de MCV, souvent en raison de l'anxiété, les auteurs rappellent que, dans la majorité des situations, la pratique régulière d'une activité physique réduit le risque d'accident cardiaque et de récidive.
Le rapport apporte ainsi un certain nombre de recommandations, classées en fonction du niveau de risque de I (bénéfice très supérieur au risque) à III (aucun bénéfice, risque très élevé) et du niveau de preuve scientifique de A (large évaluation) à C (faibles échantillons).
- - Les femmes avec MCV doivent être informées sur la sécurité et l'opportunité des différentes méthodes contraceptives et d'une grossesse, le cas échéant (I, C) ;
- Les patients avec MCV qui souhaitent reprendre une activité sexuelle doivent effectuer un examen médical et des antécédents médicaux (IIa, C) ;
- L'activité sexuelle est raisonnable pour les patients atteints de MCV, qui, après évaluation clinique, sont à faible risque de complications cardiovasculaires (Iia, B) ;
- Une épreuve d'effort est recommandée aux patients à risque cardiovasculaire modéré ou plus, afin d'évaluer leur capacité d'exercice et leur risque de développement de symptômes d'ischémie ou d'arythmie (IIa, C) ;
- L'activité sexuelle est raisonnable pour les patients qui présentent, à l'épreuve d'effort un résultat> 3 à 5 METS (metabolic equivalent task ou unité utilisée par la plupart des appareils d'ECG donnant un niveau de capacité physique fonctionnelle) sans angor, dyspnée, ischémie responsable de modifications du segment ST, cyanose, hypotension ou arythmie (IIa, C) ;
- La réadaptation cardiaque et l'exercice régulier sont recommandés aux patients atteints de MCV pour réduire leur risque de complications cardio-vasculaires liés à l'activité sexuelle (IIa, B) ;
- Les patients atteints de MCV, instable, décompensée, grave ou symptomatiques doivent reporter l'activité sexuelle jusqu'à stabilisation de leur état de santé (III, C).
- Les patients atteints de MCV ayant eu l'expérience de symptômes aggravés par l'activité sexuelle doivent différer toute activité sexuelle jusqu'à ce que leur état se soit stabilisé (III, C).
Le rapport passe en revue différents cas particuliers de MCV et précise, entre autres recommandations que l'activité sexuelle est raisonnable pour les patients qui ont subi une revascularisation coronarienne complète (IIa, B) …mais dans tous ces cas d'intervention, l'évaluation du praticien reste indispensable pour reprendre toute activité physique, dont l'activité sexuelle.
En conclusion, le bilan rappelle l'importance de l'activité sexuelle dans la qualité de vie du patient atteint de MCV comme dans celle de son partenaire. Ces recommandations confirment qu'il reste raisonnable pour la plupart des patients atteints de MCV se poursuivre ou reprendre une vie sexuelle. Mais après tout incident cardiaque, cela passe par une évaluation, dont une épreuve d'effort. Les patients aux symptômes stables et faibles auront, en général, un faible risque d'effets indésirables cardiovasculaires avec l'activité sexuelle. Les patients instables ou souffrant de troubles CV sévères devront être traités et stabilisés avant de s'engager à nouveau dans une activité sexuelle. La prise en charge de l'anxiété et de la dépression ne doit pas être négligée, tout comme les bénéfices de conseils sexuels aux patients atteints de MCV et à leurs partenaires.
Source: Circulation CIR.0b013e3182447787 Published online before print January 19, 2012, doi: 10.1161/CIR.0b013e3182447787 “Sexual Activity and Cardiovascular Disease”
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