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Droit de vote

Publié le 22 janvier 2012 par Malesherbes

Régulièrement, lors de l’un de ces multiples débats d’avant campagne présidentielle, j’entends l’un ou l’autre des participants déclarer fièrement : « Moi, je ne vote pas ! ».  Ce que ces brillants esprits, consultants, experts, philosophes, politologues, journalistes, écrivains, ne mesurent pas, c’est que, séduite par leurs propos adémocratiques,  la plèbe peut les imiter et s’abstenir elle aussi de voter. On pourrait se trouver après l’élection sans un nouveau président. Que ferait-on alors ? Prolongerait-on le mandat de l’actuel ? Attendrait-on calmement que lui, ou un autre, modifie la Constitution, dissolve le Parlement, embastille les opposants, se fasse élire président à vie ?  Ou bien s’en remettrait-on à quelque printemps français ? 
Quelle que soit la méthode utilisée, abstention, bulletin blanc ou bulletin nul, ne pas voter est injustifiable. Certes, il est possible que le choix proposé ne satisfasse pas l’électeur. Mais, s’il arrive au cours d’une randonnée en forêt qu’on se soit égaré, lorsqu’un se trouve devant deux voies possibles, on sait bien qu’il ne sert à rien de rebrousser chemin, on est dans l’obligation de choisir, on ne va pas camper sur place pour attendre quelque illumination. Ce qui, selon moi, motive ces non-votants, c’est de se préserver l'option de dire, une fois l’élection passée : « Ce président-là, ce n’est pas mon président, ce n’est pas moi qui l’ai choisi ».

Je ne m’accorde pas le droit de me retrancher ainsi de la foule. Le peuple français se prononce librement par des élections et les élus représentent l’ensemble des Français. Les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Même s’il a fallu attendre Jean XXIII pour que l’Église catholique cesse de déclarer les Juifs peuple déicide, je considère que les fils n’ont pas à expier les fautes des pères. Les générations allemandes d’après-guerre sont donc innocentes des crimes de leurs pères. Par contre, je n’ai jamais été convaincu par la litote consistant à parler de Nazis pour éviter d’incriminer les Allemands du Troisième Reich. Je suis opposé à pratiquement tout ce que Nicolas Sarkozy a pu faire et surtout dire depuis son élection. Malheureusement, il est mon président et me représente.

Il ne suffit pas de ne pas voter pour ne pas influer sur le résultat d’une élection. Celui qui ne vote pas diminue d’une unité le nombre des suffrages exprimés. Ce faisant, au second tour, il abaisse le nombre de voix requis pour atteindre la majorité absolue. Bien sûr, il ne s’agit que d’une voix parmi des millions. Mais on peut en dire autant de chacun des suffrages exprimés. À son corps défendant, le citoyen aux mains pures que nous envisageons ici a bel et bien avantagé le vainqueur, abaissant le seuil à dépasser pour qu'il soit élu. L’unique moyen pour lui de s’éloigner de l’élection est de se faire radier des listes électorales, punition que la majorité tente actuellement d’infliger à Rama Yade !
Tant que la France demeurera une démocratie, même imparfaite, ses élus représenteront la totalité du peuple français. Que tous ces Ponce-Pilate cessent d’inciter les électeurs à ne pas faire usage d’un droit chèrement acquis et qu’ils renoncent à parer des ornements de la vertu leur incapacité à choisir, sinon le meilleur, du moins le moins mauvais ! 


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