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Quelques mots sur l’or

Publié le 25 janvier 2012 par H16

Il me semble avoir déjà mentionné, dans l’un ou l’autre billet peuplant ce blog, qu’il est actuellement judicieux, en plus d’un peu de plomb, de se procurer aussi de l’or et de l’argent. Entre deux crises de rires spasmodiques devant les niaiseries de Hollande et l’effervescence inutile de Sarkozy, ce billet sera justement l’occasion d’apporter quelques éléments de réflexion au sujet de l’or.

Pour commencer et avant d’attaquer directement sur le métal jaune, je vous propose un petit état des lieux en examinant rapidement la monnaie que nous utilisons actuellement. En tant qu’Européen, quelques points intéressants peuvent être mentionnés sur les billets et les pièces que nous manipulons. Et comme le numismate Michel Prieur est bien plus érudit que moi en la matière, je lui laisse la parole :

Il faut s’y résoudre : la monnaie que nous utilisons actuellement est particulièrement artificielle, au moins dans sa fabrication. Elle l’est aussi dans son assise financière puisqu’à tout moment, la BCE peut choisir d’en créer ex nihilo autant qu’elle en veut… BCE qui est actuellement dirigée par Mario Draghi, dont on se rappellera qu’un des brillants postes précédents fut, au sein de Goldman Sachs Europe, d’aider la Grèce à présenter un bilan idoine pour rejoindre la monnaie unique. Le tout, c’est d’avoir confiance.

Et à propos de confiance, la vidéo suivante, présentant toujours notre M. Prieur, évoque justement le sujet. Elle n’est pas toute neuve, elle date de 2010 et relate, notamment, un Napoléon à 200€ ; il est actuellement autour de 260€, mais on comprendra que le fond du discours n’a guère changé en dix-huit mois.

Le constat du numismate vaut toujours : il n’y a toujours pas la queue devant les officines de vente d’or. Mieux : la plupart des boutiques qui proposent une opération sur l’or se contentent, pour le moment, d’en acheter ; pour le moment, il semble bien plus intéressant, pour ces entreprises, de distribuer des morceaux de papier émis par la BCE en échange d’or, récupéré sous forme de broutille, de bijoux ou de pièces, que de vendre cet or à qui en voudra. C’est un signe. D’ailleurs, il est évoqué dans l’extrait radio suivant, qui date d’août 2011 :

Extrait radio fort intéressant puisqu’on y rappelle notamment que la confiscation d’or n’est pas, à proprement parler, un événement hors du commun. Dans les années 30, l’Oncle Sam n’a en effet pas hésité à confisquer environ 500 tonnes d’or pendant qu’en France, pendant le Front Populaire, la possession d’or fut interdite. Le libéral qui sommeille en chacun de mes lecteurs (mais si, mais si) goûtera avec plaisir le passage (vers 14’50) sur les pays totalitaires qui, possédant leur population, ne lui laisse surtout pas accéder à une monnaie d’or, reconnue finalement partout dans le monde, qui leur permettrait de fuir les conditions d’exercice du totalitarisme, rarement roses.

Et si l’on fait un rapide bilan de ces différentes interventions, on remarque que les vingt-sept siècles d’utilisation de la monnaie donnent à l’or un historique d’utilisation assez solide, avec quelques constantes comme celle des autorités qui veulent toujours s’approprier soit le métal, directement, ou plus subtilement, le droit de le battre dans la monnaie officielle.

Dans ce cadre, on comprend que les efforts récents des Banques Centrales, qui ne sont plus que d’immenses imprimeries officielles, d’atténuer le fardeau de la dette en les noyant dans un papier de plus en plus volumineux s’achèveront évidemment sur une victoire à la Pyrrhus : les dettes disparaîtront bel et bien, mais avec elles, la monnaie fiat dans laquelle elle a été émise.

Conséquemment, comme le souligne Prieur, l’or montera autant que le papier dégoulinera en gros bouillons délétères des banques centrales puis des institutions bancaires privées ; l’or est alors un thermomètre et pour ceux qui nous dirigent, il est alors essentiel de tout faire pour que ce thermomètre indique l’absence de fièvre, ce qui revient à faire « baisser l’or autant que faire se peut car c’est un marqueur très prégnant dans l’imagination des gens ». Et pour le faire baisser, plusieurs méthodes sont actuellement utilisées :

a/ les États prêtent de l’or à des banques qui le revendent. L’or est revendu plusieurs fois et noie le marché. Son prix descend. Évidemment, il s’agit d’or « papier », de certificats sur de l’or physique, certificats qui s’avèrent bidons sur le long terme. Il en va de même avec l’argent (métallique).

b/ la manipulation de cours en utilisant les Futures : quand on dispose de sommes illimitées comme en fabriquent les États (et bises à Mario), on peut facilement faire baisser le prix des matières premières, celui de l’or y compris.

Devant ces manipulations, et en parallèle avec l’affaissement de plus en plus sensible des cours, et alors même que les banques centrales achètent de l’or à tour de bras — ce qui, au passage, donne une bonne mesure de la duplicité de nos gouvernements en la matière — des articles (sur le mode interrogatif) sur un retour à l’étalon-or apparaissent.

Quelques mots sur l’or

Beaucoup d’économistes, bardés de diplômes, n’aiment absolument pas l’or ou l’idée d’un étalon basé sur ce métal. Généralement, leur position est argumentée et n’est pas simplement une question de principe, mais bien l’aboutissement d’un raisonnement. Rationnellement, ils nous expliquent ainsi que l’or est une relique barbare, et qu’en réalité, il n’est utile comme monnaie que parce qu’on lui accorde une certaine confiance, tout comme on en accorde plus ou moins à de la monnaie papier.

L’argument n’est pas absurde : factuellement, même si l’or dispose de caractéristiques bien particulières qui le rendent tout à fait apte à servir de monnaie, à mesure que les moyens de paiement électroniques se répandent, la nécessité de recourir à une base métallique semble s’amenuiser.

Mais voilà : la monnaie présente aussi une part d’irrationnel, purement subjective, une matérialisation concrète d’une confiance qui, elle, est totalement sujette à toutes les interprétations possibles. Et c’est cette part d’irrationnel, qu’on ne peut ni quantifier, ni modéliser, qui rendent instantanément caduques les beaux arguments rangeant l’or exclusivement dans la case des matières premières ou des « commodities ».

Finalement, peu importe que sur le long terme, et dans les périodes de calme, l’or ne représente qu’un métal de bijouterie. C’est lors des crises qu’il devient, irrationnellement peut-être, mais concrètement tout de même, le moyen d’échange de valeur par défaut.

Or, actuellement, nous ne sommes plus dans une période de calme. Rien n’indique que les monnaies fiat, basées sur la bonne volonté des états à respecter leurs créanciers et certaines règles de bon sens budgétaires, pourront continuer à assurer leur fonction de support de transaction de valeur. Tout indique, au contraire, que les masses gigantesques d’argent qui ont été créées pour combattre la dette par de la nouvelle dette vont éroder la confiance placée dans ces véhicules.

Au final, peu importe que l’or soit ou non une relique barbare.
Peu importe qu’il y ait ou non de l’inflation (officielle ou réelle).

La seule chose qui compte, c’est la confiance du peuple dans l’instrument qu’il choisit pour commercer et échanger de la valeur. Dès lors que cette confiance n’existe plus, seul l’or conservera son crédit, quoi qu’en puissent dire les économistes chevronnés.



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