L'obsolescence programmée, qui fait que votre ordinateur ou votre smartphone vous lâche au bout d'un, deux ou trois ans, est un concept qui ne date malheureusement pas d'hier... Ce travers de la société de surconsommation apparu dans les années 1920, fait l'objet d'un documentaire sans détour, diffusé mardi 24 janvier à 20h sur Arte.
Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de ces déchets informatiques qui arrivent par conteneurs. Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, le redoutable concept de l'obsolescence programmée a été mis au point. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs. Le but de ce concept ? Consommer toujours plus afin d'enrichir les entreprises de NTIC. La logique est croître pour croître", note Serge Latouche, professeur émérite d'économie à l'université de Paris 11.
"À l'époque, le développement durable n'était pas au centre des préoccupations", rappelle Warner Philips, arrière-petit-fils des fondateurs de la marque du même nom. Mais alors que les ressources de la planète s'épuisent, rien n'a changé. "
Tourné en France, en Allemagne, en Espagne, au Ghana et aux États-Unis, nourrie de nombreuses archives et interviews, avec, pour fil conducteur, le test d'une imprimante récalcitrante, "Prêt à jeter" est une démonstration minutieuse qui débusque les avatars de l'obsolescence programmée et leurs répercussions. Elle esquisse aussi d'autres modèles économiques : de la décroissance, prônée par Serge Latouche, à une industrie qui produirait et recyclerait à l'infini, à l'image de la nature. Une investigation passionnante, qui, l'exaspération une fois passée, amorce la réflexion.
CG