Magazine Politique

Des jeunes du Pays-Haut qui font parler d’eux : Stéphane Solida : « seul au monde » à Tchernobyl. C’est un Thillois….

Publié le 26 janvier 2012 par Forrestgump54

Ce n’est pas en tant qu’opposant au nucléaire que le Thillois Stéphane Solida est allé à Tchernobyl. Il a pris ce risque d’abord par passion de la photographie, et des voyages « insolites ».

Des jeunes du Pays-Haut qui font parler d’eux : Stéphane Solida : « seul au monde » à Tchernobyl. C’est un Thillois….Tchernobyl : un nom qui fait toujours aussi froid dans le dos, vingt-six ans après la catastrophe, l’accident nucléaire qui avait causé des milliers de morts et l’évacuation de plusieurs centaines de milliers de personnes en Ukraine.
Stéphane Solida, jeune Thillois de 29 ans passionné de voyages et amateur d’excursions « originales et insolites » autant que de sensations fortes, y est allé en août 2011. Avec son appareil photo, ce consultant en informatique au Parlement européen a vécu une expérience aussi « bouleversante » qu’inquiétante.
Son exposition d’une quinzaine de ses images est à découvrir jusqu’au 5 février au puits de siège à Longwy-Haut.
Récit.
Préparation. – On ne va pas à Tchernobyl comme on va à Ibiza. « Je m’étais préparé mentalement, en regardant des documentaires, vidéos (d’enfants ou animaux déformés par exemple), etc. Mon père y était allé dans l’humanitaire en 1994. L’idée vient peut-être de là. Je savais qu’en n’y restant que trois heures, les dangers d’irradiation étaient limités, à condition de respecter certaines règles de sécurité. »
Agence. – Stéphane Solida a profité du voyage qu’il faisait avec un ami entre Kiev et Belgrade pour contacter une agence touristique spécialisée dans les excursions à Tchernobyl et située dans la capitale ukrainienne, à 110 km de la centrale nucléaire. « Elles sont une dizaine à faire ça. Elles font du business avec ce drame. Ça coûte 100 €. Ça peut paraître glauque, oui. Mon ami a eu peur et est resté à l’hôtel. Je le comprends. Je suis monté dans le bus avec une dizaine d’autres touristes, dont des Italiens, des Canadiens. Ils nous ont passé un reportage sur les événements et ses conséquences. »

Premier village. – « L’agence nous a fait signer une décharge juste avant la zone d’exclusion (zone fermée à cause de la radioactivité) : si on tombe malade ou autre, on ne peut se retourner contre elle. Ça m’a mis tout de suite dans le bain. Ensuite, on est arrivés dans un petit village, Kopatchi. On est sortis du bus pour aller visiter le jardin d’enfants, le seul truc qu’ils n’ont pas détruit après la catastrophe. Tout le reste a été enterré pour limiter les problèmes. Il reste des jouets, des petites chaussures, des cahiers d’école. »
Pripiat. – Deuxième étape, la ville de Pripiat, 50 000 habitants avant la catastrophe, zéro aujourd’hui. Une ville fantôme. « On était les seuls humains. Il n’y avait pas de bruit. On se croyait seuls au monde. C’est une sensation très bizarre, qui fait peur. On est allés visiter des maisons, des appartements, des lieux où il y avait de la vie. J’essayais de m’imaginer ce que cette dernière était. C’est impressionnant. La nature, avec les arbres notamment, envahit les grandes avenues où on voit encore l’architecture soviétique, la faucille et le marteau en sculpture… »
La centrale. – « Une guide nous avait rejoints à l’entrée de la zone d’exclusion, avec un badge électronique qui mesure son taux d’irradiation. Quand elle en a de trop, elle doit stopper son travail et se rendre à Kiev dans un hôpital. Elle a pointé son compteur Geiger sur la centrale, qui ressemble à une usine avec un énorme bloc de béton sur le réacteur qui a explosé. Son compteur s’est affolé. Et pourtant, on est restés à 100 m… »
Cantine. – « On a mangé à midi à la cantine des ouvriers et scientifiques qui y travaillent toujours, pour colmater les brèches ou surveiller le bloc. On est passés dans une cabine à l’arrivée et à notre départ. Et quand il a fallu passer dans celui qui devait nous autoriser à partir, j’ai eu une nouvelle fois peur. Si on est irradiés, on doit aller en urgence à l’hôpital. Je n’ai rien eu heureusement. »
Le nucléaire. – « J’ai toujours été opposé à cette énergie, et là j’ai vu sur place ce vers quoi elle nous dirigeait si on continuait. On l’a encore vu avec Fukushima. Pour faire suivre la population, on nous ment sans arrêt, aujourd’hui également en France. L’exemple avec Tchernobyl : le nuage s’est arrêté à la frontière. Avec cette exposition, je pourrais peut-être montrer les conséquences de tout ça. »
À voir du lundi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, entrée libre.

Sébastien Bonetti. Républicain Lorrain du 26 JAnvier 2012

Share

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Forrestgump54 30495 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines