Quelques kilomètres suffisent à basculer dans un autre monde que celui de Damas, celui, sinon du désert, car il ne l'est point, du moins d'une steppe aride qui offre sur la vie quotidienne en Syrie un autre point de vue.
Economiquement parlant, la Syrie est en souffrance. Accablée indirectement par le contrecoup de la guerre coloniale menée en irak, qui l'a privée d'une grande partie des échanges avec son principal partenaire commercial, elle a aussi du faire face à près de deux millions de réfugiés irakiens. Puis la Syrie a été contrainte de quitter le Liban, terre riche s'il en est, en 2005. Historiquement, le Liban a été découpé aux flancs de la Syrie par le colonisateur français, qui y a créé d'ailleurs le système de partage du pouvoir sur une base confessionnelle qui est aujourd'hui dans l'impasse. Quand en 1918 la Syrie a commencé de se soulever, avec la désintégration de l'empire ottoman, un parlement convoqué à Damas proclama une "grande Syrie" intégrant, outre l'actuelle Syrie, le Liban et la Palestine. Ambition d'émancipation nationale contrecarrée par les armées françaises...
On croise sur la route d'incroyable oasis de bétons plantées dans le désert.
Puis on traverse des petites cités miséreuses où les habitants, du moins les hommes, restent immobiles au pied des cités.
Et puis, à nouvau, le désert, que sillonnent d'autres hommes chevauchant de modernes chameaux....
Dans les Ethiopiques d'Hugo Pratt, El Oxford, avatar imaginaire de Lawrence d'Arabie, proclamait son amour du désert "parce qu'il est propre"... Pas ici!
Puis voici, encore plus loin, le monastère chrétien de Deir Marmusa. Vieux monastère (7ème siècle), auquel on accède par une rampe flanquée d'arches anciennes comme modernes, au flanc de collines marquées de mystérieux symboles...
La chapelle est quant à elle ornée de fresques presque millénaires, plutôt bien conservées quoiqu'une certaine règle interdisant les représentations humaines ait aussi laissé ses traces sur les murs.
On y trouve aussi des grottes, car ce sont des ermites qui s'intallèrent ici en premier, grottes consacrées à la prière dont la tradition a été préservée par les actuels chrétiens qui occupent à nouveau les lieux.
Un accueil chaleureux, agrémenté de victuailles issues d'un mélange culinaire franco-syrien permettent de savourer un panorama unique, où le regard se perd, où l'âme vagabonde à son aise...
Du désert, on retiendra encore, avant d'explorer plus avant, cette construction délaissée, plantée au mileu de la rocaille rougeoyant dans les derniers feux du jour...
Carnet de Syrie : toujours un peu plus loin (2)