Magazine Société

nEUROn

Publié le 27 janvier 2012 par Toulouseweb
nEUROnUn avion de combat européen ... sans pilote.
Ce n’est plus une simple «vue d’artiste», moins encore une image de science fiction, façon Stars War : le nEUROn, au nom orthographié de manière aussi originale que la silhouette de l’engin intrigue vient d’être présenté aux autorités de l’Armement des six pays qui participent au programme. C’est un «avion» de combat, dont la taille est similaire à celle du Rafale, et auquel il ne manque qu’un cockpit. C’est en effet un UCAV, Uninhabited Combat Air Vehicle, terminologie barbare bien américaine désormais adoptée par tous les spécialistes (1).
On le dit furtif à l’extrême, son armement est enfui dans des soutes (ceci contribue à expliquer cela), il vole en croisière à environ Mach 0,8 et, quelle que soit la manière de l’approcher, il illustre parfaitement ce qu’il est convenu d’appeler l’état de l’art. Et s’il n’était pas qu’un «simple» démonstrateur technologique, peut-être pourrait-on le considérer comme une préfiguration des avions de combat de demain. Ce qu’il est, de toute manière, dans certaines limites.
Tout état-major capable de se projeter dans l’avenir à un avis (et souvent un désir d’avenir) à propos des UCAV. Les Etats-Unis, le premiers, sont passés de la théorie à la pratique, peut-être, dans leur subconscient, parce que ce sont eux qui ont inventé ce qu’il est convenu d’appeler le syndrome CNN : les caméras sont partout, en première ligne, et il est insupportable de montrer des morts. Au-delà de l’autocensure, mieux vaut inventer la guerre sans victimes, conduite à distante, notamment par des avions de combat qui n’emportent pas d’équipage. Reste à savoir s’il s’agit là d’une manière de faire imaginée pour satisfaire CNN et l’opinion publique, ou une doctrine militaire à proprement parler.
Le nEUROn entamera ses essais en vol dans 5 mois environ, sans que l’on sache jusqu’où mènera cette opération communautaire, novatrice à plus d’un point de vue. On retiendra tout d’abord que cette initiative repose sur un modèle de coopération européenne «qui optimise les compétences respectives des industriels participants, sous la direction d’un maître d’œuvre reconnu et accepté». Et cela sans rechercher l’encombrant retour sur investissement d’ordre géographique. On devine que chaque mot est ici savamment pesé, qu’il s’agit de rompre avec un passé lointain, coûteux, voire stérile. Outre Dassault Aviation, les industriels concernés sont Alenia Aermacchi, EADS CASA, HAI (Turquie), Ruag (Suisse) et Saab Aircraft. La propulsion est assurée par un Rolls-Royce/Turbomeca Adour.
Outre l’appareil lui-même, dont les caractéristiques détaillées ne sont pas dans le domaine public, le nEUROn innove sur le plan de la méthode. En effet, il a été entièrement conçu et développé sur ce qu’il est convenu d’appeler un plateau virtuel. C’est-à-dire un bureau d’études multinational, dont les participants sont éclatés au plan géographique mais, informatique aidant, n’en sont pas moins extrêmement proches au point de travailler en parfaite osmose.
On l’a compris, il s’agit de préparer l’avenir, alors que l’on s’interroge avec inquiétude sur les risques de pertes de compétences des constructeurs européens en matière de développement d’avions de combat du futur, avec ou sans pilotes. Mais, dans cet esprit, le nEUROn répond aussi à des préoccupations immédiates, «la nécessité de maintenir un plan de charge pour les bureaux d’études». Les origines du Rafale, par exemple, remontent à plus de 25 ans mais son successeur, s’il existe un jour, ne prendra sans doute pas forme avant bien longtemps. Et il sera européen ou ne sera pas.
Que faire entre-temps d’équipes d’ingénieurs qui, faute de programmes nouveaux, risquent de se volatiliser. C’est pour formuler un début de réponse que la notion de démonstration technologique prend toute son importance. Même les Etats-Unis sont confrontés à cette difficulté, d’autant que, pour la première fois dans leur histoire contemporaine, aucun avion de combat nouveau n’est actuellement en cours de développement dans leurs bureaux d’études.
Pierre Sparaco - AeroMorning
(1) Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, utilise le vocable «drone de combat».

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine