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[France Nucléaire] BURE : sonder, les sous-sols et les cerveaux, une spécialité de l’ANDRA

Publié le 27 janvier 2012 par Yes
 Collectif BURESTOP 55 26/01/2012 Communiqué de presse  - – - – - – - – - – -

L’Andra a publié aujourd’hui un sondage concernant le pseudo “laboratoire” géologique et la future poubelle nucléaire de BURE.

Le résultat : rien de bien nouveau – et de l’argent dépensé en pure perte ? En surface, les facteurs d’acceptablité immédiate et concrète qui pèsent : la manne financière considérable déversée depuis 18 ans à des départements peu peuplés et crédules, les promesses d’emplois (réels ou non), la politique de green-washing efficace et tellement déculpabilisante, les campagnes de communication globalisante et optimiste, jamais alarmante. L’Andra et le gouvernement ont su trouver les arguments pour implanter l’idée même de la poubelle nucléaire dans la conscience des riverains, avant qu’elle ne soit effective et en service. En souterrain, la peur de la dépréciation des biens immobiliers, les craintes liées à l’impact des contaminations radioactives, les doutes pour l’environnement et la santé à long terme, etc. Des inquiétudes récurrentes qui s’expriment en vain depuis l’arrivée du projet mais n’ont toujours pas de réponse… Quid des 40 000 signatures d’électeurs meusiens et haut-marnais rassemblées en 2007/2008, qui demandait à leurs conseils généraux respectifs un référendum sur la question de BURE ? Pourquoi les élus départementaux ont-ils refusé ce “test d’opinion” citoyen et légitime alors ? Une des vraies questions non abordées, reste bien l’image de marque de la Meuse. Qui dans 20 ans voudra habiter, investir, cultiver et vivre aux abords de deux gigantesques poubelles nucléaires, une en surface et une sous terre. Un sondage, en avant-première du débat public à venir : un exutoire, surtout pas un dispositif décisionnel
Le collectif BURESTOP 55 met en garde les Meusiens (et leurs voisins), qui vont être appelés à “participer” à la prochaine étape du processus préparé en haut lieu qui mène droit à l’enfouissement nucléaire : le débat public de 2012/2013. Il dénonce dès maintenant ce processus appelé débat et qui n’en est pas un. Obligatoire pour mettre l’Andra en règle avec la Convention internationale d’Aarhus*, ce débat n’a aucune vocation à agir sur les processus décisionnels. Les décisions sont (déjà) prises ailleurs et ne concernent pas les riverains. L’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux (on ajouterait même du Mox hautement toxique), n’est pas à débattre.

Contact : 06 86 74 85 11 - 06 85 50 82 77 

www..burestop55.org- – - – - – - – - – - – - – - -

*L’article 9 de la Convention d’Aarhus comprend les dispositions relatives à l’accès à la justice. En application de cet article, toute personne doit pouvoir saisir un tribunal en cas de violation des dispositions de la Convention relatives à l’accès à l’information, à la participation du public ou des dispositions du droit interne de l’environnement.
En France, la participation du public dans le cadre de l’élaboration de projets, plans ou programmes susceptibles d’affecter l’environnement intervient selon quatre modalités principales : le débat public (articles L .121-1 à L.121-15 et R.121-1 à R.121-16 du code de l’environnement) : la participation du public à l’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement ou l’aménagement du territoire peut prendre la forme d’un débat public. La Commission nationale du débat public (CNDP) est une autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect de la participation du public au processus d’élaboration des projets d’aménagement ou d’équipement d’intérêt national relevant de catégories d’opérations dont la liste est fixée par décret en Conseil d’Etat, dès lors qu’ils présentent de forts enjeux socio-économiques ou ont des impacts significatifs sur l’environnement ou l’aménagement du territoire. La participation du public peut prendre la forme d’un débat public portant sur l’opportunité, les objectifs et les caractéristiques principales du projet.

Membre co-fondateur de Bure-Stop

Membre co-fondateur de la ‘Fédération Grand-Est STOP Déchets Nucléaires’

Membre du ‘Réseau sortir du nucléaire’

Membre de la CRIIRAD

BP 17 – 52101 SAINT DIZIER Cedex – FRANCE

Téléphone-répondeur-fax : (33) 03 25 04 91 41 /  06 66 959 777

[email protected] / www..burestop.eu - www.villesurterre.com – www.stopbure.com – facebook

 Déchets nucléaires :

Un scientifique analyse le projet d’enfouissement

Le CEDRA vient d’être destinataire d’une étude passionnante. L’auteur y analyse le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Lorraine/Champagne-Ardenne), à travers des documents de son promoteur, l’ANDRA. La lecture minutieuse de ces documents, officiels, soulève un certain nombre d’interrogations majeures. Période cruciale pour des décisions lourdes de conséquences, cette étude arrive à point nommé..

Bertrand Thuillier, ingénieur et Docteur ès Sciences, vient de rendre public le résultat de longues semaines d’un travail d’investigation fouillé et rigoureux. Sensibilisé au projet de stockage souterrain de déchets nucléaires à Bure, il explique lui-même le sens de sa démarche face à ce dossier hautement controversé : « ce travail a été élaboré à partir des documents de l’Andra [Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, promoteur du concept de Bure] dans une approche scientifique et non polémique. Le but était d’identifier et de recenser les questions clés associées à l’exploitation d’un tel site, et ce dès son démarrage. L’intérêt que nous avons voulu donner à cette étude, et indépendamment de tout avis sur le fait d’être pour ou contre le nucléaire, réside dans la mise en évidence d’éléments factuels donnés et écrits par les concepteurs du projet. Ces éléments, et les questions qu’ils posent, nous semblent suffisamment importants par les conséquences qu’ils entraînent pour qu’il faille, à notre sens, les mettre à la connaissance du grand public et des décideurs »

Cette étude, déclinée en différentes parties thématiques, a donc pour matière première la « bible » de l’Andra sur son projet de Bure. Intitulé « Argile 2005 », ce volumineux document contient plus de 2000 pages denses (1). Il faut noter que ce document a eu un rôle capital car c’est lui qui a servi de base à l’élaboration de la loi votée le 28 juin 2006 (2), traitant de la gestion des déchets radioactifs, et qu’il a donc permis le feu vert législatif à l’enfouissement des déchets radioactifs (dans le secteur de Bure). Il est a se demander si les 925 parlementaires (députés et sénateurs) de 2006, appelés à décider du devenir des déchets nucléaires par leur vote, se sont penchés sur le dossier de l’Andra. En effet, comment auraient-ils pu ne pas voir l’accumulation de questions majeures émaillant le dossier et faisant là l’objet de l’étude de B.Thuillier ?

Que le lecteur sache également que la démarche rigoureuse du chercheur B.Thuillier l’a poussé à confronter ses découvertes avec les données plus récentes de l’Andra, compilées dans les dossiers « Zira 2009 » (152 pages) (3) et « Argile 2009 » (près de 1800 pages)..

Le CEDRA remercie chaleureusement Bertrand Thuillier pour ses apports. Puissent de telles analyses éveiller les consciences, en cette période cruciale pour l’avenir des vastes territoires – et de leurs populations – qui seraient impactés par Bure.

Notes

1/ Dossier Andra Argile 2005 > http://www.andra.fr/download/site-principal/document/editions/266.pdf

2/ http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=095109372FA169331FFBA6654E48D8DB.tpdjo15v_2?cidTexte=JORFTEXT000000240700&categorieLien=id

3/ http://www.andra.fr/andra-meusehautemarne/download/andra-meuse-fr/document/proposition_zira_C-RP-ADP-09-0035A.pdf

En fichiers joints, les deux premiers volets du triptyque :

-   nuisances : rejets gazeux, transports, emprise

-   sécurité : risques pour le personnel, risques d’explosion, risques d’incendie

Les déchets nucléaires et le spectre de Fukushima

Fukushima a marqué les esprits, avec une prise de conscience mondiale par les risques pesant sur l’espace d’un territoire contaminé et pollué sur des milliers de km², et sur des temps se comptant en nombre de générations humaines. Il est très vite apparu que ce désastre avait pour origine des décisions issues d’une démarche considérant que, face à une évaluation complexe de risques encourus, il avait été privilégié de séparer les situations, de les évaluer séparément, et à des niveaux envisageables.

Il est curieux maintenant de constater qu’un projet tout aussi complexe est en cours de lancement en Haute-Marne/Meuse (250 kms de Paris), où l’approche des risques semble être très similaire.

En quelques mots, ce projet consiste à enfouir des déchets Moyennement et Hautement radioactifs à Vie Longue (MAVL-HAVL), et des combustibles usagés dans des couches d’argilites à une profondeur comprise entre 500 m et 600 m. Il est bien entendu que le risque sismique est extrêmement faible dans le bassin parisien, et que les risques d’inondations ou de tsunamis sont inexistants, mais d’autres risques sont présents, et malheureusement également bien additifs, associés, reliés, et difficilement modélisables.

   Une majorité des déchets MAVL produisent de l’hydrogène.. Les colis de ces derniers ont bien entendu été conçus pour être non étanches à la libération des gaz (y compris pour les radioéléments gazeux) afin d’éviter que ces colis n’explosent, mais cette production totale représente de l’ordre d’un million de litres/an d’hydrogène, et oblige alors à une ventilation très forte (plus de 500 m³/s) du stockage pour éviter d’arriver à une concentration explosive (au-delà de 4% d’hydrogène).

Il est à ajouter que certains de ces colis sont également constitués en partie de bitume (de l’ordre de 10 000 tonnes au total) pour lesquels la limite d’auto-ignition est de 450°C.

Dans ce stockage seront également présents d’autres types de déchets, par exemple des combustibles usés produisant de la chaleur (100°C au contact environ) et qui doivent être traités avec des procédés à sec pour éviter un risque de criticité (réaction nucléaire en chaîne).

Enfin, les questions d’accidents conventionnels ne sont pas à exclure : chute d’un colis, collision entre deux véhicules, courts-circuits électriques, panne de ventilation, éboulements, tout en considérant les poussières et les gaz d’échappement émis par les engins (monoxyde de carbone, par exemple) dans cet environnement confiné et souterrain.

Tous ces risques ont été sérieusement étudiés séparément par le maître d’œuvre, mais imaginons que tous ces paramètres se mettent à l’orange : un accident, une zone non ventilée, une goutte d’huile sur un moteur (flamme), une batterie défectueuse (étincelle), un début d’incendie d’un engin, des colis bitumineux sur l’engin, des fumées, une élévation de température, un empêchement d’intervenir vite par conséquence, une décision malheureuse en réaction :

. pas assez d’eau, et l’incendie se développe, trop d’eau, et on augmente le risque de criticité

. ou encore concernant la ventilation : trop de ventilation, pour éliminer les fumées, mais le feu s’étend, un arrêt de la ventilation, et alors l’hydrogène s’accumule et augmente le risque d’explosion.

Peut-on réellement modéliser tous ces risques et les décisions et procédures associées dans un environnement aussi hostile ? Et alors, que faire si la situation dégénère en un incendie de longue durée ? Les structures seraient endommagées, certains colis pourraient être éventrés, peut-être jusqu’à ce que des assemblages perdent leur géométrie sous-critique (chaque colis de combustible usé CU2 contient 12 kg de Pu239, 510g sont suffisants pour débuter une réaction en chaîne), et alors la catastrophe serait là.

Dans ces conditions, comment de pas s’inquiéter d’un projet dont les risques d’occurrence de catastrophe sont extrêmement faibles (mais non nuls) en lien avec des dommages infiniment élevés (rejets de radionucléides par les puits d’accès, contamination des eaux de la Marne par ses affluents). On arrive ainsi, avec un peu de culture statistique, à une (dés-)espérance mathématique qui donnerait bien évidemment une situation infiniment dommageable pour les citoyens et leur environnement, une situation qui, bien entendu, avait été pensée ne jamais se produire..

Bertrand Thuillier

Docteur ès sciences

Professeur Associé


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