J’ai gardé le meilleur pour la fin : l’échoppe, maison basse typiquement bordelaise que l’on trouve essentiellement dans ce qu’on l’on appelait autrefois les “faubourgs”. Son nom est trompeur : partout ailleurs, le terme “échoppe” évoque une petite boutique d’artisan, on dit “l’échoppe du cordonnier”, par exemple. C’était effectivement le rôle de ces constructions à la toute fin du moyen-âge, lorqu’elles firent leur apparition aux marges de la ville. De ces échoppes-là, il ne reste plus rien. Avant la Révolution, les échoppes devinrent ce qu’elles sont aujourd’hui : des habitations, très populaires jusque dans les années 1930 (époque où cessa leur construction, qui s’était intensifiée dans la deuxième moitié du XIXè siècle), franchement recherchées par les bobos aujourd’hui (avec prix en rapport).
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Les dix-mille et quelques échoppes de Bordeaux (et je ne compte pas celles des communes proches) se ressemblent toutes … et sont toutes différentes ! Elles se ressemblent par leur forme et leur disposition : alignées au cordeau le long du trottoir, sans garage ni dépendance outre la cave, avec soupirail pour livrer le charbon ; les échoppes simples ont trois pièces principales, alignées d’un seul côté du couloir, alors que les échoppes doubles, plus grandes, ont des pièces réparties de part et d’autre d’un couloir central. La pièce du milieu n’a pas de fenêtre. Sur l’arrière, un petit jardin permettait de cultiver quelques plantes potagères, aujourd’hui on y voit plutôt des fleurs et des chaises longues. Ces échoppes sont par contre toutes différentes par leurs décors : si la pierre calcaire est le matériau de base, les dessus de portes et de fenêtres peuvent être décorés avec une certaine fantaisie, tout comme les dessous de toit. Les huisseries sont éventuellement peintes en couleurs. Les travaux actuels de rénovation sont généralement bien réussis, mais il y a parfois des ratés : surélévation approximative, volets roulants en plastique pas toujours bien intégrés, etc.