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Les nrj music awards m’ont tuer

Publié le 30 janvier 2012 par Acrossthedays @AcrossTheDays

LES NRJ MUSIC AWARDS M’ONT TUER

Depuis 2000, la radio NRJ organise chaque année à la mi-janvier ses propres récompenses sous le nom de “NRJ Music Awards”. Entre Nolwenn Leroy, Shakira, LMFAO, Christophe Maé, Shy’m ou encore Matt Pokora, la crème de la musique était présente pour cette édition 2012. Une émission en prime time sur TF1 soumise aux diktats de NRJ et des majors.

Un émission laborieuse

De l’arrivée d’Adriana Karembeu en Hummer en passant par le costume à pleurer de Justin Bieber, les NRJ Music Awards nagent dans le mauvais goût. “Belle”, “beau”, “plaisir”, “grande”, “talentueux”, le vocabulaire de Nikos Aliagas, présentateur de l’émission, ne connaît aucune limite.

Et quand viennent les premières nominations, entre Pitbull et Sean Paul ou Enrique Iglesias, on se pose une question : comment ? Comment les professionnels de la musique, et plus particulièrement les majors, peuvent t-ils s’apitoyer sur leur sort en pointant du doigt le téléchargement illégal lorsqu’une telle offre musicale nous est présentée ?

Outre le choix des artistes, les chansons choisies pour les lives de l’émission n’ont rien d’originales : sur les 19 “performances”, cinq sont des reprises : Shakira qui reprend du Francis Cabrel; Nolwenn Leroy qui donne de la voix sur un bon vieux Manau; “En apesanteur”, vieux tube de 2002, version Shy’m; Matt Pokora qui récupère du Jean-Jacques Goldman, etc. En résumé, la création musicale n’est pas le fort des NRJ Music Awards.

La musique francophone, mal en point

Du coté de la France, la cérémonie a récompensé Keen V, un mélange de paroles incompréhensibles sur une musique qui semble avoir été produite dans une salle de bain. Pourtant, c’est la “révélation francophone de l’année”.

Matt Pokora a lui aussi connu les lauriers. Non pour son dernier album qu’il aurait dument créé de ses propres oreilles, mais grâce a une reprise de Jean-Jacques Goldman. La seule différence avec l’originale ? L’avoir passé par un mixeur antillais. Ainsi, on chipe un tube des années 90 et on obtient la meilleure “chanson francophone de l’année”.

Il est aussi à noter que Nolwenn Leroy, nommée dans deux catégories, fait partie de la longue liste des chanteurs et chanteuses passés par l’émission de télé-réalité Star Academy qui ont été, étrangement, récompensés aux NRJ Music Awards : Jennifer, Emma Damas ou Gregory Lemarchal ont aussi eu droit, en leur temps, à un bon partenariat entre NRJ et TF1. Une manière d’accentuer la victoire d’un candidat de la télé-réalité en peine dans les bacs, qui plus est quand les rumeurs de trucage fusent.

Mieux vaut avoir vendu des disques et être signé sur une major

Outre-atlantique, aucune surprise : on prend les meilleures ventes en provenance des plus grands labels. L’exemple des artistes internationaux nommés est flagrant au regard de leurs ventes respectives et du label auxquels ils sont rattachés.

Par exemple :

  • Adele : 16,4 millions d’exemplaires. Label : XL, Columbia
  • Bruno Mars : Artiste numéro 1 mondial des ventes digitales en 2011. Label : Warner Music
  • LMFAO : 346 millions de vues pour leur premier single “Party Rock Anthem“. Label : Universal Music Group
  • Beyoncé : 1,089,000 d’albums vendus aux États-Unis depuis sa sortie. Label : Columbia Records
  • Britney Spears : 1 400 000 d’exemplaires. Label : Jive Records/Sony Music Entertainment
  • Rihanna :  2,038 millions d’exemplaires depuis sa sortie. Label : Def Jam / Universal Music Group
  • Black Eyed Peas : 2,5 millions au 24 février 2011. Label : Interscope / Universal Music Group

Ces chiffres et les labels cités non exhaustive montrent bien que les petits groupes, petits artistes et petits labels indépendants sont ignorés lorsque les critères de sélection ne repose que sur les ventes. En 2010, alors que son artiste Charlie Winston était nommé mais n’était pas le bienvenu à la cérémonie, Marc Thonon, directeur du label Atmosphériques, déclarait :

 « Comme par hasard, il n’y aura que des musiciens issus de grosses multinationales qui seront programmés. (…) C’est purement et simplement une main mise des majors sur la programmation ».

Mais le plus étrange reste que les artistes ou groupes récompensés doivent être en bon terme avec la radio et la chaîne pour pouvoir être récompensé : Madonna ayant mis un terme à son partenariat avec NRJ ou Britney Spears ayant préféré Fun Radio, aucune des deux ne reçut de nouvelles récompenses, cette année y compris.

De l’autre côté, il est curieux que Matt Pokora, sans connaître un succès monstre,soit souvent nommé puis gagnant, encore une fois cette année. Curieux car le chanteur a participé à l’émission de TF1 “Danse avec les stars”, tout comme la chanteuse Sh’ym, elle aussi récompensée aux NRJ Music Awards 2012 en tant que “Artiste Féminine Francophone”.

Une forme d’auto-satisfaction de ses résultats et de ses partenariats.

 Des récompenses inventées pour l’occasion

Une des surprises de cette édition a été la capacité d’invention des organisateurs de la soirée. Car près de trois nouveaux prix ont été décernés.

Deux “NRJ Music Award d’honneur” ont ainsi été respectivement attribués à Sharkira (34 ans) et Justin Bieber (17 ans). Il semblerait que ces distinctions aient été créées spécialement pour que les deux artistes soient présents à la cérémonie.

Pour ce qui est de Nolwenn Leroy, c’est un “NRJ Music Award de la meilleure vente de disques” sorti de nul part qui a récompensé la chanteuse bretonne. Un “award” un poil mensonger car c’est Adele, avec plus de 16 millions d’albums vendu en 2011, qui aurait dû le recevoir.

Enfin, Mylène Farmer, qui n’avait aucune actualité musicale en 2011, excepté une énième compilation, a elle aussi fait triturer les méninges de la direction de TF1 et d’NRJ. Déjà récompensée neuf fois aux NRJ Music Awards – un record, elle a reçu samedi soir un “Award de diamant”.

L’émission, qui ouvre le MIDEM, le plus grand rassemblement des acteurs de la musique au monde, n’est plus une vitrine de l’actualité musicale internationale mais une machine à promotion des majors et des chansons vendues à des millions d’exemplaires. Une façon de légitimer ce qu’on réussit à vendre.

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