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Caricatures xénophobes du FN de Villeurbanne, rien de neuf finalement

Publié le 02 février 2012 par Vogelsong @Vogelsong

“Le nazisme fut une abomination. Il m’arrive de regretter de ne pas être née à cette période, pour avoir pu le combattre.” M. Le Pen le 1 février 2012 (Quatre jours après être allée valser avec les cadres du FPO)

Dans l’émission Des clics et des claques d’Europe 1, G. Birenbaum épingle S. Poncet pour ses dessins publiés sur son blog. Le caractère raciste, haineux de chacun de ceux-ci est indubitable. D’ailleurs, le trait enfantin et naïf ne fait que rajouter au malaise. Néanmoins, le candidat FN de Villeurbanne ne fait que reprendre dans chacun de ses dessins des thématiques largement répandues dans les médias et partis politiques. Et ce, depuis des décennies, d’ailleurs souvent traitées avec beaucoup plus de sérieux.

Caricatures xénophobes du FN de Villeurbanne, rien de neuf finalement

Damien Roudeau - Les yeux dans le monde

Le FN utilise aujourd’hui le terme “priorité nationale” pour faire le tri entre le bon grain et l’ivraie. Un glissement sémantique plus ou moins heureux de “préférence nationale”. Le dessinateur frontiste de Villeurbanne caricaturant un jeune noir dans un dessin intitulé “Intouchables ?” en référence au film avec O. Sy, lui fait dire “Prioritaires dans le logement, l’emploi, mes prestations sociales. C’est vrai qu’en France nous sommes intouchables…”.

Le 14 janvier 2012, B. Barèges, membre de l’UMP déclare “Ce que je dis simplement, c’est qu’entre ceux qui veulent ouvrir toutes grandes les portes – par souci doctrinaire et surtout électoraliste – et ceux qui veulent toutes les fermer – par repli un peu xénophobe – nous sommes au milieu, c’est-à-dire en traitant le mieux possible les besoins de la France dans un contexte économique très grave où le chômage augmente et où il nous faut, c’est vrai quand-même, accueillir la préférence nationale”. Elle reviendra, contrite, sur ces derniers mots quelques jours plus tard.

P. Buisson, éminence élyséenne, s’aventura sur le même sentier dans un article de Paris Match. Qui fut par la suite modifié. Il dit : “[je] plaide pour une grande loi de réhabilitation du travail ; elle lutterait contre l’assistanat en réservant par exemple le RSA et le RMI aux Français qui ont un travail.” A la suite de ce couac, M. P. Daubresse, le centriste de service au sein de l’UMP, viendra à la rescousse du président de la République : “J’ai discuté longuement avec le président de la République et il n’a jamais été question de la préférence nationale, ni de près, ni de loin.”

Pourtant un président de la République, qui, lorsqu’il ne l’était pas, pouvait déclarer en 1998 (cité par Le Monde le 16 juin 1998) “cela me choque d’autant moins que l’on discute tranquillement de la préférence nationale, qu’elle existe dans la fonction publique”, “Les mots de préférence nationale n’ont aucune raison d’être présentés comme des tabous” (Europe 1, le 21 juin 1998). Tabous qu’il s’efforcera de briser près de 10 ans plus tard en créant un ministère de l’identité nationale…

Par ailleurs, il suffit de se pencher sur les péroraisons d’I. Rioufol, VRP multicartes du Figaro, pour voir affleurer la même inclinaison à stigmatiser, les mahométans, les étrangers, l’autre, avec des concepts aussi plaisants et chargés que “immigration de peuplements”. D’ailleurs I. Rioufol, le 21 septembre 2011, dans un article démarrant ainsi “Chut ! Pour la gauche, les problèmes posés par l’immigration de masse restent un non sujet”, ne tarira pas de dithyrambes sur l’ouvrage de son confrère H. Algalarrondo, intitulé “la gauche et la préférence immigrée”…

La stigmatisation des Roms est devenue un grand classique hexagonal. Si S. Poncet fait preuve d’un goût discutable pour sa caricature du Roumain déguisé en Père-Noël chapardeur, il n’a finalement rien à envier aux discours beaucoup moins caricaturaux (au moins dans l’objectif) de certains dignitaires de la République. Comment ne pas se souvenir du discours de Grenoble dans lequel le président de la République affirme “les) problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms”. Suivi d’actes, B. Hortefeux, démantèlera dans la foulée 128 camps et renvoya 1.000 Roms en Roumanie.

En septembre 2011, avec le courage qu’on lui connaît, C. Guéant, ministre de l’Intérieur, s’en prendra directement et nommément à “la délinquance roumaine”, affirmant que “10% des personnes passant devant les tribunaux étaient de nationalité roumaine, dont la moitié mineure”.

Sur Europe 1, L. Aliot ne se départira pas d’une certaine maîtrise face aux dessins que G. Birenbaum (visiblement excédé) lui montre. Il sait, au fond, que la situation est médiatiquement gérable. Il prendra d’ailleurs immédiatement ses distances avec le contenu, promettant que des sanctions seraient prises. Sauf qu’il sait, au fond, qu’un recul d’un demi-pas sur ce coup, n’empêche pas ses idées de faire leur chemin. Et qu’à bien y réfléchir, cogner sur un récalcitrant mauvais scribouillard peut même avoir quelques vertus dédiabolisantes…

Vogelsong – 1 février 2012 – Paris


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