Tempête de méchanceté sur la République du Bisounoursland ! En l’espace de quelques jours se sont accumulés des faits divers vraiment abominables qui ont fait dégringoler la France de plusieurs barreaux sur l’échelle du Vivrensemble. C’est terrible ! Si, tous ensemble, on ne s’y met pas un bon coup, ce pays va, à coup sûr, sombrer dans les heures les plus sombres de son histoire !
Tout a commencé au début du mois.
On a appris, effaré par tant de méchanceté gratuite, qu’Airbus avait tenté de trottiner sur le sentier poussiéreux et interlope de la discrimination raciale. Ce n’est pas la première fois que les juges ont choppé l’impétrant en pleine action, le pantalon sur les chevilles pour ainsi dire. Et croyez moi : trottiner sur un sentier, fut-il poussiéreux, avec le pantalon sur les chevilles, n’aboutit qu’à une seule chose : on se casse la binette.
Cascade réalisée avec brio par l’avionneur qui aura donc eu l’impudence malsaine et pas du tout vivrensemblesque de recruter un type blanc avec un gros diplôme au détriment d’un type pas blanc avec un petit diplôme.
Airbus (que périsse cette infâme discrimineur !) a donc été condamné pour avoir embauché la personne de son choix à un poste donné. Et c’est bien fait.
On pourrait croire que l’affaire s’arrête ici pour le vilain groupe capitaliste. Eh bien que nenni ! Quelques jours passent à peine et derechef, voilà l’entreprise en bisbille avec un autre employé pour discrimination syndicale. Il semble en effet, selon le pauvre délégué syndical CGT, que la société s’acharne avec la dernière des vilenies à bouter le syndicat hors de son giron, et qu’elle harcèle ainsi le malheureux : sa carrière en a été toute ralentie, ce qui est abominable si on se rappelle que ce monde, en plus de ça, n’est vraiment pas une partie de bisous.
Et je ne dis pas ça à la légère : non, ce monde est truffé de méchants racistes, de vilains discrimineurs et d’ignobles sexistes que seul le courage d’une poignée de soldats du Câlin Triomphant peuvent repousser.
J’en veux pour preuve l’incroyable affaire qui a récemment secoué tout le pays. Nous n’avions pourtant pas besoin de ça ! Alors que notre président à tous, Nicolas Sarkozy, notre petit père courage, venait à peine de terminer un discours où, de ses poings d’enfant résolu, il en appelait à la responsabilité de tous de faire de la dette bien propre sur elle, et alors même que le pays avait été transporté par la poignante allocution de notre candidat à tous, François Hollande, notre petit perd courage, où il avait su galvaniser le troupeau pour une tonte plus fine et plus respectueuse de son cuir tendre, alors que ces deux événements avaient su rassembler le corps électoral comme jamais autour d’un vivrensemble en béton précontraint, … paf ! on apprend que la pire engeance des racistes s’est réfugiée dans les locaux de Elle et aurait osé faire paraître un article atroce sur la mode et comment l’arrivée de Michelle Obama comme première dame des Etats-Unis aurait permis aux Noires de s’extraire du look urban street-wear.
Je ne suis pas parvenu à lire le texte intégral pour me faire une idée de cet article de 5000 signes (ça fait un billet sur mon blog, en gros) puisqu’il a promptement été retiré du site par la rédaction du magazine suite au tsunami de réactions bien compréhensible d’internautes effarouchés par un article pas bisou du tout.
En tout cas, à éplucher les réactions de tout le microcosme des outrés du monde qui cogne, il semble que la journaliste avait dû proposer, au minimum, une nouvelle garde-robe au Ku-Klux-Klan. Au final, il sera difficile de trancher, puisque — rassurez-vous ! ce fut prompt — toutes les associations et tout ce que le pays compte d’antiracistes de combat ont réagi présents à l’appel lancé par les premières lectrices et, très rapidement, la censure riposte aux mèmes nauséabonds a permis la rapide re-possession du territoire linguistique sauvagement envahi ! Non, le discours cucul-la-praline, les clichés gnangnans et les billevesées de journalistes de Elle ne passeront pas, c’est trop insupportable !
C’est vrai, quoi, bon ! À quand une femme noire en couverture de Elle ?! Hein, à quand ?
On souhaiterait la même présence et la même réaction outrée lorsque ce sont des professions entières qui sont désignées à la vindicte populaire (hein, François ?). On souhaiterait le même tollé vigoureux lorsque certains utilisent justement des arguments un peu acidulés (proposition de viol en groupe, d’égorgement) sur des personnalités politiques pourtant connues… Et pourtant, rien. On aurait aimé lire des appels pour la présence d’une femme blanche, ou jaune, en une de « Afro Magazine ». Non ?
Ah, tant pis, ce sera pour une autre fois. Il y a tant de combats essentiels comme ceux-là à mener, mes petits amis !
Tenez, par exemple, celui qui consiste à éplucher les offres d’emplois qui frisent les heures les moins lumineuses de notre histoire avec des allusions vomitives, comme par exemple celle de Marie Laforêt, la chanteuse et comédienne, qui avait cru encore possible de mettre dans la sienne « allergiques et musulmans orthodoxes s’abstenir ». Quelle insupportable discrimineuse pas du tout du tout œcuménique !
Il faut dire, quand on lit ses raisons, que vraiment, aucune excuse ne pourra être retenue en sa faveur puisqu’elle avait sciemment (oui, sciemment, j’enrage !) écrit ceci afin d’éviter qu’un musulman pratiquant soit confronté à son chihuahua, alors que les chiens sont assez peu considérés dans cette religion. On notera qu’elle a été condamnée pour avoir surtout discriminé les musulmans, mais pas les allergiques. La justice a encore quelques progrès à faire pour tenir compte de tous les handicaps oh pardon toutes les différences.
Elle aura finalement été condamnée à 500 euros avec sursis, ce qui est bien peu en regard de la catastrophe évitée.
On parlait combat avant d’être interrompu par le chien de Marie Laforêt (quelle raciste, celle-là tout de même hein, m’ame Michu, vous trouvez pas ?) mais c’est bien de ça qu’il s’agit lorsqu’on apprend que la Bibliothèque de Suresnes, charmante petite bourgade UMP de la banlieue parisienne, est toute bourrée de livres totalement sexistes avec des contes de Fée qui ne respectent pas les quotas de naines et de méchants sorciers, de beaux princes endormis délivrés par de valeureuses princesse chevauchant l’épée à la main, et tout ça tout ça.
Et quand on y pense, alors que le pays s’enfonce dans la crise, on se dit que ce genre de combat doit être mené, absolument, parce que sinon, la société va s’effondrer. Mais attention, c’est un travail de tous et de chacun ! Tous Ensemble, On Peut Y Arriver !
Le Bisou Non Discriminant, la claque ultime aux méchantes idées les plus sombres de notre histoire, Peut Et Doit Passer Par Vous !
Je compte sur vous.
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