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Crédibilité.

Publié le 03 février 2012 par Alexcessif
Crédibilité.
J'entrai dans la boutique avec l'envie de trancher des gorges. Bottle up’s feeling dirait Shakespeare, avec au cœur l'insatisfaction  des vies imparfaites et l'angoisse des sables mouvants, j'avisai entre deux incunables la lampe à huile, incrédule. "Aladin's property-Made in Taiwan" était gravé dans le cuivre martelé. Bonnard, pensais-je, je vais pouvoir arrêter l'hiver et l'augmentation de la TVA, refiler l'Oscar à Jean et zéro signature à Marine, ressusciter des morts et visiter de lointaines passantes d'un coup de tapis volant. Puis, taxer ses dernières  thunes au génie de la lampe, me payer une Harley, la revendre et financer le programme: "Fin de la faim dans le monde". Passque y a des priorités: d'abord une virée à bécane! Un génie-tout-puissant, ça peut être sympa dans ce monde de murs, de codes et de verrou. Des "mille et une nuits" sans sommeil, me reste le mode d’emploi :
  1. Frotter la lampe magique,
  2. un dessin animé en forme de géant bleu baraqué va jaillir........
  3. et me proposer de réaliser trois vœux.

Trois!  S’agit pas de  se louper, faut fantasmer utile. L'amour, l'outil, l'art et la manière, c'est bon, chuis complet, voyons voir: un boulot de maître du monde? Trop crevant! Reformer les Beatles? Non merci, j'ai toujours préféré les Stones! Supprimer la pauvreté? O.K, mais qui va vider les poubelles? Ah les contes de l'enfance! Lus avec les yeux de l'adulte un peu psy de Bruno Bettelheim dans sa " Psychanalyse des contes de fées" ils m’entraînent, consentant, dans des gorges profondes et des méandres souterrains. Par exemple, j' ai des doutes sur l'innocence de ce petit chaperon rouge partie danser un dernier tango à Paris avec son petit pot de beurre, son loup, ses grandes dents, sa big dick, ses fuck's intentions et, tandis qu'elle se laisse gentiment enculer, je réfléchis à la soi-disant puissance de ce génie emprisonné. Il y a enfermées dans cette lampe toutes les terreurs de l'enfance et l'illusion  des promesses. Nonobstant sa mauvaise humeur de géant assez con pour se laisser piéger sans rien à bouffer pendant des siècles, il va y avoir ses courbatures à gérer et chuis pas kiné. J'ai les urnes trop pleines d'usurpateurs à talonnettes pour avoir  envie d'ouvrir cette boîte de Pandore et rencontrer un autre  faussaire. Je préfère négocier avec le cador qui l’a fait marron: de même que l’enfer et le paradis, un coupable est plus fun que la victime. Comme toujours le salut est dans la fuite: abandonnant la lampe à 350 € et l'illusionniste à deux balles, je me dirige vers la fée des lieux. La brocanteuse est raccord avec ses antiquités, je lui propose un verre au bar à vins en face à l'enseigne " Chai & Rasades". Il y a, rue du Chai des Farines, un hôtel borgne et ses chambres louées à l'heure. Il y a, rue du Chai des Farines, sous le ciel qui se penche, une femme qui chavire, un sommier qui gémit, un homme qui s'épanche.
Entre nous, Shéhérazade, le loup ne gagnera jamais contre une petite fille, raconte moi encore et encore l'histoire où je dors dans ton dos, un sein dans chaque mains.

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