Stéphane Morneau termine sa série de face à face avec les quarts-arrières et les porteurs de ballon, le dessert de la semaine avant le match crucial de ce dimanche.
Nous y sommes enfin, c’est le week-end du Super Bowl et nous avons épluché les deux formations dans les moindres détails mais il nous reste la crème de la crème, les visages que l’on met sur les T-Shirts et les affiches qui tapissent les chambres de nos enfants : Les quarts-arrières et les porteurs de ballon.
Les deux formations présentent beaucoup d’attraits au poste de quart mais on porte d’abord notre attention sur les porteurs de ballons qui sont, dans le cas présent, un peu moins reluisant.
Chez les Patriots, Benjarvus ‘The Law Firm’ Green-Ellis fait du bon travail dans les circonstances. À sa défense, il doit souvent courir sans ‘lead blocker’ et les TE des Patriots font souvent des feintes de tracés pour déjouer les défensives. Green-Ellis n’amène rien de spectaculaire sur la table et n’est pas vraiment une menace pour les longues courses mais mais il court de belle ligne droite et on doit quand même respecter suffisamment son jeu pour ne pas toujours se positionner dans le Nickel ou le Dime. Bref, même sans le ballon dans les mains Green-Ellis est une distraction sur le terrain et n’est pas un mauvais protecteur pour Brady. Danny Woodhead de son côté est une belle petite distraction, rapide, qui se manifeste surtout sur les 3e essais dans des positions évidentes de passe. Woodhead n’est pas un athlète d’exceptions mais il est intelligent et connait sa place dans l’offensive des Patriots, ce qui le mets souvent au bon endroit au bon moment pour compléter des gros jeux. Woodhead ne court pas beaucoup, mais il faut garder un œil sur lui dans le champ arrière et les passes dans le flanc sont toujours une option avec Tom Brady, même si on a tendance à l’oublier avec les deux TE d’exceptions qu’il possède. Un bon combo pour les Pats, mais ça manque cruellement de constance, surtout quand Green-Ellis se met à mal protéger le ballon.
Chez les Giants, tout le monde est en santé et c’est un beau duo 1-2 punch que les G-Men ont sur le terrain. Ahmad Bradshaw est facilement l’un des dix meilleurs porteurs de la NFL et sa capacité de travailler les corridors extérieurs compensent pour les blocs très moyens que sa ligne lui offre. Bradshaw a été ennuyé par toutes sortes de blessures cette saison mais il semble en forme et malgré ses quelques échappés durant les séries, c’est l’option numéro 1 des new-yorkais et il est une menace constante. En contrepartie, Brandon Jacobs s’est remis de son début de saison difficile et il ressemble un peu plus au rouleau compresseur qui tourmentait la NFL en 2007-08. Jacobs ne fait pas dans la finesse, il baisse les épaules et frappe ce qui se présente devant lui et, heureusement, à part Vince Wilfork les Patriots n’auront pas grand-chose à lui envoyer pour l’empêcher de gagner 4 verges dès qu’il touche au ballon. Jacobs, s’il touche au ballon plus de dix fois, pourrait être un gros poids dans la balance en faveur des Giants et l’équilibre entre lui et Bradshaw est beaucoup plus intéressant que chez les Pats. Faut seulement qu’Eli et Coughlin ne tombent pas dans le piège de lancer plus de cinquante fois le ballon comme contre les Niners. La défensive des Pats n’est pas aussi punitive que celle du Frisco et les Giants ont le personnel pour l’exploiter, surtout au niveau de Jacobs et de sa force brute.
Devant tout ce beau monde, Eli Manning connait des séries d’après-saison phénoménale. Le cadet des Manning est le cœur et l’âme de l’offensive des Giants et sa performance contre les Niners est l’une des plus belles manifestations de leadership que nous avons vu récemment. Manning a connu une saison avec ses hauts et ses bas mais il s’est clairement taillé une place dans l’élite de la NFL et il peut attaquer les trois niveaux du terrain aussi bien que n’importe qui présentement. Il a déjà une bague de championnat au doigt et ses performances actuelles peuvent facilement lui en justifier une autre. Tom Coughlin fait totalement confiance à son quart qui lui a démontré, en trois rondes de séries cette année, qu’il avait des nerfs d’acier et une communication hors-pairs avec ses receveurs. Si l’on se base sur le momentum seulement, Eli Manning est le meilleur quart de la NFL depuis le début 2012. Il y a bien sûr plusieurs autres facteurs mais en ce moment, c’est difficile de faire mieux qu’Eli contre les Niners la semaine dernière. Sur le gazon synthétique d’Indy, Manning pourrait enfiler les chaussures de son grand frère et finir par lui faire de l’ombre, surtout s’il ajoute un deuxième championnat dans la maisonnée Manning pour Noël prochain. Le seul défaut d’Eli est qu’il force un peu trop le jeu mais, ces temps-ci, la chance lui sourit et ses erreurs ne lui font pas de mal. Les Giants en sortent gagnants et Eli, la tête bien haute. C’est difficile de contrer un quart en pleine possession de ses moyens.
Chez les Patriots, Tom Brady n’a plus vraiment besoin de présentation. Quatre présences au Super Bowl, trois championnats, son nom tapisse le livre des records et on peut difficilement souhaiter mieux que Brady pour nous guider vers une victoire lors du plus gros match de l’année. De son aveu, Brady a connu un très mauvais match contre les Ravens mais peut-on vraiment parier sur le fait qu’il répètera cette performance ordinaire? Oui les Giants frappent vite, fort et souvent mais Brady a du sang de glace qui lui coule dans les veines et il ne traine jamais longtemps dans la pochette. La façon de contrer la pression est de sortir le ballon rapidement pour prendre tout le monde à contre-pied et Brady est un maître dans cette discipline. Bellichik lui donne beaucoup de lassitude à ce niveau et l’offensive ‘no-huddle’ est très difficile à contenir quand Brady trouve ses receveurs et les orientent à sa guise. Si le Super Bowl est une guerre, Brady est un général émérite et on peut difficilement lui trouver des défauts sinon un excès de confiance qui fait avorter les jeux à l’occasion. Brady court après les records de Joe Montanan et Terry Bradshaw (4 super bowl remportés), on ne peut pas vraiment se sentir inquiet avec ce genre d’enjeux en bout de ligne.
C’est donc difficile de trancher. Les Giants dominent au niveau de la course mais le pedigree de Tom Brady est très difficile à discréditer même si Eli Manning est tout simplement en feu ces temps-ci. Pour cette raison, je vais laisser le match trancher de lui-même cet épineux duel.
Au niveau des quarts et des porteurs de ballons : Avantage Patriots et Giants (PUSH)