Selon C.G. Jung, il y a au fond de notre être un processus de guérison qu’il nomme le Soi. Bien avant nos carences
affectives et nos souffrances, le Soi est déjà présent en nous. Bien avant la maladie, la guérison est déjà en nous ! Quelle bonne nouvelle !
Ce processus, en évolution permanente, accompagne le déroulement de notre vie. Il vise à réunifier en nous le Masculin et
le Féminin, ou Animus et Anima, ou Yang et Yin, l’action et la réception, le mouvement et l’introspection. Que nous soyons homme ou femme.
Dans nos sociétés ou le masculin est roi, il est de bon goût d’annoncer : « je travaille dix heures par jours, j’ai traité au moins
vingt dossiers… » Tout ceci prône l’action, en faire toujours plus. Et plus encore. Si vous dites : « Ah, moi, j’ai passé la journée à méditer, à lire, à regarder la nature, et
entre-temps j’ai fait une sieste … » Cela peut susciter des ricanements autour de vous. Et pourtant, qui peut réfléchir à sa vie, se remettre en question, évaluer ses expériences du passé,
tout en bossant comme un fou ? Il y a de fortes chances que cela soit celui qui travaille le plus qui sera admiré. Pas celui qui ouvre un pan de sa journée à l’introspection. Notez bien que
la société actuelle ne nous laisse que peu de temps pour ce type de réflexion, j’en conviens, hélas. A nous de trouver, dans nos emplois du temps surchargés, ce temps du Féminin de l’être,
sauveteur de la vie actuelle, pour se pencher sur nous-mêmes.
Pour unifier Anima et Animus, il s’agit avant tout d’intégrer le féminin en nous, que nous soyons homme ou femme
d’ailleurs. Puisque le masculin est en « excédent ». Faire nôtre un temps pour l’introspection, l’écoute de l’autre, l’intuition, la créativité, la création, toutes ces valeurs ô
combien fondamentales que la société tente de nous ravir en prônant le toujours plus, la compétition pour être meilleur, plus fort, plus performant etc… Le Soi est le subtil équilibre entre la
réflexion et l’action. Il nous permet d’écouter notre féminin, notre intuition, notre accueil de l’autre, et d’entendre le masculin qui va mettre en mouvement toute cette créativité. Quand
j’écoute mon intuition, après une marche en forêt, je pense au tableau que je vais créer, au roman que je vais écrire, je suis dans mon féminin. Quand je mets en place une action pour l’exposer
ou le publier, je suis dans mon masculin. Le masculin au service du féminin, dans un respect total.
Ainsi réunis en un Tout harmonieux, le Soi va pouvoir œuvrer. Equilibrer, de l’intérieur, ces deux pôles à l’opposé l’un de
l’autre, mais totalement complémentaires.
Au cœur de la crise, c’est lui qui nous préserve et nous empêche de commettre l’irréparable. Ceux qui vont jusqu’au bout de
leur détresse ignorent, hélas, la présence du Soi aux tréfonds de leur psyché. Cet « autre » en nous vient réparer, au cœur de nos cellules et de notre ADN toutes les blessures qui nous
ont meurtris, mais aussi toutes les maladies plus ou moins graves de nos corps physiques* qui ne sont que la conséquence d’un déséquilibre profond et inconscient.
Nous pouvons le rencontrer donc dans les rêves, mais aussi avec un thérapeute qui nous le fera ressentir, et vibrer. La
sensation d’être plus présent à sa vie, plus en conscience. Peut-être l’avez-vous ressenti déjà de manière fugace.
Le Soi apparaît souvent dans nos rêves pour nous donner une piste, souvent d’ailleurs sous la forme d’un mendiant, ou d’un
être très humble, comme un vieil homme, etc…
Certains l’appellent le Divin en nous. Peu importe le nom qu’on lui donne. En tout cas, cette union du Masculin et du
Féminin en nous, en rétablissant l’harmonie au cœur de notre être, déclenche et rétablit l’équilibre également de nos vies à l’extérieur de nous. L’union rétablit la conscience et la Présence à
nos vies en nous faisant rencontrer les bonnes personnes et les bonnes situations.
Rencontrer cette dimension merveilleuse et profonde au fond de soi nous met en Joie. Cette Puissance de Vie est un cadeau
divin.
En prendre conscience est une bénédiction.
Nathalie Andreu
Renault
* Sans arrêter le traitement médical en cours mais, au contraire, en l’accompagnant de ce cheminement
personnel.