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Les dirigeants de la Banque Wegelin & Co assument leurs responsabilités

Publié le 04 février 2012 par Francisrichard @francisrichard

wegelin-and-co.jpgLa Banque Wegelin & Co, dont la photo provient d'ici, est la plus vieille banque privée helvétique. Ses dirigeants sont des hommes responsables. Ils ne veulent pas que leurs clients et leurs collaborateurs paient la faute qu'ils ont commise en reprenant certains des clients américains de l'UBS en délicatesse avec le fisc de leur pays.

Chapeau !

Pour un libéral la liberté a pour contrepartie la responsablilité. Il n'y a pas de libre économie sans moralité, à ne pas confondre avec le moralisme entendu comme un formalisme moral. Ceux qui commettent des fautes, volontairement ou non, inconsciemment ou non, doivent en tirer les conséquences et accepter, éventuellement, d'être traduits devant les tribunaux pour en répondre.

La récente affaire Hildebrand a montré que la moralité doit l'emporter sur l'utilitarisme. La compétence n'absout pas le manquement à la morale, fût-ce même si la légalité est respectée. En démissionnant parce que sa femme, ou lui-même par approbation implicite, avait profité de sa situation professionnelle unique pour spéculer sur les monnaies, Philippe Hildebrand a réparé sa faute et s'est grandi aux yeux même de ses adversaires.

La Banque Wegelin & Co est une entreprise créée en 1741. A l'origine spécialisée dans le transport en liaison avec l'industrie textile, elle s'est lancée dans des activités bancaires au début du XIXe siècle. C'est une société en commandite (avec à sa tête, aujourd'hui, six associés responsables sans limites), qui s'est orientée vers la gestion de fortune dès 1930. Son effectif est passé de 30 collaborateurs il y a 20 ans à quelque 700 aujourd'hui. 

Les dirigeants de la Banque Wegelin & Co, dans un communiqué du 27 janvier 2012, ont annoncé qu'ils avaient tiré les conséquences de leurs démêlés avec le fisc américain. Ils ont d'abord transféré la clientèle et les collaborateurs de leurs activités de gestion de fortune sans rapport avec les Etats-Unis dans la Banque Notenstein ici qui leur appartient. Puis ils ont vendu les 13 bureaux de cette entité à Raiffeisen.

On ne connaît pas tous les détails des démêlés de la Banque Wegelin & Co, réduite à la portion congrue (il n'y a plus que 30 collaborateurs y compris les 6 associés), mais on sait que, début janvier, trois conseillers de la banque ont été inculpés par la justice américaine pour avoir aidé des citoyens américains à dissimuler 1,2 milliards de dollars au fisc.

Rappelons que le fisc américain est tout-puissant et que les citoyens américains, quel que soit leur lieu de résidence, doivent lui déclarer leurs avoirs et revenus dans le monde. Ce qui conduit des binationaux, de plus en plus nombreux, à renoncer à leur nationalité américaine pour échapper à cette institution inquisitoriale qui n'est pas à l'honneur d'un pays qui se veut le défenseur des libertés individuelles et qui devient de plus en plus un enfer fiscal.

L'exemple de l'UBS, qui a porté un grand coup au secret bancaire en obligeant la Suisse à renoncer à sa distinction entre évasion et fraude fiscales, n'a donc pas suffi. Comme le dit l'ex-patron de l'UBS, Oswald Grübel, qui a démissionné le 24 septembre 2011 à la suite de la fraude massive d'un trader de la banque basé à Londres, il s'agit de la part des dirigeants de Wegelin d'"une grande erreur d'appréciation".

Dans un entretien accordé à Pierre Bessard, dans L'AGEFI d'hier, Christoph Blocher propose aux banques suisses de renoncer au marché américain :

"Les Etats-Unis ne seront plus l'économie dominante à l'avenir, songez au dollar, à l'endettement, à la déliquescence de l'Etat de droit. Les puissances économiques futures se trouvent en Extrême-Orient."

Les banques suisses présentent de réels atouts :

"Contrairement aux banques américaines, elles bénéficient d'un large capital de confiance: c'est ce que me confirment régulièrement mes interlocuteurs dans la région. Les banques suisses ne dépendent pas du secret bancaire, mais de leur savoir-faire et de la certitude que les fonds qui y sont déposés s'y trouveront encore des générations plus tard."

Plutôt que d'être obsédé par l'Union européenne, qui n'est pas le marché le plus prometteur, même s'il est mieux structuré que celui des Etats-Unis, le Département fédéral de l'économie ferait bien maintenant de conclure rapidement un accord de libre-échange avec la Chine.

Le leader de l'UDC , réaliste, conclut toutefois l'entretien sur cette formule de regret, dont il a le secret :

"Le gouvernement préfère visiblement nous emmener sur le chemin de la Grèce que sur celui de la Chine..."

Comme c'est Christoph Blocher qui le dit, il ne peut qu'avoir tort...

Francis Richard


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