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Si Mme Le Pen n'avait pas ses parrainages, ce serait juste le signe d'une démocratie qui fonctionne enfin normalement.

Publié le 04 février 2012 par Leunamme

C'est la grande affaire du moment : la candidate FN peinerait à rassembler les 500 signatures d'élus nécessaires pour se présenter à la présidentielle. J'emploie le conditionnel tant l'extrême-droite nous fait le coup du bluff à chaque élection, un bon moyen, semble-t-il de jouer la carte de la victimisation à peu de frais. Il semblerait pourtant que cette fois-ci la chose soit un peu plus crédible, au point de lancer la pression médiatique à coups de sondages qui voudraient qu'une majorité écrasante de Français souhaitent que Mme Le Pen puisse se présenter. Il en ait même qui vont jusqu'à parler de déni de démocratie. Diantre ! Mais savent-ils de quoi ils parlent ?

A ce stade, il convient de rappeler les raisons de qui ont poussé à l'instauration de la règle des parrainages. Dans l'esprit du général de Gaulle, à l'origine de cette règle, il s'agissait de limiter le nombre de candidats et d'empêcher les candidatures fantaisistes. Pour cela, le Général comptait sur l'attachement des élus aux valeurs de la République. En 1976, face à l'inflation des candidatures, passées de 6 en 1965 à 12 en 1974, le nombre de parrainages est passé à 500, et la publication des noms des élus signataires est devenue obligatoire. L'objectif affiché était identique, même si en ce qui concerne le nombre de candidatures il n'a pas été atteint, avec 16 candidats en 2002.

A partir de là, peut-on considérer qu'une candidature qui divise les Français selon la façon dont ils ont acquis la nationalité, qui ne s'inscrit donc pas dans les valeurs traditionnelles de ce pays, n'est pas une candidature fantaisiste ? A titre personnel, je répondrais oui. D'autant plus que les réticences des maires à accorder leur signature à Mme Le Pen montre bien que pour les représentants de la République, la conformité de la présidente du FN avec les valeurs de la République ne va pas de soi. Sur ce sujet, l'argument des pressions exercées par le PS ou l'UMP tient lui aussi pour une grande part du bluff. Comment considérer alors qu'un illustre inconnu comme Jacques Cheminade puisse recueillir les signatures et que Mme Le Pen qui bénéficie pourtant de toutes les tribunes médiatiques n'y arrive pas, si ce n'est parce que son projet de gouvernement n'est pas compatible avec nos règles démocratiques de fraternité et d'égalité.

 D'un point de vue purement institutionnel, je trouverais donc parfaitement normal qu'elle ne puisse concourir à la présidentiel, ce d'autant plus que le FN n'ayant aucune chance de l'emporter au second, ne contribue qu'à troubler le jeu électoral, voire à priver les Français du vrai débat de fond qu'ils méritent, comme ce fut le cas en 2002 et 2007. Ce qui n'est pas normal, c'est que la règle démocratique des 500 parrainages n'est pas fonctionné à plusieurs reprises pour le cas de son père ou quelques autres.

 Il est facile de m'objecter que si Mme Le Pen ne pouvait concourir, on empêcherait alors 20 % de Français de s'exprimer. Oui, sauf qu'ils peuvent toujours choisir un autre candidat. Et quand même seraient-ils 40 %, la première caractéristique d'une candidature contraire aux valeurs de la République n'est-elle pas d'être dangereuse pour cette République ? Même à 20 % ou 40 % ! En d'autres temps, la République avait su interdire les ligues factieuses, dans une époque où partout ailleurs en Europe elles avaient pourtant le vent en poupe.

Par faiblesse ou par opportunisme politique, les différents gouvernements ont toujours refusé d'interdire le FN, alors que les textes le permettaient, notamment sur les propos discriminatoires de Jean-Marie Le Pen. Il est là, et seulement là, le déni de démocratie évoquait plus haut : qu'une classe politique couarde ait laissé prospérer en son sein ceux qui prônent la mort de la démocratie et des libertés en avançant masqué.


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