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La rupture épistémologique

Publié le 05 février 2012 par Michelcollin

La rupture épistémologique

J’étais invité un soir de la semaine dernière à une soirée consacrée à la remise de trophées, un de ces événements où quelques VIP locaux s’auto-congratulent aimablement au mépris de ceux, majoritaires dans la salle, qui n’ont pas eu le privilège d’être nominés et se demandent, en attendant l’ouverture du buffet, ce qu’ils sont venus faire dans cette enceinte.

Condamné à une place inconfortable pour cause de retard, j’envisageai déjà un repli prématuré, avant même que soit débouchée la première bouteille de “Gaillac blanc” dont j’avais pu apercevoir la silhouette en traversant rapidement le hall d’entrée.

J’assistai donc aux préliminaires de cette cérémonie « Inn’ovations » (la 31ème du genre !), organisée par la Région Midi-Pyrénées et, petit à petit, contre toute attente, me laissai doucement envahir par la fièvre communicative des divers intervenants servis par une mise en scène sobre et ingénieuse.

L’incroyable enthousiasme de ces inventeurs, ingénieurs et créatifs finit, en effet, par capter mon attention. Loin des discours larmoyants sur la crise malgré, bien souvent, de longues périodes de vaches maigres, tous ces pionniers tenaient un langage de passion contagieux, sûrs d’œuvrer pour le bien commun.

Ainsi, la société “Spikenett technology” nous épatait avec une nouvelle génération de caméra intelligente, “impulsionnelle”, sur le modèle de la rétine humaine et dont les applications semblent infinies notamment dans le secteur de la robotique grâce à une appréhension instantanée des environnements.

Le designer Franck Fontana, soutenu par la société “Design Pyrénées” nous séduisait avec sa boîte d’allumettes revisitée en “bloc d’allumettes” et son travail du bois simple et épuré, brut et sophistiqué.

Il y eut aussi parmi toutes ces inventions, celle de Meco’Concept, qui, au pays de la brique rose, a eu l’audace de repenser le matériau basique de construction en proposant la brique en terre crue, révolutionnaire dans ses applications car, de toute évidence, respectueuse de l’environnement, pratique et peu chère.

Le point commun de ces quelques innovations (toutes trois primées et récompensées) ? La rupture épistémologique, c’est à dire l’audace de remettre en cause ce qui semblait acquis.

A la sortie de cette soirée, après avoir échangé quelques mots avec un de ces “pionniers”, j’ai allumé mon auto-radio sur le trajet qui me ramenait. Les échos de la campagne électorale qui me sont parvenus, chargés de notions de crise, d’austérité, de rigueur, m’ont paru tellement dissonants que j’ai rapidement coupé le son pour éviter de dissiper trop vite l’étrange bien-être dont je m’étais imprégné durant ces quelques heures. Je me suis souvenu que le seul candidat à la présidence qui avait “osé” -- timidement -- user du terme de “rêve” s’était aussitôt fait violemment rabrouer par la meute de nos prétendus “protecteurs”.

Extrapolons ce qu’il m’a été donné de voir localement à l’échelle de la France. On imagine dans ce pays un formidable fourmillement de gens qui inventent, imaginent, un terreau d’enthousiasme dont il serait criminel de se priver. Les périodes de crise sont aussi des moments propices à l’émergence de nouvelles idées, de nouvelles espérances, de nouveaux sujets d’enthousiasme collectif.

Il serait temps que le monde politique opère sa rupture épistémologique.


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