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christine delbecq sur dijonscope

Publié le 06 février 2012 par Doudonleblog

le samedi 21 janvier,Jonas a publié un beau papier sur l’artiste plasticienne Christine Delbecq dans Dijonscope . A lire vraiment. Elle est en ce moment (et jusqu’à fin février) à Bombay avec deux autres artistes dijonnais pour une opération humanitaire et artistique en même temps. Je n’ai pas de nouvelles …Si vous en avez…Dites-le moi.

voici l’article de Jonas:

« Artiste confidentielle,Christine Delbecq nous a gentiment accueilli dans son atelier dijonnais,à la rencontre de son univers entièrement axé autour de l’obsession de stabilité,un univers construit autour d’une colonne vertébrale. À l’appui de ses pieds,son art s’efforce de tenir debout,au sens propre,et d’interroger le rapport entre structure et vide. Hors de tout engagement politique et loin de tout effet de mode,Christine Delbecq exprime un art de soi qui se demande un peu comment rester droit :debout sur ses pieds ou pendu à un fil ?…

Madame « Araldite »paye le prix

Là est toute l’ambiguïté d’une artiste qui construit depuis trente ans un exercice structurel autour d’un socle et d’une colonne,tout en laissant le vide l’encercler et s’insinuer dans son œuvre.

« Je suis Mâconnaise d’origine (ndlr:en Saône-et-Loire). J’ai suivi en parallèle une formation à l’école des Beaux-arts de Mâcon et une licence d’Histoire de l’art à Lyon. A l’école,les professeurs me surnommaient « Madame Araldite »(ndlr:marque de colle) car il y avait plus de colle que de matériaux dans mes productions ! Il faut reconnaître que je ne créais que des trucs qui se cassaient la gueule tout le temps ! À la fin de mes études,  j’ai travaillé comme assistante chez un sculpteur textile. Pour la première fois,je vivais enfin une vie d’artiste et ça ne m’a plus quitté.

En 1988,je suis arrivé à Dijon et depuis,j’alterne entre mon travail à l’atelier et des cours que je donne en libérale et en maison de jeunes travailleurs. J’aime beaucoup la pédagogie. Être professeur m’a appris à regarder mon travail,à en parler un peu mais surtout,à le faire partager. C’est une part importante de ma vie qui me permet de garder un contact avec les autres et de sortir du cercle vicieux du « Si je veux vendre,je dois faire ça ». Je n’ai donc pas réellement de travail alimentaire et je reste totalement libre dans mon travail de création. À la fin du mois,je n’ai rien mais c’est peut-être le prix à payer ».

Christine Delbecq a les pieds sur terre

« Je ne sais pas trop comment décrire mon travail. Quand je me retourne,je retrouve bien quelques idées forces,quelques « transversales »tantôt éléments majeurs et tantôt détails dans mon travail. Quand je suis sortie de l’école,quelqu’un m’a dit:« On fait des crustacés alors que l’on devrait faire des vertébrés ». Sous-entendu:en fin de cursus,les élèves ont une carapace en apparence solide mais restent faibles à l’intérieur. Cette phrase a résonné si fort en moi que tout mon travail depuis s’articule de près ou de loin autour de l’idée de la colonne vertébrale,des pieds en tant que socle et de l’idée de tenir debout.

Comment tenir debout à l’intérieur ? Comment tient-on debout,s‘écroule-t-on ? Comment se raccroche-t-on ? Des termes et des questions dont la résonance trouve à la fois un écho psychologique et technique,mécanique. Je travaille beaucoup autour de la notion de fil conducteur,de pieds et de blocs au travers de la sculpture,du dessin,de la peinture…peu importe. J’utilise peu de matériaux nobles,plutôt de la « recup »;j’aime beaucoup le carton et la bâche. Un directeur de musée des Beaux-arts m’a dit un jour,alors que j’exposais :« Je ne peux pas vous mettre dans la catégorie des artistes contemporains car vous aimez trop manipuler ». J’ai mis beaucoup de temps à me considérer comme artiste ;je tenais à avoir les pieds sur terre. »

« J’accroche ou je m’accroche ? »

« Sans étiquette donc,je continue un art qui n’a pas vocation sociétale ou politique,mais un art de soi. Et c’est déjà pas mal. Entre petit et très grand format,je n’arrive pas à produire en taille standard. Ce qui ne va pas sans poser de problèmes pour exposer,ce qui m’attriste parfois. Je fais régulièrement se dégager des détails d’œuvres plus grandes,à partir desquelles je repars sur quelque chose qui donne toute son importance au détail de base. Souvent,les petits éléments de notre vie nous paraissent énormes,mais ils restent des détails par rapport aux autres.

Ce qui m’intéresse le plus,c’est le passage de l’un à l’autre,du détail au grand format,du dessin à la sculpture,et inversement. J’ai toujours essayé de dire quelque chose avec mon travail mais souvent,les gens ne l’ont pas perçu de cette manière. À l’inverse d’autres artistes,je ne calcule pas tout à l’avance et bien souvent,ce qui nous échappe est ce qui compte vraiment. Ce qui se manifeste dans notre travail d’artiste lorsque l’on perd le contrôle en dit plus sur nous. Mon travail parle de l’être humain,de comment on se démerde sur terre,avec des pieds sur terre et des blocs qui se construisent tant bien que mal. Tient-on mieux debout lorsqu’on est tout droit plutôt que cabossé ?… ».

222 hypothèses

Ne vous laissez pas décourager par l’apparence complexe du travail de Christine Delbecq ! En effet,l’artiste tend vers une simplification formelle et un allègement. L’objectif ? Permettre aux œuvres d’art de quitter petit à petit ce sol magnétique pour évoluer dans les airs,en suspension. Qu’ils soient en apesanteur,suspendus,accrochés ou en plein vol,les petits blocs structurels prennent confiance en eux,s’incarnent et s’expriment de plus en plus librement,détachés qu’ils sont d’une solide base terrestre construite au fil des années.

Rappelons enfin que Christine Delbecq fait partie du collectif d’artiste « Hypothèse 222″,qui regroupe également les artistes Alain Steck,Emmanuelle Grand et le documentariste Vincent Lauth. Ce collectif d’artistes se lance fin janvier 2012 dans un projet artistique en lien avec l’ONG indienne Snehasadan,dévouée aux enfants des rues de Bombay,qui fête cette année sess cinquante ans d’existence. À cette occasion,le collectif travaillera avec une centaine d’enfants sur une œuvre collective monumentale autour du thème dualité rue/maison. Cette œuvre sera ensuite exposée à « Victoria Station »,la gare de Bombay,puis fera le tour de l’Europe en 2013. »


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