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Un martyr toutes les cinq minutes

Par Oratoirenotredamedefatima @nd_fatima

Le sociologue Massimo Introvigne, représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre l’intolérance et la discrimination envers les chrétiens affirme que « toutes les cinq minutes, un chrétien meurt assassiné en raison de sa foi ».

Ces propos, tenus pour la première fois au cours de la conférence sur le dialogue interreligieux entre Chrétiens, Juifs et Musulmans, à Budapest en juin dernier ont suscité une vague de critiques et de commentaires douteux, notamment de l’Union des athées et des agnostiques rationalistes, une association d’origine italienne, considérant que ces chiffres étaient « exagérés ».

Il faut admettre qu’il est difficile de quantifier le nombre de tués et que le chiffre avancé par le sociologue doit être largement sous-estimé étant donné que bon nombre d’exactions ne peuvent être comptabilisées (régions reculées, meurtres déguisés, corruption des autorités locales…).

L’information-spectacle domine largement et la « chasse aux Chrétiens » refait souvent la une de l’actualité lors d’évènements-choc comme au cours de ces dernières semaines avec les attaques sanglantes contre des chrétiens au Nigeria commises par les fondamentalistes islamiques de la secte Boko Haram ; la peine de mort pour apostasie ou blasphème en Iran et au Pakistan, ou les attaques contre des églises en Indonésie. De nombreuses autres situations endémiques de la persécution restent des sujets inabordés comme les douloureux cas du Moyen-Orient,de la Chine, du Vietnam ou de l’Inde.

D’où viennent alors les chiffres cités par le représentant de l’OSCE? Introvigne se base essentiellement sur le travail du Centre américain pour l’étude du christianisme mondial, réalisé par David B. Barrett, décédé en août, le spécialiste le plus cité à ce sujet dans le milieu universitaire.

En 2001, Barrett et son partenaire, Todd M. Johnson ont commencé à recueillir des statistiques sur les martyrs chrétiens en retenant cette définition : « les croyants en Christ qui sont morts prématurément, d’après les témoins, à la suite de l’hostilité de l’homme. » Les deux chercheurs ont par ailleurs expliqué que le témoignage n’implique pas un jugement sur la sainteté personnelle du martyr, mais signifie simplement que celui-ci a été tué en raison de sa religion, et non pas en étant une victime de guerre ou de génocide motivé par des raisons politiques ou ethniques.

En 2001 il a donc été révélé que les martyrs chrétiens dans les deux premiers millénaires étaient de 70 millions dont 45 millions de morts au cours du XXe siècle. Les discussions qui ont surgi au cours des dix années ayant suivi la publication des travaux ont servi à confirmer le caractère rigoureux de l’étude. Depuis lors, Barrett et Johnson mettent à jour chaque année leurs calculs, sans modifier les critères ou leur définition de départ.

La persécution des chrétiens dans le sud du Soudan semble s’être « soulagée » après les accords de paix de 2005. Toutefois, celles-ci se sont intensifiées, en particulier en République démocratique du Congo et en Corée du Nord. Barrett et Johnson estiment qu’en 2011, ce sont environ 100 000 martyrs qui ont été massacrés, soit entre 287 et 288  par jour, douze par heure… un toutes les cinq minutes.

Introvigne a comparé ces études avec les résultats de The Price of Freedom Denied, des sociologues américains Grim et Finke, qui évalueraient, eux, le nombre de martyrs de 130 à 170 000 par an.

 Si vous ne criez pas ces chiffres au monde, si vous ne faites rien pour stopper cette mise à mort, si celle-ci n’est pas reconnue comme la première urgence mondiale par rapport à la violence et la discrimination religieuse, le dialogue entre les religions et les cultures ne donneront que des belles conférences sans résultats. 


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