Il n’y a pas de hasard dans la vie, et encore moins lorsqu’il s’agit de modèle économique. Avec près de 10 millions d’utilisateurs rien qu’en France, cela va sans dire que MegaUpload représentait une mine inestimable de ressources pour les consommateurs de séries télévisées américaines (ou françaises ?).
En conséquence, sa fermeture a certainement poussé les utilisateurs à se tourner vers des offres légales et les gros acteurs du marché de la vidéo à la demande, TF1 et M6 puisqu’il s’agit d’eux ont le sourire, et ce, pour deux raisons :
Nicolas Taversnost, président du directoire de M6 explique à l’AFP qu’une relation de cause à effet leur a été profitable lors de la fermeture du premier site de Direct Download au monde :
Il semble que les utilisateurs de Megaupload sont venus voir les séries américaines sur nos offres gratuites et légales de TV replay. Depuis 15 jours, nous avons un trafic très important sur nos sites de TV replay
Un représentant de la chaîne TF1 valide cette assertion et relève une information intéressante :
Concernant mytf1vod.fr, pendant les 15 jours suivants la fermeture de Megaupload (d’après les données Google Analytics), nous avons constaté une augmentation du trafic en nombre de visites, en visiteurs uniques et en pages vues qui a été multiplié par deux. Les actes d’achats ont également fortement progressé.
Premièrement donc, les offres de diffusion gratuite de séries américaines en différé ont connu un succès croissant suite à la fermeture de MegaUpload, les utilisateurs de ce dernier se seraient donc rabattus sur les services proposés par les chaînes de télévision nationales au détriment (si nous lisons entre les lignes) de solutions illégales et portant atteinte aux droits d’auteurs.
Dans un second temps, TF1 annonce que les actes d’achats [de vidéo à la demande] ont également « fortement progressé », il est curieux de voir que dans la précision des chiffres annoncés, la chaîne n’a pas souhaité communiquer dans quelle proportion les actes d’achats ont augmenté. Ce curseur nous paraît cependant tout à fait important puisqu’il témoigne du taux de conversion, à savoir le nombre d’utilisateurs quittant un système économique (MegaUpload) à un autre (MyTF1), sans une telle information, comment savoir si les nouveaux visiteurs de TF1 valident le modèle économique de leur site de vente en ligne de contenu numérique et procèdent donc à l’achat d’une série sur le site ?
Tout ceci nous rappelle cependant l’arrivée d’iTunes sur le marché de la musique : avec la popularité croissante de l’achat unitaire de titres et l’utilisation systématique d’un prix psychologique pour ces mêmes titres (0.99€ en moyenne) et les albums (9.99€ en moyenne), iTunes a été décrié par les labels qui n’ont pas hésité à incriminer le géant américain dans l’explication de la baisse du volume global de revenus générés par la vente de titres musicaux.
Autre élément important, un service tel que Netflix, disponible uniquement aux États-Unis, héberge près de 100 000 titres et compte plus de 25 millions d’abonnés sur le seul territoire américain, abonné voulant dire payant pour pouvoir accéder à leurs séries favorites sans avoir à attendre des jours voire des semaines (et de 22 à 30 mois pour les résidents australiens) que ces séries soient diffusées sur les chaînes nationales.
Le modèle économique de la vidéo à la demande ou VOD est viable, Netflix, Hulu, et iTunes nous le prouvent, mais les entraves sont nombreuses et les consommateurs sont les premiers tributaire de ces enjeux.
Avec la disparition progressive des gros « hubs » de téléchargements illégaux de contenu vidéo et audio, les sociétés multi-nationales, mais plus près de chez nous, les sociétés nationales ont indiscutablement un rôle à jouer à la manière de ce qui a été réalisé dans la téléphonie, afin d’offrir aux consommateurs une alternative qui soit en mesure de satisfaire les ayants droit, les sociétés elles-mêmes, mais également les consommateurs.
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