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Juste pour parler….

Publié le 08 février 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff

Juste pour parler….

Messieurs-Dames S.D.F.

Vous pouvez crever presque toute l’année, mais pas en hiver. Non, l’hiver, il fait très, très, très froid, et vous n’avez pas le droit d’embêter les « braves gens ». Non mais! Il y a le printemps, l’été, et l’automne pour vous trucider. Contentez-vous en. Pourquoi passer de vie à trépas, quand il fait si froid? Avez-vous pensé aux pompiers qui par moins X degrés devront sortir de leur caserne bien chaude pour enlever votre corps? Et le médecin légiste appelé sur les lieux, afin de déterminer l’heure du trépas et les causes de la mort? Il devra accourir dare-dare, et pour vous ausculter intimement partie par partie, il se gèlera les siennes. N’auriez-vous donc plus aucune compassion? Et ces braves policiers faisant le pied de grue, pour que ces messieurs puissent faire leur travail. N’auriez-vous donc plus aucune compassion? Et la « bonne société », vous la culpabilisez en agissant de la sorte. Ils ne vous ont rien fait pourtant. Vous appellent-ils à leur chevet, lorsque l’heure est venue pour eux, de mourir? Non. Ils partent tranquillement, discrètement, sans pousser de hauts cris. Derrière la belle façade de leur demeure, souvent ils n’ont pour compagnie, lors du dernier soupir, pour seul témoin leur animal. Voulez-vous donc cesser Messieurs-Dames S.D.F. de faire les vilains et de ne penser qu’à vous!

Non, je plaisante.

Ce préambule est pure dérision, je dénonce la belle hypocrisie hivernale et sociétale poussant ses cris d’orfraie. En ce moment, l’opinion semble se préoccuper du sort des pauvres « bougres » de la rue. Dans tous les média, sur toutes les bouches, fleurissent ces mots: la vague de froid et le plan grand froid pour les Sans Domicile Fixe.

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19 octobre 2007 Plan grand froid de la ministre Christine Boutin

Suppression des trois niveaux précédemment utilisés liés à une température. L’architecture en est maintenant:

  • Le renforcement des capacités d’accueil, d’hébergement et d’insertion durant l’hiver comprenant notamment un renforcement du dispositif 115, l’ouverture de lieux d’accueil, la mise en place au préalable de partenariats en vue d’anticiper les épisodes de froid extrême.

  • La poursuite de la mise en œuvre du Plan d’action renforcé pour les sans abri (PARSA)

  • Le renforcement de la veille sociale, notamment renforcement des services de « maraude », « d’accueil de jour », « d’accueil et d’orientation » et des services « 115″ »

15 décembre 2011 le président Didier Migaud de la Cour des comptes, devant un comité de l’Assemblée nationale dénonce les insuffisances et incohérences de la nouvelle politique lancée en 2009.

 »En dix ans la population des sans-abri est passé de 85 000 à 150 000 personnes, avec une population désormais composée de familles, d’étrangers, de jeunes, voire de personnes travaillant.

Les pouvoirs publics en ont pris la mesure, engageant des réformes à partir de 2007, comme le droit inconditionnel à l’hébergement, l’adoption du principe du « logement d’abord », ou la hausse des capacités d’hébergement.

Toutefois l’accueil souffre d’une insuffisante organisation et coordination, et l’accès au logement, un des axes stratégiques de la politique du  »logement d’abord », souffre d’une offre insuffisante dans les zones où les besoins sont les plus massifs.

De nombreuses mises à la rue pourraient être évitées par une politique de prévention plus efficace.

Par ailleurs, la politique de l’hébergement des personnes sans domicile a été élaborée par l’État sans que celui-ci se soit donné les moyens d’une meilleure connaissance des personnes concernées, déplore M. Migaud.

Enfin, les acteurs demeurent trop nombreux et insuffisamment coordonnés, et les relations entre l’État et ses partenaires associatifs restent encore très largement perfectibles.

L’enjeu des prochains mois, sera d’optimiser l’allocation des moyens au secteur de l’hébergement pour répondre à l’obligation d’accueil inconditionnel des personnes sans domicile que lui impose la loi et la mise en place d’un véritable service public de l’hébergement.

( Les crédits publics consacrés à l’hébergement sont d’environ 1,5 milliard d’euros, selon la Cour des comptes. )

Dans un communiqué, le secrétaire d’État au logement Benoist Apparu et sa ministre de tutelle Nathalie Kosciusko-Morizet disent « partager » certains constats de la cour.

« Le gouvernement s’appuiera sur les recommandations de la cour l’encourageant à aller plus vite et plus loin, notamment  »le développement de l’inter médiation locative » ou  »la participation des usagers à la définition des mesures les concernant.

En revanche, ils ne partagent pas la recommandation d’augmenter encore les capacités d’hébergement en zones tendues, en arguant qu’il est possible de délimiter la demande par la prévention et de mieux y répondre par l’accélération des sorties vers le logement.

La réponse à l’augmentation de la demande ne peut pas résider dans une croissance continue de l’offre, concluent les deux membres du gouvernement ».

31 janvier 2012 vague de froid sur la France ( bulletin initial)

Un vaste blocage d’altitude s’étire du Royaume-Uni à la Russie. Drainant vers l’Europe des masses d’air Sibériennes, engendrant à partir de mercredi, une nette baisse des températures au cours de la journée.

Samedi la température atteindra les -20°C des Vosges au Massif-Central, ce qui est extrêmement rare.
De très fortes gelées (-10 à -15°C, -20°C localement dans le nord-est) généralisées et des températures maximales extrêmement basses (inférieures à -5°C ou même peut être -8°C) de l’Alsace aux Pyrénées, accompagnées de bonnes rafales de vent rendront le froid encore plus mordant.

03 février 2012 Le Ministre Benoist APPARU demande aux préfets d’organiser l’ouverture 24h/24h des hébergements tous les jours de la semaine.

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A longueur d’année, plusieurs années d’affilée jusqu’à ce que mort s’ensuive, je vois dans les rues, des êtres dont la vie a déraillé, faisant basculer leur destin vers l’horreur. Qu’il pleuve, vente, fasse chaud ou froid, ils errent traînant, ou portant sur le dos, les quelques maigres possessions auxquelles ils se raccrochent ; presque sans âge ( d’ailleurs connaissent-ils encore leur age, leur identité?) usés, fatigués, le regard fuyant parfois, ils quémandent trois sous. Puis ne sachant plus faire autrement, ils recherchent une maigre consolation dans la bouteille.

Les voyant, les » braves gens » se gaussent d’eux, croyant naïvement y échapper parce qu’eus suivent les rails ( jetez-un œil du coté de la Grèce  »braves gens », regardez ce peuple fier, mis à genoux par les diktats de la finance…). Un  »accident » est vite arrivé…surtout de nos jours, ou les filets de protection que sont la famille, les relations, le travail, l’État disparaissent…Un petit grain de sable…la machine s’emballe…et c’est la rue.

J’enrage !

Que vienne le grand froid, et l’attention de  »l’opinion » se focalise sur eux !

Être dehors de l’aube au coucher du soleil, serait-il plus agréable quand il fait doux ?

Ne pas avoir de point de chute pour s’y ressourcer et rebondir, ne serait pas grave quand il fait chaud ?

N’avoir plus de relations avec ses pairs, au point d’en oublier les us et coutumes, ne serait rien lorsque la température monte ?

J’enrage !

Lorsque longeant la gare de marchandises ( c’est un exemple, beaucoup d’autres lieux sont peut-être exploitables), sur une voie de garage, abandonnés, des wagons se dégradent lentement mais sûrement. Inutilisés depuis longtemps, cassés, parfois tagués, au pire brûlés. Dans d’autres gares, je suppose, cela doit être pareil…Pourquoi ne pas les réhabiliter pour l’accueil des sans domiciles ?

J’enrage !

Les blessés de la vie d’autrefois, en pays rural, arrivaient à trouver le gîte, qui une étable, qui une écurie ou remise. Parfois aussi, le couvert contre menus services, ou parce la coutume dictait d’apaiser à minima la faim et la soif de son prochain. Au pire, ne trouvant pas d’âme charitable, ils glanaient à l’orée des champs cultivés pour se substanter. Ce n’était certes pas le paradis, mais est-ce mieux aujourd’hui ?

J’enrage !

Des le 31 janvier 2012, par ordonnance préfectorale, les établissements scolaire et autoroutes fermèrent. De même, furent interdit de circulation les transports en commun. Les Sans Logis durent attendre le 3 février, pour que le Secrétaire d’État décide – selon ce que dicte la logique et le bon sens- l’ouverture des lieux d’accueils 24h/24.

J’enrage de mon impuissance face au flux croissant de l’exclusion…  !


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